Parents : questions pour le professeur

Les rencontres parents-enseignants recèlent une foule de surprises. Le professeur ne sait jamais à quoi s’attendre ; le parent non plus. Cela donne parfois lieu à des échanges surréalistes qui négligent complètement l’enfant. La situation est encore plus hallucinante, pour ne pas dire abrutissante, dans les premières années du P.E.I. de mon école, alors que la majorité des 400 parents se bousculent aux portes pour rencontrer les professeurs ; pendant plus de 5 heures (réparties en deux séances), les parents défilent sans arrêt pour un entretien de 8 minutes avec le professionnel chargé de l’éducation de leur cher enfant.

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Racines philo des théories d'apprentissage

La querelle entre les empiristes et les réformistes qui déchire le monde de l’éducation repose sur des approches philosophiques divergentes. Norm Friesen attire notre attention sur une représentation des influences philosophiques qui divisent le monde de l’éducation (Ipseity : Learning Theories: The Philosophical Family Tree). Le schéma, l’oeuvre de Gerry Stahl, nous ramène au rationalisme de Descartes pour aboutir enfin à la théorie de l’activité issue des travaux de Vygotski, en passant par Kant et Hegel. Mis à part les considérations particulières, ce portrait global illustre superbement les limites de l’empirisme.

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Repenser les environnements d'apprentissage

S’il est vrai que l’environnement façonne les apprentissages, comment expliquer que la réforme de l’éducation au Québec mise tant sur les méthodes et le contenu, sans égard à l’environnement d’apprentissage ? La réponse, évidemment, est affaire d’argent : il en coûterait beaucoup trop cher de transformer l’espace physique des écoles. Mais il vaut la peine, néanmoins, de souligner l’aberration d’une réforme coincée dans des écoles bâties sur d’anciens modèles d’apprentissage. Diana Oblinger, qui nous avait déjà offert Educating the Net Generation, a mis en ligne son dernier livre : Learning Spaces. George Siemens porte à notre attention cette formidable citation :

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Que doit-on savoir des élèves ?

Pas facile d’individualiser les apprentissages. Malgré tout, je persiste. L’une des plus grandes difficultés réside dans la personnalisation de la relation maître-élève, notamment la connaissance des caractéristiques propre à chaque apprenant. Avec près de 200 élèves, cela relève de la prestidigitation. Heureusement, la plupart des enfants et des adolescents réfrènent leurs idiosyncrasies et s’adaptent au cadre normatif. Pour certains, toutefois, une approche plus personnelle du professeur peut favoriser l’apprentissage. Il y a de ces choses qu’on apprend souvent trop tard, et qui nous font dire « Si seulement j’avais su ! », après que le mal soit fait. Ne serait-il pas utile de disposer d’un profil de l’apprenant dès le début ?

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Le mariage des universités et des corporations

L’industrie s’immisce dangereusement dans les universités. Les partenariats entre ces deux grands acteurs de l’économie sont pourtant nécessaires. Les entreprises comptent sur des diplômés compétents, tandis que le milieu académique a besoin de l’expertise pratique et actuelle issue du terrain. La collaboration entre les deux parties existe déjà depuis longtemps, notamment en science et en ingénierie. Les universités américaines tirent des revenus considérables de redevances sur des brevets cédés à l’industrie. Je ne saurais dire dans quelle mesure les universités canadiennes mettent à profit leurs laboratoires et leurs chercheurs, ni quels avantages ceux-ci en retirent.

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Projet pilote d'écoles autonomes

Voici le genre d’initiative dont j’espère obtenir des échos à l’avenir : des écoles du district scolaire de Toronto se voient accorder plus d’autonomie pour mieux composer avec les milieux multiethniques et monoparentaux aux prises avec la pauvreté, une puériculture inadéquate et les gangs de rues (Globe and Mail : The little school that could). Les trois écoles qui participent à la phase initiale du projet, Firgrove, Nelson Mandela et Willow Park (quatre autres écoles s’ajouteront bientôt), seront associées à la faculté d’éducation de l’Université York et recevront une aide financière pour faciliter le virage. Ça, c’est une réforme !

Il est rafraîchissant de voir des écoles miser sur la participation de la communauté. Il est tout aussi valorisant de voir qu’on fait confiance au professionnalisme du personnel pour mener la barque. La mer est houleuse, cependant, dans ces milieux défavorisés, et le cap ne sera pas facile à garder.

