Les médias sociaux à l’école : échos de Ludovia

La pensée ne s’achève que lorsqu’elle a trouvé son expression. (Gustave Lanson)

La question de l’usage des médias sociaux dans les écoles reste d’actualité. Elle le sera encore longtemps dès lors que le système scolaire, majoritairement, continue d’en redouter les effets. Plutôt que de faire l’autruche, Ludovia cette année attaque le sujet de front en adoptant comme thème Imaginaire et promesses du numérique, avec une incartade du côté des nouveaux médias.

J’ai eu le plaisir d’animer une table ronde ayant pour thème Expression 2.0 des élèves et culture numérique à l’École et qui aborde deux questions centrales : quelle place faut-il faire à l’école pour les médias sociaux et la culture numérique ? puis comment accompagner les élèves dans un choix raisonné des outils et des usages?

Notons que les questions de départ ne font mention que des élèves. On est tenté, au premier abord, de se réjouir de cette centration sur les élèves, mais cela dissimule peut-être une volonté d’astreindre ces derniers à une ligne de conduite institutionnelle, comme on le constate trop souvent dans les politiques scolaires d’utilisation des médias sociaux. Or, on ne peut pas faire abstraction des enseignants dans l’équation des nouveaux médias à l’école, d’autant plus que c’est à cet endroit souvent que persistent les préjugés les plus tenaces, bien davantage que dans la récente évolution des directions à cet égard, si j’en juge par mon milieu et les médias spécialisés.

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BYOD / AVAN : comme à Ludovia

Préparer l’élève à l’autonomie, ce n’est pas le préparer seulement à s’adapter à ce qui est ; c’est aussi le préparer à transformer ce qui est. (Jean-Marie Frey)

Un deuxième passage à Ludovia a donné lieu à de nouvelles expériences, notamment l’enregistrement d’une une série de quatre vidéoclips enregistrés avec Jacques Cool, l’autre représentant de la francophonie canadienne. Jacques et moi reproduisons ici le deuxième texte à quatre mains de cette série, sur le thème de l’indépendance au regard des dispostiifs numériques. L’article est tiré de Ludovia.

Tout le temps de mon séjour à Ludovia, comme les autres participants, j’ai utilisé mes propres appareils mobiles. Avec d’autres outils, ma production serait restée dans l’ombre. Du coup, j’envisage difficilement ce que serait Ludovia si tous devaient n’utiliser que les ordinateurs fournis par l’organisme. C’est pourtant la règle dans plusieurs écoles.

L’accélération de l’évolution fait en sorte que les élèves ne peuvent plus continuer à dépendre des achats nationaux ou locaux. En outre, l’uniformité des ordinateurs dans les institutions scolaires sert mal les élèves, lesquels doivent apprendre à composer avec la diversité des outils numériques. La plupart des élèves, de toute façon, possèdent déjà des ordinateurs qu’ils ont personnalisés, tant sur le plan de l’environnement de travail que de la méthode, voire des compétences. L’imposition d’un appareil numérique dont l’environnement et les fonctions sont limités est perçue par les élèves non comme un moyen d’autonomisation (empowerment), mais une forme de ralentissement des possibilités (power down).

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L’apprentissage mobile : passage à Ludovia

Il faut être mobile, curieux, cosmopolite. La rigidité, autrefois pôle de stabilité, est devenue mortelle.
(Cédric Bannel)

Un deuxième passage à Ludovia a donné lieu à de nouvelles expériences, notamment la participation à une table ronde et une série de quatre vidéoclips enregistrés avec Jacques Cool, l’autre représentant de la francophonie canadienne. Jacques et moi reproduisons ici le premier texte à quatre mains de cette série, sur le thème de l’apprentissage mobile. L’article est tiré de Ludovia.

De tout temps, l’apprentissage a été mobile. Tous deux dans la nature de l’homme, voire nécessaires à sa survie, la mobilité et l’apprentissage sont intimement liés. Le cerveau est le fruit de sa capacité à interagir avec l’environnement, et par conséquent de l’aptitude à apprendre en fonction du lieu. Cela explique pourquoi le contexte s’avère un facteur si déterminant de l’apprentissage.

L’histoire du savoir tend à la mobilité, du papier à l’imprimerie, jusqu’aux réseaux numériques. Le livre — et particulièrement le livre de poche — a longtemps constitué le principal instrument de mobile learning. Après plus d’un millénaire du livre, l’évolution devait inévitablement mener à une autre révolution de l’information, à laquelle nous assistons, en temps réel, depuis l’avènement d’Internet. Le code binaire, ce nouvel alphabet, offre des possibilités insoupçonnées non seulement de communication, mais de création. À la lumière d’un bouleversement si éclatant, l’absence de dispositif mobile nous rend captifs d’un savoir que l’on peut en quelque sorte qualifier d’immobile, c’est-à-dire figé dans le lieu où il est consigné. Le papier n’a fait qu’alléger la pierre.

