Les jeunes sont différents, naturellement

MetamorphoseDali.jpgL’adolescence est le temps où il faut choisir entre vivre et mourir. (Hafid Aggoune)

La jeunesse, par définition, s’oppose à la vieillesse. À une époque marquée par les bouleversements sociaux et l’accélération de l’évolution, les générations de jeunes se suivent et ne se ressemblent pas. C’est forcé, considérant qu’ils s’adaptent naturellement à un environnement et à une culture qui diffère des générations qui ont précédé. Le cerveau est une matière bien plastique à cet âge. Leur vision du monde, tournée vers l’avenir, s’accorde mal avec celle des adultes, tournée vers le passé. Par conséquent, l’école doit s’ajuster ou devenir obsolète, une réalité qui semble échapper au mouvement pour stopper la réforme. Une étude voulant que les jeunes soient plus narcissiques fait beaucoup jaser (CNN-AP : Study: Vanity on the rise among college students). Mais cela n’explique pas tout. Il y a une panoplie de facteurs qui font qu’on ne reconnaît plus les jeunes.

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La réalité virtuelle des jeunes

BeboSecondLife.jpgIl ne s’agit pas de tuer la liberté individuelle mais de la socialiser. (Pierre Joseph Proudhon)

Qui de mieux que les jeunes pour illustrer l’environnement virtuel dans lequel ils étendent leurs réseaux sociaux? Cette vidéo constitue la meilleure représentation à ce jour de la nouvelle réalité sociale des jeunes, avec toute la complexité des interactions et des exclusions. Impossible d’ignorer la ressemblance avec Second Life. Elle nous fait prendre conscience de la dualité sociale des jeunes qui évoluent dorénavant dans deux mondes parallèles, l’un réel, l’autre virtuel. Le second prend souvent la relève du premier après l’école; du coup, il accroît l’espace social en ramifiant les fréquentations. Et si les jeunes préfèrent souvent le second, c’est parce qu’ils y exercent plus de contrôle que dans le monde arrêté des adultes.

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La désertification de la famille

BoteroFamille.jpgSi la liberté grise, la famille rassure. (Robert Choquette)

Pour bien comprendre la violence dans les écoles, il faut aussi regarder du côté de la famille. Or, les nouvelles ne sont pas toujours réjouissantes. La dénatalité, la monoparentalité, les garderies, le matérialisme et le travail ont déjà causé une mutation de la famille. Plus tôt cette semaine, l’UNICEF situait le Canada au 12e rang des pays industrialisés en matière de bien-être des enfants, principalement en raison de piètres évaluations sur le plan de la famille et des relations interpersonnelles (CTV : Canada ranks 12th in UN child well-being study). Presque au même moment, Statistique Canada révélait que le temps passé avec la famille lors des journées de travail avait diminué de 250 à 206 minutes depuis vingt ans, soit trois-quarts d’heure en moins (Globe and Mail : For today’s family, time’s not on their side).

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8 facteurs de succès

SuccessJensen.jpgRecherchez le succès, pas la perfection. (David Burns)

Trop d’élèves associent les résultats scolaires au succès. Dans la plupart des cas, la foi aveugle dans le système d’évaluation ne mène qu’à un emploi subalterne. La réussite scolaire n’est qu’une pâle imitation du succès dans l’atteinte d’un rêve, ou dans la réalisation d’une vie. Dans le but de motiver les élèves, il y a lieu de leur rappeler les facteurs qui contribuent au succès. Richard St. John a interviewé 500 personnes qui ont réussi dans leur domaine pour explorer les causes de leur succès. Son analyse, qui a fait l’objet d’un livre (Stupid, Ugly, Unlucky and Rich), se résume à huit éléments importants : la passion, le travail, l’excellence, l’objectif, la poussée, le service, les idées et la persévérance. Il a résumé le tout dans une présentation de trois minutes à TED. (Source : Presentation Zen)

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Stratégies de métacognition

UnderlinedThoughtsWestcoat.jpgRéfléchir, c’est déranger ses pensées. (Jean Rostand)

Plusieurs psychopédagogues considèrent la métacognition comme l’un des quatre grands domaines des connaissances générales, les trois autres étant les connaissances factuelles, conceptuelles et procédurales (Pintrich, Paul; 2002; The role of metacognitive knowledge in learning, teaching, and assessing; Theory into Practice). L’efficacité et le rôle fondamental de la métacognition dans l’apprentissage ne font plus de doute. Cependant, sa récente émergence fait en sorte qu’elle est encore mal comprise par les enseignants. Plusieurs la perçoivent comme un concept théorique, flou de surcroît, et difficile à actualiser dans la classe.

