À la défense du copier-coller

SaakCopy76.jpgC’est en copiant qu’on invente. (Paul Valéry)

À l’instar de Francis Pisani, « je suis pour le “copier-coller” honni des professeurs. » Les saintes-nitouches du plagiat, après avoir brandi devant les élèves le glaive de la moralité, n’hésitent pas à chaparder du matériel et à le reproduire au photocopieur. Les raisons évoquées par les professeurs ne sont souvent guère différentes de celles qui motivent les élèves. La propriété intellectuelle, de toute façon, est aujourd’hui un concept chancelant.

Le mot est l’expression la plus simple du copier-coller. Notre pensée jaillit principalement de l’oeuvre de nos prédécesseurs. Une idée, aussi originale soit-elle, ne sera toujours que le réaménagement de concepts existants dans la synthèse d’un nouveau sens. Si nous pouvons nous arroger le mérite de ce dernier, nous ne pouvons guère réclamer la propriété des premiers. Un auteur est toujours redevable à l’humanité.

La communication orale, antérieure à la communication écrite, ne s’est jamais souciée de plagiat. Même qu’elle en dépendait, la mémoire constituant l’essentielle audiothèque de transmission de la connaissance. Ce rapport naturel au savoir se poursuit à ce jour. Le plagiat est né pratiquement de la littérature, dès lors qu’on a commencé à vivre de l’écriture. La propriété intellectuelle, quant à elle, est née du commerce, à l’enseigne duquel loge l’édition.

Les défis de ce monde appellent un traitement de l’information qui repose sur la complexité des idées au-delà du simple concept des mots. Jouer avec les mots était autrefois un désoeuvrement pour les riches; c’est aujourd’hui le gagne-pain des artistes. Quant à la majorité, elle a d’abord besoin de manipuler des blocs d’idées dans la compréhension, puis la construction de l’édifice d’une vie. Si le métier d’élève consiste d’abord et avant tout à bâtir un édifice unique, on ne saurait exiger de lui qu’il forge tous ses matériaux. En cultivant, par ailleurs, son penchant naturel à la beauté, on verra indirectement au développement du mot.

L’esprit traite les concepts et les idées avant les mots. Le traitement de modules conceptuels, dans un but de synthèse, est également une stratégie d’apprentissage qui n’est pas sans rappeler la programmation par objet. D’un point de vue plus artistique, on préférera la comparaison au mashup. Mais l’un des plus exemples les plus probants de cette technique nous est donné chaque semaine, sur le blogue du RAEQ, par Amine Tehami qui assemble des coupures diverses dans des collages argumentatifs très convaincants.

Ainsi, je ne retiens même pas les conditions émises par Pisani et reprises par Florence Meichel. Malgré leur bien-fondé, elles peuvent contraindre l’apprentissage; comme dit la chanson, Another Brick in the Wall. Je ne condamne pas le moyen, mais plutôt la paresse et l’attitude de ceux qui esquivent le travail. Pour le reste, c’est une question de degrés, dans l’espoir que le professeur n’appartienne pas à cette catégorie qui diabolise les élèves.

Le copier-coller fera l’objet d’un des ateliers du camp d’été pour former les enseignants à la lecture numérique. Lors d’une rencontre préparatoire, j’ai été ravi de constater l’ouverture d’esprit des participants sur le sujet. L’idée fait son chemin.

Ne faisons pas l’autruche en niant l’efficacité du copier-coller. Je l’utilise à profusion et mes élèves aussi, à la différence que je cite mes sources. Cette intégrité intellectuelle requiert une certaine maturité, trop sans doute pour des jeunes habitués au piratage de la musique, pressés d’activités, ou désintéressés de la tâche. Mais cela viendra bien, en laissant l’éducation faire son oeuvre.

Malgré que je m’évertue à leur montrer, mes élèves négligent les citations. Je m’y prends mal, sans doute. Aussi ai-je quelques idées dans mon sac pour l’année prochaine, notamment d’inclure des citations dans les documents à leur intention; et je compte en demander dans tout travail d’envergure. Je veux surtout éviter d’en faire des experts du remaniement de mots pour déjouer les moteurs de recherche.

Mise à jour, 12 juin 2008 | En accord avec Florence Meichel qui affirme qu’il faut voir au-delà de la légitimité du copier-coller, Bruno Devauchelle avait déjà soulevé la commodité de la citation, un excellent billet qui m’avait échappé (Veille et Analyse TICE : Quand citer ses sources ne suffit pas).