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De la censure à l’école

MirzaAbandonedRoomsCensorsh.jpgAujourd’hui, la censure a changé de visage. Ce n’est plus le manque qui agit mais l’abondance.
(Bernard Werber)

Internet a bousillé le filtrage social de l’information. Durant l’hégémonie du livre, les éditeurs et les bibliothèques assuraient un écrémage de l’information. Dans ce contexte, il était généralement bien vu que les bibliothèques scolaires concentrent leurs maigres ressources à colliger des livres à caractère éducatif. Ce choix arbitraire était moins une forme de censure que d’efficacité. Personne ne mettait réellement en doute l’absence de tel ou tel livre.

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L’intelligence collective maillée

EvansCounterIntelligence.jpgLa force sans l’intelligence s’effondre sous sa propre masse. (Horace)

Toute nouvelle technologie est affordance de changement, des choix qui, collectivement, alimentent la mémétique. La rapidité avec laquelle l’humanité embrasse les technologies numériques témoigne assez de leur utilité. Le progrès est désormais débridé, et l’expansion du numérique inévitable. Ce fut également le cas de l’automobile, dans une moindre mesure. Dans ces conditions, il revient à chacun d’exprimer son jugement moral. Heureusement, le numérique est porteur d’une extraordinaire dimension citoyenne. Du coup, l’usage des nouvelles technologies de la communication n’est plus une option, mais une obligation sociale.

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D’émerveillement et d’apprentissage

AldinMarvelsSea.jpgL’émerveillement, plutôt que le doute, est la source de la connaissance. (Franklin P. Adams)

Ce midi, j’ai vu un jeune garçon de dix ans ravi des animations vidéo qu’il faisait sur son portable à l’aide de Final Cut Pro. Ce soir, je lis un adolescent qui s’émerveille de son nouveau iPod Touch (Casse-tête : Mise à jour). À cet âge, je trouvais sporadiquement quelque sujet d’émerveillement dans le National Geographic ou le magazine Life auxquels mon père était abonnée. Que serais-je si j’avais disposé alors des instruments d’aujourd’hui? Et ô comme ces jeunes me supplanteront bientôt!

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Quand la technologie nous fait gagner du temps

DelaneyTimeOfYourLife.jpgLe Temps nous égare Le Temps nous étreint Le Temps nous est gare Le Temps nous est train. (Jacques Prévert)

Le temps se mesure au cadran, mais la vie au flux de l’intensité. Horloges et calendriers ne sont qu’une division bête et rationnelle de la vie, sans commune mesure avec le vécu. Du coup, le temps long écourte la vie. D’où l’importance de combler chaque seconde.

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Pas assez de contestataires en éducation

VanSelmTemperedRebel.jpgÊtre rebelle, c’est refuser l’idée que le monde est figé. (Benoît Duteurtre)

J’ai pris un bain d’étudiants aujourd’hui qui m’a décrotté de l’impersonnalité scientifique qui me colle à la peau depuis quelque temps. Car c’est au front que l’éducation se fait, en l’occurrence cette fois avec de futurs enseignants. Florian Meyer, professeur à l’Université de Montréal, m’a invité à causer avec les étudiants dans le cadre d’un cours à l’enseignement au primaire. Le sujet portait principalement sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication en éducation. Je n’ai pas vu le temps passer tant les questions des étudiants étaient franches, critiques des nouvelles idées et dans le vif du sujet.

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Mon nouveau boulot au CTREQ

ZakharovSeriousJob.jpgRelie par des rêves bien dirigés le travail du soir au travail du matin. (Jules Renard)

Il me vient soudainement à l’esprit que depuis l’annonce de mon départ de l’enseignement, j’ai oublié de préciser le travail qui m’habite désormais. Je suis maintenant à l’emploi du Centre de transfert pour la réussite éducative (CTREQ), « un organisme sans but lucratif qui a pour mission de stimuler et de contribuer à concrétiser l’innovation dans le domaine de la réussite éducative, grâce au transfert de la recherche, à l’appui de l’expérience de la pratique, à des services de liaison et de veille afin de permettre aux milieux de pratique d’améliorer leurs interventions pour accroître la réussite éducative. »

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Testaments et données virtuelles

AliboneTestament.jpgMieux vaut transmettre un art à son fils que de lui léguer mille pièces d’or. (Proverbe chinois)

L’histoire du caporal Justin M. Ellsworth, rapportée par Thomas Friedman dans The World Is Flat m’a saisi. Justin Ellsworth est ce soldat américain tué en Irak dont le père a cherché à obtenir les courriels à la mémoire de son fils, mais dont la demande fut rejetée par Yahoo! (Newsday : Parental vs. privacy rights). J’apprends que Yahoo! efface le compte d’un usager après 90 jours d’inactivité. Heureusement, l’indignation publique a fait en sorte que l’on remette à la famille les courriels du soldat mort au combat (USA Today : Yahoo to preserve e-mail of Marine killed in Iraq).

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