Fernette et Brock Eide présentent une bonne synthèse des stratégies métacognitives dont les professeurs peuvent s’inspirer (Eide Neurolearning Blog : Strategic Learning: Metacognition and Metamemory). Compte tenu de leur importance, je les ai traduites et représentées dans une carte heuristique (cliquez sur l’image pour un agrandissement ; version pop-up pour petits écrans ; version PDF). Par la même occasion, j’ai ajouté des stratégies glanées à partir de sources diverses.

L’activité cérébrale associée à la métacognition est étonnante. Voici une image du cerveau pendant qu’il réfléchit au processus d’apprentissage et à aux erreurs commises ; les zones de couleurs chaudes (rouge et jaune) sont activées par des pensées positives, tandis que les couleurs froides (vert et bleu) reflètent des pensées négatives (source : The Journal of Neuroscience; Error Monitoring Using External Feedback ; PDF) :

      MetacognitionCerveau.jpg

(Image thématique : Pensées soulignées, par Natasha Wescoat)


Par ricochet :
Comportements pro-connaissances
77 conseils pour faciliter l’apprentissage
Le cycle de l’apprentissage
La philosophie accroît le Q.I. chez les enfants
Techniques de mémorisation

L’animateur RÉCIT: Un passeur vers la culture numérique? (Fabulations réelles dans un monde virtuel)

Étude: comment contrer le bullying

Quand l’État oblige les enfants à aller à l’école, elle a le devoir d’assurer leur sécurité. Or, l’école est propice à la violence. Plusieurs enfants y ont leur première dure confrontation avec la cruauté. Enfermez une foule de jeunes dans l’enceinte d’une école, immobiles pendant des heures, soumis à un code rigide, avec une surveillance limitée, et les frictions sont inévitables. La captivité, c’est bien connu, est cause de stress et d’agressivité. La dernière fois que j’ai eu une engueulade avec mon père, c’est après avoir vécu deux semaines dans l’exiguïté d’un voilier; et c’était pour une bagatelle. Ajoutez au mélange scolaire des enfants issus d’un milieu violent ou au tempérament dominant, comme il y en a forcément, et vous avez un joli nid de guêpes. Dans les coins sombres, loin de l’oeil scrutateur des adultes, les plus forts imposent la loi de la jungle, les faibles en proie au cannibalisme.

Le phénomène semble avoir pris des proportions démesurées. Est-ce l’effet des médias? Peu importe. La chose ne saurait être tolérée dans une perspective d’éducation à la citoyenneté. Heureusement, le MELS a décidé d’agir en préparant un plan d’action pour contrer la violence à l’école, notamment dans l’espoir de contrer les gangs. Ce ne sera pas du gâteau. Il ne faudrait pas négliger la principale forme de violence à laquelle les élèves sont confrontés: le bullying. Une étude publiée dans la revue Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine révèle que les programmes multidisciplinaires intégrés à la mission de l’école connaissent les meilleurs taux de réussite (EurekAlert!: Bullying can be reduced but many common approaches ineffective). Les initiatives mitigées sont des coups d’épée dans l’eau.

We found bullying can be curbed, but that many common methods of dealing with the problem, such as classroom discussions, role playing or detention, are ineffective. Whole school interventions involving teachers, administrators, and social workers committed to culture change are the most effective and are especially effective at the junior and senior high school level.

Certains diront que c’est l’école de la vie. Si l’école enseignait comment désamorcer les agressions, ce serait effectivement le cas. Mais quand l’école mène au suicide, elle ne fait plus l’éducation à la vie.

Mise à jour, 5 avril 2007 | Le gouvernement ontarien a adopté une loi qui ajoute le bullying en ligne à la liste des comportements interdits par la Loi sur la sécurité dans les écoles de l’Ontario (CityNews : Cyber-Bullying Law Introduced in Ontario). L’article de CityNews est d’autant plus intéressant qu’il se termine par une liste desdits comportements interdits par la loi.