[...] se contenter de mettre un renvoi à un livre voire au nom de l’auteur lorsqu’on veut y faire référence, ne permet pas de juger la pertinence de ce lien, c’est même parfois simplement un acte d’allégeance. De même l’extraction de phrases sorties de leurs contexte, accompagnées de la référence ne suffit pas. Citer un auteur, citer un texte, c’est d’abord intégrer une pensée “autre” dans sa “démarche de pensée”. Cela suppose donc un travail important sur ce qui amène à “utiliser” l’autre dans son propre travail. Le risque serait, si l’on est pas vigilant, d’utiliser ce fameux copier coller de la référence de la source sans se préoccuper de ce à quoi elle renvoie réellement, ou d’extraire sans discernement des passages et de citer la source sans respecter le contexte d’élaboration de ce passage.

Mise à jour, 19 juin 2008 | Même les scientifiques, pourtant parmi les plus scolarisés, s’adonnent au plagiat et à la tricherie. Une enquête publiée dans la revue Nature révèle en effet que près d’un chercheur sur dix a été témoin de gestes condamnables de la part d’un confrère (Cyberpresse : Plagiat, falsification de données : les scientifiques trichent aussi).

Mise à jour, 06 septembre 2008 | Patrick Flouriot cite ce billet et apporte sa propre réflexion, plus nuancée que la mienne (Enfants 2.0 : Encouragez vos enfants au copier-coller).

Mise à jour, 23 mars 2009 | Selon un expert sur le problème du plagiat à en éducation, la principale cause du phénomène ne serait pas le désir de tricher, mais plutôt la méconnaissance de ce qu’est le plagiat (EurekAlert! : Confusion, not cheating, major factor in plagiarism among some students).

Mise à jour, 11 avril 2009 | Claireandrée Chauchy signe dans Le Devoir une série d’articles sur le plagiat scolaire, principalement au collégial. Malheureusement, les idées exprimées reflètent une conception traditionnelle du phénomène, sans égard à la notion d’œuvre dérivé :

Mise à jour, 18 juin 2010 | Dans deux excellents billets, Russell A. Hunt, professeur d’anglais à l’Université St-Thomas, se porte à la défense du plagiat :

Les quatre raisons évoquées dans ce deuxième article sont les suivantes :

    1. L’environnement autour de la rhétorique institutionnelle est déstabilisé par le plagiat, ce qui est une bonne chose.
    2. Les structures institutionnelles se rapportant à l’évaluation et à la certification sont attaquées par le plagiat, ce qui est aussi une bonne chose.
    3. Le modèle de connaissance généralement accepté par les étudiants et les professeurs, soit la présomption que la connaissance est un cumul d’information et que les habiletés sont des facultés isolées et asociales, est assailli par le phénomène du plagiat, ce qui est souhaitable.
    4. Les forces ci-dessus obligent à amener les élèves à apprendre comment fonctionne réellement la dynamique intellectuelle de la recherche et de l’université.

Mise à jour, 24 octobre 2010 | Il est rafraîchissant de voir des professeurs d’université porter un regard anticonformiste sur le copier-coller. C’est le cas dans d’un article de Nicole Boubée de l’Université de Toulouse (@Sic : Le rôle des copiés-collés dans l’activité de recherche d’information des élèves du secondaire; PDF) dont le résumé vaut d’être cité : « La pratique du copier-coller dans les activités de recherche d’information d’élèves du secondaire reste généralement étudiée à partir des thèmes de la prise de notes ou du plagiat. Nous l’abordons différemment en questionnant son rôle dans le processus informationnel. A partir d’observations directes et d’entretiens d’autoconfrontation croisée auprès de collégiens et de lycéens, nous décrivons les caractéristiques formelles et conceptuelles de cette collecte d’extraits de documents primaires ainsi que les fonctions attribuées aux copiés-collés par les jeunes chercheurs d’information. Le processus de recherche d’information est scandé par les collectes. L’élaboration du document de collecte présente des traits communs, empilement et mise en page différée. Le contenu de ce document est régulièrement consulté dans le cours de l’activité. Après un copié-collé, les requêtes peuvent contenir un nouveau concept. Les élèves fournissent une dizaine de motifs explicitant leurs copiés-collés. Ceux-ci serviraient à définir le besoin d’information et à contrôler l’activité. Il conviendrait de ne pas les interdire lors des activités informationnelles. »