Je crois fermement en la décentralisation des systèmes scolaires. C’est pourquoi je prône une école communautaire, dans l’esprit d’une cité éducative si chère à Clément. Après avoir formé, à grands frais, des professionnels de l’enseignement et de la gestion, il est temps d’étendre leur marge de manoeuvre.

Certains objecteront que les écoles du projet pilote jouiront d’une aide financière qui faussera les résultats. Sans doute peut-on allouer de semblables ressources à toutes les écoles en allégeant l’appareil administratif, notamment en se débarrassant des commissions scolaires, pour ensuite redistribuer les économies aux instances locales.

On ne saurait réussir une réforme de l’éducation sur la seule base des méthodes pédagogiques. Il faut aussi secouer l’appareil administratif.

Mise à jour, 04 septembre 2010 | Le magazine Good contient attire notre attention sur un reportage du Christian Science Monitor (School teachers in charge? Why some schools are forgoing principals) qui se penche sur l’émergence d’un courant scolaire qui, pour accroître l’autonomie des enseignants, dispense les écoles d’une direction (Good : What’s the Advantage of a School Without a Principal?).


Par ricochet :
Écoles communautaires
La caducité des commissions scolaires
Définitions de la communauté
Augure des Cités éducatives à venir
Des écoles communautaires pour le Québec ?

Qualités d'un professeur qui motive les élèves

La motivation scolaire est généralement associée à l’élève. Mais qu’en est-il du professeur ? Force est de reconnaître que certains enseignants motivent davantage les élèves que d’autres. J’ai eu le plaisir aujourd’hui d’assister à une conférence sur la motivation donnée par Germain Duclos, dans laquelle il a abordé les qualités qui font qu’un enseignant stimule les élèves. Puisque le sujet me passionne, j’ai pris des notes. En ce début d’année scolaire, un moment propice au renouveau et aux résolutions, je crois que cela peut intéresser d’autres professeurs. Pour y mettre mon grain de sel, j’ai indiqué dans le schéma ci-dessous les qualités qui semblent plus déterminantes (lignes vertes ; cliquez sur l’image pour un agrandissement), non pas que je réfute les autres.

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École secondaire De Rochebelle : blogues scolaires

C’est aujourd’hui la dernière journée des vacances. Alors que je sens un certain vague à l’âme m’envahir, je reçois un appel de Mario Asselin m’annonçant que la console pour gérer les blogues scolaires est prête. Tout un remontant ! Mario et l’équipe d’Opossum ont fait un travail remarquable pour faire en sorte que tout soit prêt pour la rentrée. Il n’y a pas de commune mesure avec l’année dernière : fini la création manuelle des blogues et les problèmes qui faisaient en sorte qu’ils étaient seulement prêts à l’hiver. La console de gestion est à la fois complète et conviviale. Les blogues des élèves sont créés à partir d’une simple liste dans un chiffrier.

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Études sur l'efficacité de l'apprentissage dans l'action

On a maintes fois reproché aux tenants de la réforme de ne pas citer de recherches pour en appuyer les fondements. Quoique le nouveau programme de formation ne se limite pas à un seul courant pédagogique, il n’en demeure pas moins fortement influencé par l’apprentissage dans l’action. Mark Morton a compilé six études (PDF) qui démontrent l’efficacité de l’active learning (Educause : Evidence of the efficacy of Active Learning). L’ASCD définit l’apprentissage actif comme « toute situation par laquelle un élève apprend en se déplaçant et en faisant des choses, par opposition à être assis à un pupitre en train de lire, de remplir des feuilles d’exercices ou d’écouter le professeur » (traduction libre). L’appellation est assez large pour inclure plusieurs méthodes pédagogiques. Il appert néanmoins que la réforme de l’éducation au Québec s’inscrit dans l’esprit de l’active learning.

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La formation continue : qu'est-ce qui marche ?

Au fil des ans, j’ai assisté à une panoplie de formations professionnelles. Certaines ont été une perte de temps, mais d’autres ont été très profitables. La lecture récente de Courses are dead, de Jay Cross (qui s’y connaît en matière de formation professionnelle), m’a fait réfléchir sur l’importance de la formation continue et sur les conditions pour qu’elle porte fruit. David Maister abonde dans le même sens que Cross dans un article intitulé Why (Most) Training is Useless. Quand les experts affirment que la formule des cours est désuète, ça mérite mon attention.

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