L'école : un milieu violent


La vague de fusillades dans les écoles nord-américaines, amplement diffusées par les médias, inquiète les autorités. La cible est à la fois facile et sensationnelle pour les désaxés. À défaut de transformer les écoles en forteresses, ce genre d’attaque peut difficilement être stoppé (Globe and Mail : Making schools safe a difficult assignment). Ce dernier article comprend d’ailleurs des statistiques étonnantes sur la violence aux États-Unis, notamment le fait que près de 15 % des crimes violents se produisent sur les lieux de l’école. Cela augure mal pour les villes comme Toronto et Montréal qui voient une résurgence des gangs de rue.

Il faut surtout éviter les mesures de contrôle (police, caméras de surveillance, cartes d’identité émettrices, etc.) qui conditionneraient les futurs citoyens à un État policier. Le contrôle se fait toujours au détriment de la liberté. C’est le côté pervers de la gestion du risque. Plutôt que d’aseptiser l’environnement de tout risque, ce qui aurait pour effet de nous affaiblir, il vaut mieux faire l’éducation aux dangers.

Cela dit, il existe une autre forme de violence, plus insidieuse et plus répandue, que l’on néglige. Je fais allusion à la discrimination et à l’intimidation (bullying) dont on trouve des victimes dans toutes les écoles. C’est un problème qu’on préfère enfermer dans un placard. On répondra que cela est la conséquence inévitable et naturelle des sociétés, à laquelle les jeunes doivent s’adapter. Sans doute, dans une certaine mesure. Mais à partir du moment où l’intimidation mène au suicide, la conséquence est aussi fatale qu’une fusillade. D’autant plus que le nombre de suicides en lien avec l’école dépasse certainement le nombre d’élèves qui périssent dans les fusillades. Cela s’est produit dans mon école, il y a quelques années, alors qu’un élève de 3e s’est enlevé la vie, désespéré d’être en proie à l’intimidation.

Par ailleurs, la lutte contre le bullying aura comme effet secondaire heureux d’endiguer les crimes violents. Il a été maintes fois démontré que les auteurs desdits crimes ont eux-mêmes été victimes d’intimidation dans leur jeunesse.

Mise à jour, 06 septembre 2008 | Un article de Louise Leduc dans La Presse fait état de statistiques intéressantes sur les causes de la violence dans les écoles québécoises (La Presse : Violence à l’école : un élève sur quatre touché).


Par ricochet :

La violence scolaire institutionnalisée

La violence à l’école

De l’agressivité des enfants québécois

Étude : le rejet affecte la réussite scolaire

Effets néfastes des médias sur les jeunes

Les armes dans les écoles et la violence chez les jeunes

Le e-learning pour échapper à la violence

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2 réponses

  • Luc Papineau dit :

    M.Guité,

    Je partage la majeure partie de votre opinion. L’éducation vaut mieux que la répression ou le contrôle policier.

    En ce qui a trait au bullying, on remarque souvent que ce sont les élèves différents (apparence physique, orientation sexuelle, pauvreté, etc.) qui sont ainsi stigmatisés. Il convient alors de miser sur l’éducation à la différence pour éviter de tels comportements agressifs qui peuvent dégénérer, chez les victimes, en des actes violents.

    J’ajouterai cependant un bémol à votre billet en précisant que, statistiquement, il est normal (si l’on peut dire) que 15% des crimes violents surviennent à l’école. C’est le milieu de vie quotidien d’une bonne partie de la population. En fait, je n’ai pas les chiffres exact à l’appui, mais la plupart des crimes violents ou sexuels surviennent à la maison. On est plus souvent attaqué par un proche qu par un inconnu.

  • Vous avez raison, Luc. L’article du Globe and Mail précise en effet que 17 % des crimes violents aux États-Unis surviennent à domicile, en faisant le lieu le plus dangereux, suivi des rues éloignées de la maison (15,2 %). L’école se situe au troisième rang (14,2 %). Avec tout l’encadrement qu’on est sensé y trouver, c’est tout de même effarant.



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