(Image thématique : Copy No. 76, 2000, par Eric Saak)


Par ricochet :
Responsabilité éthique collective
Étude : les garçons plus sujets au plagiat
Creative Commons pour contrer le plagiat à l’école
Le plagiat : quand l’école ne fait pas son boulot
Le commerce des travaux universitaires
Des élèves contestent un contrôle anti-plagiat obligatoire
Éthique, TIC et tricherie

Brain Rules : l'école désassortie au cerveau

ArnoldiBrainFreeze.jpgJ’aime trouver dans un livre de notes l’unité de l’esprit et le désordre d’un cerveau. (Jean Rostand)

Au sein des croyances, des valeurs, des conventions et des superstitions, la tradition véhicule un bagage de savoirs accumulés,. Cette science collective évolue au rythme du mème, d’où la difficulté pour l’éducation de suivre la science, particulièrement quand les politiciens donnent dans la démagogie. Et pourtant, la science de l’apprentissage progresse à fond de train. En faisant la promotion de son livre Brain Rules (site Web), John Medina ne manque pas d’écorcher l’école, une proie toute désignée considérant que les fauves s’attaquent aux plus cacochymes.

(suite…)

Doit-on aussi réformer le calendrier scolaire?

CodyCalendarYellowRibbon.jpgTenez, dit l’avare : voici un calendrier neuf, et qu’il vous fasse toute l’année!
(Jules Renard)

Le calendrier scolaire, avec ses vacances d’été, est issu d’une longue tradition. Des impératifs budgétaires surtout ont contraint certains gestionnaires à essayer de nouvelles formules, notamment en gardant les écoles ouvertes toute l’année (voir year-round school), mais avec plus ou moins de succès (Ohio State University : Year-round schools don’t boost learning, study finds). Une nouvelle approche est proposée par l’Institute for Public Policy Research (Royaume-Uni) afin d’accroître la réussite éducative, principalement dans les milieux moins nantis (IPPR : Schools must broaden focus to improve results and boost pupil well-being).

L’étude recommande de réduire les vacances d’été à un mois, puis de diviser l’année scolaire en cinq sessions de huit semaines entrecoupées de deux semaines de congé. Le raccourcissement des vacances favoriserait le maintien des acquis scolaires et le désoeuvrement dans les quartiers plus démunis (BBC : Long school holidays ‘should end’).

La BBC présente deux reportages vidéo sur l’étude, d’abord ce résumé du ramaniement du calendrier, puis cette entrevue avec son auteur, Sonia Sodha.

Quoique je trouve la proposition très intéressante dans le cadre de la structure actuelle, il est difficile de ne pas railler un système qui doit recourir à de tels expédients pour préserver des savoirs qui se volatilisent après deux mois d’inactivité. Y en a-t-il un seul parmi nous qui peut prétendre s’asseoir devant un examen de fin de secondaire qui ne soit pas de sa spécialité, avec la certitude de ne pas échouer?

La notion de calendrier est si ancrée dans notre quotidien qu’on ne s’interroge même plus sur son sens. De division du temps qu’il était, on en a fait un instrument d’asservissement de la condition humaine, notamment dans un but de productivité sociale. Mais comment diable allons-nous faire progresser la condition humaine si on ne remet pas constamment en question les choses qui nous gouvernent?


(Image thématique : Calendar with Yellow Ribbon, par Gary Cody)


Par ricochet :
Parties de la réforme laissées en friche
La réforme a plus de 90 ans

Facebook : vol d'identité d'un professeur

BellIDTheft.jpgPour être confirmé dans mon identité, je dépends entièrement des autres.
(Hannah Arendt)

Voici une autre utilisation du Web dont les enseignants doivent se méfier : l’usurpation d’identité. Un élève de Brandon, au Manitoba, fera face à la justice pour avoir créé un compte Facebook au nom d’un professeur et avoir joué à l’imposteur pendant quelques jours (Winnipeg Sun : Posed as teacher?; article hors ligne). Abstraction faite de ma méfiance pour les réseaux fermés et propriétaires comme Facebook, il s’agit d’un cas isolé. D’ores et déjà, il existe trop de moyens légitimes susceptibles de malfaisance pour tous les superviser; et il s’en ajoute sans cesse. Les professeurs feront mieux pour se prémunir des facéties des jeunes en gagnant leur respect par la pédagogie que par la fortification.