Mise à jour, 9 juillet 2018 | Un lecteur me suggère ce guide à l’intention des parents : A Comprehensive Cyberbullying Guide for Parents, lequel comprend quelques infographies qui peuvent également être utiles à des enseignants, voire aux élèves.


Par ricochet :
L’intimidation et les blogs
Les ados, les blogs, et les bêtises
Les cicatrices de l’intimidation
La violence scolaire institutionnalisée
La violence à l’école
De l’agressivité des enfants québécois
Les armes dans les écoles et la violence chez les jeunes
Le e-learning pour échapper à la violence
L’école : un milieu violent
Étude sur les causes de l’intimidation
Les cicatrices de l’intimidation
Ressources contre l’intimidation en ligne
Le bullying par les enseignants

Elle n’était pas née le 6 décembre 1989 (Mario tout de go)

L'intégration des TIC en 2007: piètre bilan

Pour reprendre la fameuse pub de E. F. Hutton, quand Gilles parle, les gens écoutent. Avec raison, comme il le démontre encore une fois dans son analyse sagace et caustique de l’intégration des nouvelles technologies de l’information en éducation au Québec (Jobineries: 2007, l’école et les TIC). Au lieu de pieuses résolutions, il sert un bon coup pied au derrière. Son portrait de la situation actuelle en souligne bien les ratés. Quoique ses solutions, par souci de réalisme, soient trop modérées pour combler le retard, je seconde ses prévisions: «  Si la tendance se maintient, 2007 sera aussi décevante que les cinq ou six dernières années. Pour y changer quelque chose, cela prendrait une volonté, un leadership et une vision. »

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Le secret de la longévité: l'éducation

En attendant de découvrir la fontaine de jouvence, la science lève le voile sur certains facteurs qui peuvent déjouer les cartes de l’hérédité. Nous savons déjà que l’alimentation et la richesse ont une incidence sur la longévité, tout comme la famille et les réseaux sociaux. Mais le facteur qui ressort plus que tout autre, et celui sur lequel s’accordent la plupart des experts, est l’éducation (New York Times: A Surprising Secret to a Long Life: Stay in School). Entre autres, les gens éduqués ont plus de facilité à entrevoir l’avenir et ainsi retarder la gratification. L’incidence positive de l’éducation sur la longévité se vérifie dans quasi tous les pays, comme en témoigne le schéma ci-dessous pour les pays de 10 à 50 millions de populations. Fait étonnant, il faut trois années de scolarité de plus aux Canadiens pour une espérance de vie égale aux Français.

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Des jouets pour développer les enfants du monde

Les enfants des pays du tiers monde ont d’abord besoin de nourriture, d’un toit et de sécurité. Mais ce ne sont pas les seules carences qui entravent leur développement. Selon une étude publiée dans la revue The Lancet (Developmental potential in the first 5 years for children in developing countries; inscription gratuite), plus de 200 millions d’entre eux n’atteindront pas leur plein développement, faute de stimulation intellectuelle. Les auteurs soulignent que la distribution de jouets et d’articles élémentaires contribuerait grandement à l’essor intellectuel à un âge (0 à 5 ans) ou le cerveau connaît sa plus grande croissance (BBC: Toys ‘could help 200 m children’). En l’absence de cette activité cérébrale initiale, l’apprentissage scolaire est précaire. Dans certains villages, les enfants n’ont jamais vu un crayon ou une image dans un livre avant leur arrivée à l’école.

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Mes schémas éducationnels 2006

L’éphémérité de l’information aujourd’hui a quelque chose d’attristant. Le flot quotidien d’information éclipse celui de la veille, comme les vagues qui battent la côte, inexorablement condamnées au reflux. Heureusement, le présent et l’avenir sont de plus puissants leviers d’écriture que le passé. Les rétrospectives ont néanmoins leur utilité. Darren Kuropatwa m’a d’abord donné l’idée de dresser une liste des 12 meilleurs billets de l’année (A Difference: Looking Back). Mais comme je crois aux vertus éducatives de la visualisation, j’opte plutôt pour une rétrospective de mes illustrations, principalement des cartes heuristiques (mind maps). Voici donc l’inventaire de mes schémas de l’année 2006, dans l’espoir de leur donner un deuxième souffle (les liens renvoient au billet original).

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