Métacognition autonome

UngarThoughts.jpgLa clarté orne les pensées profondes. (Vauvenargues)

En dépit des apparences, la métacognition n’est pas la libre activité qu’on veut bien croire. Dès l’école, on nous dit quoi apprendre, comment faire, où et quand travailler, s’échiner seul ou en équipe, ce qui est réussi ou pas, et ainsi de suite. Les habitudes s’incrustent, comme un carrousel, au point où on finit par faire les choses machinalement la vie durant. Pourtant, dans une perspective d’individualisation et de pérennité des apprentissages, il importe de développer chez l’élève l’autonomie métacognitive. La créativité découle de la liberté de pensée.

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Synthétiser les bribes virtuelles

LonvigPuzzle.jpgIl n’y a pas de synthèse : il n’y a que le discontinu.
(Jules Renard)

Pourquoi tant de brouhaha autour des réseaux sociaux, des folksonomies et du partage de l’information? Parce que, en dépit des exceptions, l’intelligence individuelle porte préjudice à la majorité de l’humanité et que son salut réside peut-être dans la mise en commun de la pensée et de l’activité plutôt que l’égocentrisme. Peut-on seulement imaginer la quantité phénoménale d’idées inavouées qui se sont volatilisées au fil du temps? Aujourd’hui, les nouvelles technologies permettent non seulement de mailler cette activité, mais aussi de la synthétiser, comme un cortex planétaire. Une démonstration s’impose.

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Argumentation par la peur

KhanFearsEncountered.jpgC’est de ta peur que j’ai peur. (William Shakespeare)

Dans ce vidéoclip, ce n’est pas tant contre le code vestimentaire que j’en ai, quoique l’idée d’obliger les élèves à rentrer la chemise dans le pantalon est loufoque, mais contre le recours à la peur pour justifier une règle (Ideas and Thoughts : Should kids tuck in their shirts?). C’est mal connaître les jeunes que de croire qu’ils se plieront à un interdit plutôt que de le contourner. Une école qui instille la frayeur pour mieux imposer des mesures de contrôle n’a rien compris de sa mission éducative; du coup, elle sème la méfiance et une culture névrotique. Où cela s’arrêtera-t-il? fouilles, caméras de surveillance, biométrie, puces électroniques, tests d’urine? Les mesures draconiennes font détester l’école; dans le pire des scénarios, un élève craque et décide de se venger.

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Moderniser l'évaluation / ‘visualiser' la pensée

JenkinsPhenomenaViolet.jpgMesure tes forces d’après tes aspirations et non tes aspirations d’après tes forces. (Adam Mickiewicz)

Si les élèves avaient une voix en éducation, la querelle des bulletins prendrait un autre air. La plupart en ont marre du stress des examens, des sermons des parents et du sentiment de dévalorisation auprès des pairs. La fixité du débat sur le bulletin, par opposition à l’évaluation formative, illustre l’obsession des gestionnaires et des parents pour la mesure quantitative. Pourtant, les stratégies d’apprentissage ne sont-elles pas un meilleur gage d’avenir que les savoirs éphémères ? Pour préparer les élèves à la future économie de la créativité, il faut rééquilibrer l’évaluation en délestant les objets de mesure au profit du sujet. Du coup, on réglera le problème du plagiat.

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Fragile grain de poussière

GockelEarth.jpgLes conquérants : Terre… Horizon… Terrorisons !
(Jacques Prévert)

Ceci est l’un des rares vidéoclips qui se prête facilement à la philosophie auprès des jeunes. En rejetant l’anthropocentrisme, il met en évidence l’immensité de l’univers et réduit la Terre à la mesure d’un grain de poussière. En dépit de cette précarité, il dénonce la bêtise de la violence humaine alors que nous devrions coopérer afin de préserver l’étincelle de vie qui, par miracle, a surgi dans le néant. C’est l’occasion de ressusciter Parménide, le premier à soulever la distinction entre la connaissance par les sens et la connaissance par la raison. Ou aborder le scepticisme, comme le suggère Roger Passman à la lumière de la conclusion du vidéoclip.

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10 différences entre le cerveau et l'ordinateur

HeadGearHighbridge.jpgLes ordinateurs sont inutiles. Ils ne savent que donner des réponses.
(Pablo Picasso)

Les exploits des ordinateurs nous émerveillent au point d’oublier qu’ils sont le produit du cerveau humain. On perd de vue qu’il s’agit de phénomènes isolés, et non l’oeuvre d’une même machine. Histoire de remettre les pendules à l’heure, Chris Chatham, un doctorant en neurosciences, décrit dix différences fondamentales entre le cerveau et un ordinateur (source : Cognitive Daily). Sans nier les avantages des ordinateurs (précision d’exécution, infatigabilité, etc.), il importe de reconnaître ce qui nous distingue. Sans doute faut-il aussi passer l’information aux élèves afin d’éviter un possible sentiment d’infériorité par rapport à la machine, surtout chez ceux qui grandissent entourés d’ordinateurs.

Il faut lire les explications de Chatham pour bien saisir toutes les subtilités qui distinguent la pensée des opérations numériques. Néanmoins, j’offre une brève traduction pour les lecteurs francophones, mais aussi au bénéfice des élèves (du moins les plus âgés).

1. Le cerveau est analogique; l’ordinateur est numérique. Les neurones ont la capacité d’émettre des signaux dans une grande variété de modalités, contrairement à la transmission binaire (“1” et “0”).