George Siemens, en commentant la nouvelle, émet une opinion intéressante : un éducateur qui ne participe pas aux discussions dans les réseaux sociaux en ligne n’existe pratiquement pas. Selon lui, ne pas se doter d’une identité virtuelle équivaut à risquer l’usurpation de son identité.

When dealing with educators, I often mention that if they are not involved in networked conversation, their voice essentially doesn’t exist [...]. Well, in reality, if you’re not online, it’s not only that you don’t exist. Instead, the challenge arises that others may form your identity for you.

Pour se dérider un peu, j’ajoute deux vidéos que la mère d’une élève m’envoie :


Mise à jour, 17 mai 2008 | Dans un incident similaire, un tribunal américain ordonne à Facebook de révéler l’identité d’un membre qui a emprunté l’identité d’un directeur d’école (Ars Technica : Facebook ordered to out kids behind principal’s fake profile).


(Image thématique : ID Theft, par Roger Brady Bell)


Par ricochet :
Le partage de son quotidien sur la Toile

Les professeurs peuvent-ils s’éclater hors de l’école?
Double identité : l’avenir de notre réputation
Cochons d’Inde
Gare à l’usurpation d’identité

Étude : les exemples concrets en math moins efficaces

Weiss24.jpgLa science de la réalité ne se contente plus du comment phénoménologique; elle cherche le pourquoi mathématique. (Gaston Bachelard)

Une étude jette un doute important sur la croyance fort répandue en mathématiques, semble-t-il, selon laquelle la représentation de situations concrètes favorise l’apprentissage (EurekAlert! Concrete examples don’t help students learn math, study finds; New York Times : Study Suggests Math Teachers Scrap Balls and Slices). Selon des chercheurs du Center for Cognitive Science (Université Ohio State), le recours au concret nuit à la transférabilité des savoirs, une qualité mieux servie par l’abstraction.

    NYTKaminskiSmall.jpg
    (cliquez sur l’illustration pour un agrandissement)

L’étude a été menée auprès d’étudiants d’âge collégial, de sorte qu’on ignore si le phénomène vaut aussi pour le secondaire ou le primaire. Des pédagogues des mathématiques, tel que Gilles, sauront mieux que moi trancher cette question. Néanmoins, j’ose une hypothèse de réponse.

Les notions se construisent généralement du simple au complexe, de même que des savoirs antérieurs aux savoirs périphériques. Par conséquent, on gagnera à faire évoluer l’élève du concret à l’abstrait, dans la mesure où l’abstraction est à sa portée. De plus, on peut supposer que les exemples concrets conviennent davantage aux mathématiques de base et les symboles aux mathématiques plus avancées.

Gardons cependant à l’esprit que l’élève, dans son être, doit battre son propre sentier, plus ou moins accidenté et semé d’imprévus. En outre, son aptitude à jongler avec des abstractions mathématiques varie en fonction de sa nature. Le devoir du pédagogue consiste donc à ne pas lui imposer, mais à s’éclairer, des formules de la science.


(Image thématique : 24, par Jan Weiss)


Par ricochet :
Origami, art et mathématiques
Certaines habiletés mathématiques seraient innées
Ressources interactives en math en fonction de l’âge
Stimuler la pensée mathématique
Mathcasts : un wiki de screencasts mathématiques
Merveilles d’imagerie mathématique
Illustrer les maths avec Flickr / partager pour apprendre
Mathématiques occidentales vs asiatiques
Partenariat école-université profitable aux math et sciences
Les math comme indicateur de réussite en sciences
Simplifier l’enseignement des mathématiques?

Contrer l'intimidation dans les écoles

BrownBullyNeighborhood.jpgLe dialogue paraît en lui-même constituer une renonciation à l’agressivité. (Jacques Lacan)

La cyberintimidation est un sujet chaud. Chaque fois qu’il tombe sous les projecteurs, les médias s’en emparent. À juste titre, car on ne badine pas avec la violence. Le sondage (PDF) de la CSQ et le communiqué dénonçant la négligence du gouvernement dans le dossier de la cyberintimidation défraient la chronique. Avant-hier, Mario a soudainement été assailli par les journalistes (Mario tout de go : Ce qu’un communiqué peut provoquer dans une fin de journée). Hier matin, c’était mon tour d’être interviewé. La presse écrite était aussi de la farandole.

Inutile de revenir sur les ressources pour contrer la cyberintimidation. Il faut d’abord comprendre la culture Internet et tous les risques encourus, un sujet dont Mario a récemment dressé un excellent bilan. Sur la question plus spécifique de l’intimidation en ligne, cela a déjà été abordé. Une recherche sur la Toile procurera une tapée de ressources additionnelles.

Je préfère m’attarder aux demandes formulées par la CSQ dans son communiqué. D’abord, il faut féliciter la CSQ de ce tapage pour dénoncer la violence à l’école et pour réclamer que le plan d’action annoncé inclue la cyberintimidation. Mais l’aberration saute immédiatement aux yeux : les écoles doivent-elles attendre un plan d’action de l’État pour agir? Dans cette structure hiérarchique qu’est la nôtre, nous tendons à refiler les difficultés aux instances supérieures, fort loin, par ailleurs, de la particularité des faits. L’évidence s’en trouve dans la lourdeur des mesures imposées.

La CSQ recommande (1) que « les établissements d’enseignement se donnent des règles claires et qu’elles soient mises en application » et (2) qu’ils « se dotent d’un plan d’intervention comprenant de la sensibilisation et de l’éducation contre la violence à l’école. » Très bien. Il semble en effet que les interventions concertées sont plus efficaces dans la lutte à l’intimidation (EurekAlert! : Bullying can be reduced but many common approaches ineffective). Mon expérience, toutefois, me fait craindre que les écoles n’accordent la préséance à la première recommandation, au détriment de la seconde. Pour plusieurs administrateurs et enseignants, la coercition tient lieu d’éducation.

L’approche éducative est certes plus profitable à long terme. Un bel exemple nous en est donné par ce reportage de la BBC : Mentoring scheme beats bullies. Au PEI de l’école De Rochebelle, heureusement, nous avons su intervenir tôt et dans la coopération. Voici quelques-unes des actions que nous avons posées pour contrer la cyberintimidation :

    - demande de témoignages anonymes auprès des élèves
    - discussions en classe
    - invitation à bloguer sur le sujet
    - présentation de vidéos
    - intervention de la direction
    - conférences données par la policière-éducatrice
    - conférences et ateliers présentés par Jeunesse, J’écoute
    - affichage pour dénoncer l’intimidation

Enfin, je profite de l’occasion pour mettre en garde, une fois de plus, contre les périls des mesures coercitives. On connaît l’engouement des Britanniques pour la surveillance vidéo. Or, voilà qu’on songe maintenant à installer des caméras de surveillance dans les salles d’examen pour contrer la tricherie (BBC : CCTV could be used in exam rooms). Hormis le caractère abusif, onéreux et inefficace de ce genre de mesure, il faut envisager les répercussions sur une société et les excès auxquels les autorités peuvent se prêter (BBC : Council admits spying on family).


(Image thématique : The Bully of the Neighborhood, par John George Brown)


Par ricochet :

L’intimidation et les blogs
Un blog thématique sur l’intimidation
Étude sur les causes de l’intimidation
Les cicatrices de l’intimidation
Ressources contre l’intimidation en ligne
L’école : un milieu violent
Étude: comment contrer le bullying
Le Web des cons : insultes et menaces de mort
La technologie de la violence
Le tiers des ados en ligne victimes de cyberbullying
Les blogues scolaires pour combattre l’intimidation

Des jeunes qui prennent des risques dans le cyberespace (Mario tout de go)
Ce qu’un communiqué peut provoquer dans une fin de journée (Mario tout de go)

Anki : la mémorisation par répétition espacée

RenselarMomoryLeaves.jpgCelui qui a une bonne mémoire a plus de facilités pour oublier beaucoup de choses. (Stanislaw Jerzy Lec)

La répétition espacée est une technique de mémorisation qui repose sur la courbe de l’oubli en augmentant l’intervalle entre les rappels de l’information à apprendre. Anki améliore l’usage des cartes mémoires par recours à ce principe. Le screencast d’introduction de cette application multiplateformes en illustre assez bien l’utilité. Sans pour autant préconiser la surconsommation de connaissances, il n’en demeure pas moins qu’il y a des occasions où leur mémorisation est nécessaire à la célérité, voire à l’exécution d’une tâche.

    AnkiForgettingCurve.jpg

Je jongle avec l’idée d’ajouter à mes cours une courte période de 5 minutes de répétition espacée des notions vues en classe. C’est, il me semble, une stratégie qui mérite expérimentation, soit à l’aide d’Anki ou d’un autre moyen.