2. Le cerveau utilise une mémoire activant des liens conceptuels. L’ordinateur, par contraste, utilise une mémoire fondée sur l’activation de bytes.

3. Le cerveau est un instrument qui opère massivement en parallèle; l’ordinateur est modulaire et sériel. Les opérations cérébrales ne sont généralement pas concentrées dans une seule partie.

4. La vitesse de traitement dans le cerveau n’est pas fixe; il n’y a pas d’horloge système. Plusieurs variables déterminent la vitesse avec laquelle le cerveau traite les signaux.

5. La mémoire de travail n’est pas comme la mémoire vive. Entre autres, la mémoire de travail ne comprend que des “pointeurs” vers la mémoire à long terme, contrairement à la mémoire vive qui utilise des données analogues.

6. Aucune distinction matériel/logiciel ne s’applique au cerveau ou à l’esprit. La pensée émerge directement du cerveau et toute modification de l’esprit entraîne un changement au niveau du cerveau.

7. Les synapses sont beaucoup plus complexes que des gâchettes électroniques. Le courant électrochimique le long des neurones permet des modulations de transmission, de même que des variables de transmission dans le vide synaptique.

8. Contrairement aux ordinateurs, le traitement et la mémoire s’opèrent dans les mêmes composantes du cerveau. L’ordinateur stocke l’information dans une mémoire, mais la traite dans une autre composante appelée “processeur”.

9. Le cerveau est un organe autorégulateur. La plasticité neuronale n’a pas son pareil dans un ordinateur.

10. Le cerveau est doté d’un corps. La complémentarité du corps accroît de façon substantielle l’efficacité du cerveau.

Bonus. Le cerveau est beaucoup plus considérable que tout ordinateur (présentement). Les combinaisons d’interaction neuronale dépassent le nombre de calculs linéaires qu’un ordinateur peut réaliser.


(Image thématique : Silhouette of Head with Gears for a Brain, par Highbridge)


Par ricochet :
Cerveau multifonctionnel
Imitation neuronale
Jeff Hawkins et l’intelligence artificielle
Connecter l’ordinateur au cerveau
La lecture bombarde le cerveau
La plasticité du cerveau
Les effets de l’exercice sur le cerveau

6 qualités des connaissances mémorisées

MondrianComposition10.jpgIl est si facile de perdre la mémoire de soi-même. (Henrik Ibsen)

Ah! si seulement on savait pourquoi les connaissances s’incrustent ou s’évaporent. Dans Made to Stick: Why Some Ideas Survive and Others Die, Chip Heath, de l’université Stanford, et son frère Dan tentent de répondre à cette question qui hante les éducateurs. Clive Shepherd résume le livre en présentant les six qualités qui font que les idées qui collent à la mémoire, ainsi que les implications pour l’enseignement. Dans l’esprit du premier point énuméré, j’ai réduit le tout à un mind map (cliquez sur l’image pour un agrandissement). Par un heureux hasard, l’acronyme des mots anglais (simplicity, unexpectedness, concreteness, credibility, emotionality, stories) forment SUCCÈS.


    HeathStickKnowledgeS.jpg


(Image thématique : Composition No. 10, par Piet Mondrian)


Par ricochet :
Multitasking, mémoire et déficit d’attention
Techniques de mémorisation
10 lois de la simplicité

Les TIC et la pensée

MarianiWheelMotion.jpgDans la foulée de la conférence sur le connectivisme, cette vidéo illustre magnifiquement comment les nouvelles technologies catalysent le savoir. Intitulée The Machine Is Us/ing Us, le screencast est l’oeuvre de Michael Wesch, assistant professeur d’anthropologie culturelle à l’Université Kansas State. Comme de raison, il se propage actuellement dans la blogosphère. Alec Couros, pour sa part, souligne l’heureux mariage de contenu et de style. Du premier, je retiens les citations ci-dessous. Quant à moi, je suis séduit par l’écologie de l’information à compter du moment où elle est lâchée dans l’environnement d’une pensée globale.

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Les TIC, le hasard et la créativité

Les écrans interactifs sont une technologie émergente. Une vidéo de Jefferson Han fait un tabac depuis sa parution en février 2006. Avec l’annonce du iPhone et de ses fonctions multi-touch, cette technologie entre dans le quotidien. Christopher Sessums m’a fait découvrir un autre exemple d’expérimentation, avec des modules sonores cette fois, dont je devine que Sylvain va se délecter, lui qui est musicien (voyez également les autres vidéos de l’auteur, de même que ceux de la série Tangible Sequencer). Mais si Sessums est surtout fasciné par les implications musicales de la vidéo ci-dessous, j’ai surtout été saisi du rapport entre les nouvelles technologies, le hasard et la créativité.

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10 lois de la simplicité

Les bons designers sont de grands communicateurs. Les meilleurs expriment l’essence d’un objet dans la forme. Les nouvelles technologies de la communication, en facilitant la mise en forme, ont largement contribué à la prolifération des présentations orales. À tel point que l’art de la présentation s’est raffiné en empruntant au design certaines caractéristiques qui séduisent l’esprit. Presentation Zen attire notre attention sur The Laws of Simplicity, un livre de John Maeda dont les principes sont livrés dans un blogue. On y trouve cette jolie citation : Simplicity is about subtracting the obvious, and adding the meaningful (La simplicité, c’est supprimer l’évident et ajouter le significatif).

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