Mise à jour, 08 août 2009 | Mettant à profit la recherche sur les effets de l’espacement et de l’évaluation, le site SpacedEd propose une série de cours et de formations qui ne prennent que trois minutes par jour. On peut aussi y créer ses propres cours.


(Image thématique : The Memory of Leaves, par Van Renselar)


Par ricochet :
Répertoire de cartes-mémoires
Techniques de mémorisation
6 qualités des connaissances mémorisées
Outils d’évaluation en ligne : objectif connaissances
La courbe de l’oubli
Améliorer la mémoire par le geste
Étude : la répétition à outrance n’aide pas la mémoire
Un élève sur dix a des problèmes de mémoire de travail

Teachermate : un portatif de poche pour 50 $

LazzarraDeepPocketInvestors.jpgOn peut en savoir plus sur quelqu’un en une heure de jeu qu’en une année de conversation. (Platon)

Les bonnes idées, comme un caillou dans la marre, ont un effet de vague. Dans le sillage de l’OLPC, un autre organisme lance un ordinateur de poche à très faible coût pour le primaire (eSchool News : Low-cost handheld targets elementary students). Le TeacherMate cherche clairement à tirer profit de l’engouement des enfants pour les jeux vidéo. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, considérant l’importance d’exploiter les connaissances et les habilités antérieures, de même que la reconnaissance grandissante des avantages des jeux vidéo à des fins d’apprentissage. Pour seulement 50 $, soit le coût de certains manuels ou jeux vidéo, le TeacherMate n’est qu’une autre indication que les outils d’apprentissage dans dix ans seront méconnaissables.

Quant aux enseignants, je n’en sais trop rien. Ils s’entêtent.

    Teachermate.jpg

Mise à jour, 13 juin 2009 | Le TeacherMate continue de croître en popularité, s’il faut en croire ce reportage du Christian Science Monitor : TeacherMate: This classroom tool only looks like a toy.


(Image thématique : Deep Pocket Investors, par Richard Lazzara)


Par ricochet :
Présentations du XO (ordinateur à 100 $)
Des ordinateurs peu coûteux pour les écoles
Mon premier billet sur le XO
Apprendre avec un iPod
Les jeux vidéo appliqués à l’éducation
Étude : quelques effets des jeux vidéo sur l’éducation
Les jeux vidéos en éducation se font crédibles

Séparation des garçons et des filles à l’école

BarnhurstSeperate.jpgSe séparer, ce n’est pas quitter quelqu’un, c’est se quitter tous les deux. (Sacha Guitry)

Je traîne aujourd’hui le mauvais souvenir de mon adolescence dilapidée dans un collège de garçons. Le sport m’a sauvé de l’enseignement aride des religieux, mais cela ne remplaçait pas tout à fait la diversité féminine. J’ai donc un préjugé favorable pour la mixité dans le débat sur la séparation des garçons et des filles dans les écoles. L’obsession pour les résultats scolaires nous distrait de l’interaction humaine. Ce qui n’empêche pas certains psychologues, comme Leonard Sax, de faire croisade pour un retour à la démarcation (New York Times : Teaching Boys and Girls Separately). Puisque la nostalgie est toujours d’actualité, je crois utile de mettre en ligne une compilation d’articles sur le sujet, même s’il ne s’est pas encore emparé du Québec.

• Revue française de pédagogie (2010) : La mixité scolaire, une thématique (encore) d’actualité? (PDF). Dans ce numéro consacré à la thématique de la mixité à l’école, nous sommes parties des textes émanant des conférenciers qui sont intervenus lors de cette conférence, ainsi que, dans une partie « contrepoints », des textes émanant de membres du jury. Toutes ces contributions témoignent de l’intérêt d’explorer les processus par lesquels le contexte mixte des classes est susceptible d’affecter la réus- site, l’orientation des élèves et plus globalement leur expérience scolaire quotidienne.

• Institut national de recherche pédagogique (2008) : Genre et éducation. La recherche a beaucoup attendu avant de s’intéresser aux inégalités sexuées. Mais désormais, on essaie de comprendre comment et pourquoi les garçons et les filles sont traités différemment. Et de nombreuses recherches scientifiques font état de l’impact du genre en éducation et revisitent l’éducation sous l’angle du genre.

• Sisyphe (2004) : La mixité scolaire n’a pas d’effet sur la motivation. Lorsqu’un effet lié à la non-mixité est observé, il est si faible qu’il ne met pas en cause la mixité scolaire, soutient Roch Chouinard, professeur au Département de psychopédagogie et d’andragogie. Le professeur a effectué l’une des seules études longitudinales jamais menées sur le sujet au Québec en prenant comme élément d’observation la motivation des filles.

• Le Soleil (2007) : Non-mixité à l’école: la classe des coureurs des bois (RTF). Les écoles publiques qui ont essayé les classes non mixtes ont pour la plupart cessé l’expérience. Parce que les circonstances avaient changé, mais aussi parce que les résultats n’étaient pas assez concluants.

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• Associated Press (2012) : Chicopee School Ends All-Girls Math Class. A Chicopee school is ending a three-year experiment with an all-girls math class after finding no evidence that it improved the students’ academic performance.

• Education Week (2012) : Scholars Say Pupils Gain Social Skills in Coed Classes. Generally, boys and girls become more polarized through their first years in school. Now, researchers have started to explore how to span that sex divide and are finding that more-equitable coed classrooms can have social and academic benefits for boys and girls alike.

• Carrefour éducation (2011) : Le programme « Garçons branchés » porte fruit. Après trois ans d’existence, le programme « Garçons branchés », de l’école secondaire Monseigneur-Richard, dans l’arrondissement Verdun, qui vise à prévenir le décrochage scolaire chez les garçons, connaît un grand succès. Sa recette = pas de filles + de la techno!

• EurekAlert! (2011) : History shows that all-boy classrooms might actually benefit girls. In recent years, the apparent decline in boys’ academic success rates has troubled politicians, researchers, and educators. It has been described as an educational crisis and a failure of the traditional school setting. The decline has spurred scores of potential solutions to the problem, including the adoption of same-sex classrooms as a way to better address boys’ educational needs. New research that will be presented at the 2011 Congress of the Humanities and Social Sciences in Fredericton, New Brunswick, indicates that the picture might not be so simple.

• Revue française de pédagogie (2010) : single-sex education: What does Research Tell us? (PDF). There has been considerable research and policy debate internationally about whether single-sex schooling yields academic and social advantages for girls and/or boys. This article outlines some of the findings from research on single-sex education conducted in English-speaking countries. In particular, it looks at research on the impact of single-sex schooling on academic achievement, subject take-up, personal and social development, and adult outcomes. In doing so, it attempts to provide a critical perspective on some of the key issues involved in comparing the two settings.

• Tel Aviv University (2008) : Keep Boys and Girls Together, TAU Research Suggests. Boys and girls may learn differently, but American parents should think twice before moving their children to sex-segregated schools. A new Tel Aviv University study has found that girls improve boys’ grades markedly at school.

• Globe and Mail (2007) : The boys are all right. Boasting smaller class sizes, lower dropout rates and a higher rate of graduates moving on to university compared with public schools, boys’ schools remain entrenched in tradition, emphasizing academic and athletic excellence.

• Globe and Mail (2007) : Where the boys aren’t. In contrast to some all-boys schools that have gone co-ed in the past, especially in their secondary component, all-girls private schools remain steadfastly popular, with no decline in sight.

• New York Times (2008) : Teaching Boys and Girls Separately. In part because of [...] a mix of cultural and technological forces — ranging from the growth of brain-scan research to the increased academic pressures on kindergarteners and a chronic achievement gap between richer and poorer students and between white and minority students — new single-sex public schools and classrooms are opening at an accelerating pace.

• The Orlando Sentinel (2006) : Separated for Success (RTF). The U.S. Department of Education and education reformers are willing to gamble that single-gender schools and classrooms will help solve what ails the nation’s 15,000 districts.

• The Star Bulletin (2006) : Boys will be boys: A case for single-gender education. Boys simply don’t learn the same way girls do, so why do we try to force them to?

• The Star-Telegram : Boys on the Side (RTF). A Dallas girls school – like other single-sex schools – explores different learning styles.

• The Christian Science Monitor (2004) : Separating the Sexes: A New Direction for Public Education?. In the past decade, single-sex schools have surged in popularity. Today, there are 25 same-sex public schools in the nation, almost all formed after 1996 [...]. Another 72 schools offer single-sex classes.

• Milwaukee Journal Sentinel (2006) : Single-sex classrooms, controversy grow. The growth in the number of single-sex educational offerings in recent years has been fueled by parents, politics and, most recently, growing publicity on the struggles of boys in classrooms.Single-sex education seems to make no difference to students’ achievements, a review of available research concludes.

• BBC (2006) : Single-sex schooling ‘irrelevant’. Single-sex education seems to make no difference to students’ achievements, a review of available research concludes.

• Washington Post (2006) : Schools May Offer More Single-Sex Classes Under New U.S. Regulations. New federal regulations [...] give school systems around the nation more flexibility in offering single-sex public education, even though the Department of Education concluded a year ago that there was not enough evidence to definitively evaluate single-sex classes.

• Daily Mail (2008) : Boys need to be taught separately from the age of five, says expert. Boys need to be taught separately from girls from the age of five to prevent them being damaged by the education system, an expert claimed yesterday. Dr Leonard Sax argues that boys are « turned off » by starting formal education too soon when they are expected to sit down and keep quiet in class.

• Newsweek (2005) : Boy Brains, Girl Brains: Are Separate Classrooms the Best Way to Teach Kids?. Jeff Gray is part of a new crop of educators with a radical idea–that boys and girls are so biologically different they need to be separated into single-sex classes and taught in different ways. In the last five years, brain researchers using sophisticated MRI and PET technology have gathered new information about the ways male and female brains develop and process information.

• Globe and Mail (2005) : Subtracting distraction from the equation (RTF). Perdita Rambihar was most impressed when her youngest daughter, a petite girl, choose to play soccer on a community team with teenaged boys who towered over her. « She wasn’t intimated. She didn’t back down. »

• Globe and Mail (2006) : Same-sex teaching boon for pupils, principal says (RTF). Grade 7 boys and girls appear to do better in elementary school if they’re separated by gender, an elementary school principal says.

• Globe and Mail (2006) : Boys and girls at B.C. school are in a class by themselves (RTF). In one classroom, Grade 7 students cover their desks with shaving cream and use their fingers to spell out words dictated by their teacher. Down the hallway, a group of enthusiastic pupils shoot up their hands to solve math problems. What’s unusual about these two classes is that the spellers are all boys and the budding mathematicians, bold and not afraid to speak up, are girls.

• Globe and Mail (2006) : An all-girls confidence builder (RTF). All-girls schools appeal to students and their parents, some educators say, because they arm female students with a can-do attitude, a sense of empowerment, and the freedom to focus on their studies without distractions.

Mise à jour, 25 septembre 2010 | Certains articles ont été ajoutés après la date originale de publication de ce billet.

Mise à jour, 15 juillet 2013 | À la demande d’Isabel, dans le commentaire daté du 15 juillet 2013, j’ai corrigé certains hyperliens rompus et ajouté quelques articles récents.


(Image thématique : Seperate, par Justin Barnhurst)


Par ricochet :
Différences de cerveau entre les sexes
L’éducation pénalise les garçons
Ségrégation garçons-filles à l’école : effet négligeable
Le sexe d’un enseignant affecte l’apprentissage
Différences entre garçons et filles (mes archives)

Un élève sur dix a des problèmes de mémoire de travail

VedderMemory.jpgQuand on n’a pas de mémoire, on se répète; quand on en a, on répète les autres.
(Albert Brie)

Après avoir examiné plus de trois mille enfants, des chercheurs de l’Université de Durham affirment que 10 % des élèves éprouvent des difficultés relativement à la mémoire de travail et, par conséquent, à l’apprentissage (EurekAlert! : Children’s under-achievement could be down to poor working memory; BBC : Memory issue ‘hits 10% of pupils’). Le problème affecte les écoliers de tout âge. Je peux attester, comme le soutiennent les chercheurs, que peu d’enseignants savent diagnostiquer un problème de mémoire de travail et que l’on a plutôt tendance à y voir un problème d’inattention ou d’inintelligence.

Les chercheurs ont conçu un test, le Working Memory Rating Scale (version logiciel), pour évaluer la capacité de la mémoire de travail (working memory; NCBI : Working memory). Évidemment, le conflit d’intérêts entre l’impartialité du chercheur et la nature commerciale du test saute aux yeux. Il faut espérer que la communauté scientifique passe ladite recherche au crible fin.


(Image thématique : Memory, par Elihu Vedder)


Par ricochet :
Le stress occulte la mémoire
Techniques de mémorisation
TIC, méthode, et mémoire de travail chez les élèves
6 qualités des connaissances mémorisées
Améliorer la mémoire par le geste
Étude : la répétition à outrance n’aide pas la mémoire
La mémoire de travail