Lawrence Lessig et comment la loi étouffe la créativité

RembrandtSmashingTabletsLaw.jpgIl est impossible d’ériger en loi universelle ce qui sort de l’ordinaire. (Francesco Alberoni)

La commercialisation des idées ne repose sur aucune loi universelle. Dans certaines cultures, il serait ridicule de chercher à vendre une idée. Née du commerce, elle découle plutôt de la fortune, certains ayant une propension au mercantilisme, contrairement à la générosité de leurs voisins. L’appât du gain a donné naissance à tout un monde de spécialistes pour monnayer la pensée : agents, avocats, éditeurs, distributeurs, etc. Certains sont aidants, mais la plupart véreux, à tel point qu’on a érigé une multitude de barrières légales pour exploiter cette ressource naturelle. Heureusement que les plus grands penseurs et scientifiques de l’histoire voyaient au-delà des considérations matérielles.

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L'agonie des commissions scolaires

PousetteDanceAgony.jpgLa seule chose qui nous sauve de la bureaucratie c’est l’inefficacité. Une bureaucratie efficace est l’une des pires menaces à la liberté. (Eugene McCarthy)

Peut-on sérieusement prétendre que les commissions scolaires existeront encore dans cent, cinquante, voire vingt ans? Au moment où la scolarisation et la professionnalisation appellent à l’autonomie de gestion, où la diversité régionale et le multiculturalisme demandent des accommodements communautaires, où les forces sociales attisent la mouvance, où les nouvelles technologies bouleversent la transmission du savoir et où les écoles vivent dans la dèche, on ne saurait maintenir une bureaucratie qui gruge les ressources et freine le développement. Les commissions scolaires sont des reliques du siècle passé.

Je ne ferai pas l’inventaire de la couverture médiatique qui a suivi le dernier haro de Mario Dumont sur les commissions scolaires. Mario Asselin s’en est très bien acquitté (Mario tout de go : Mario Dumont met de la pression sur les commissions scolaires; pourquoi pas?). Du reste, il y va d’une excellente diatribe dont le constat le plus accablant, que je partage, est que « je ne fais plus confiance aux gestionnaires des C.S. pour proposer les changements nécessaires. »

Les institutions doivent s’adapter ou périr. André Caron, le président de la FCSQ, se débat comme un diable dans l’eau bénite pour défendre son fief. Ses propositions de renouvellement de la démocratie scolaire, en plus de manquer d’originalité, poussent l’effronterie jusqu’à revendiquer plus de pouvoirs pour les commissions scolaires et plus d’argent pour les commissaires. D’autres que moi trouvent cela pathétique (Le professeur masqué : Commissions scolaires: j’ai voté…). Il est impensable qu’un appareil si coûteux affiche tant d’insipidité.

Là où la FCSQ fait du bon travail, c’est quand elle cultive la peur. Ce n’est pas très difficile quand Mario Dumont, avec ses coups d’éclat simplistes, joue au Bonhomme sept heures. Peut-être même sert-il la cause des commissions scolaires en proposant une solution si peu nuancée. La FCSQ ne ratera pas une occasion de souligner tout ce que coûte l’abolition des commissions scolaires, comme dans ce rapport [note : ce rapport n’est plus en ligne] sur les salaires des employés d’entretien, sans un mot sur le coût des 1311 commissaires élus ou le fardeau financier des 72 commissions scolaires (source). La vision à court terme sert bien la peur.

L’argent s’avère un excellent combustible à la peur. Après la FCSQ qui se targue en quelque sorte des faibles salaires de ses employés de soutien, Alain Dubuc rapporte que la gestion des immeubles « coûterait de 38 à 58 millions de plus » (La Presse : Mario strikes again [note : ce rapport n’est plus en ligne]). Veut-on ainsi justifier ces iniquités? Du coup, j’ai l’impression que l’on considère les écoles comme un tiers-monde de notre société. L’éducation n’est pas qu’une question de budget annuel. On ne prépare pas l’avenir en considérant les écoles comme des garderies.

La FCSQ se targue que « 68 % des Québécois sont favorables au maintien des commissions scolaires. On ne claironne pas que seulement 30 % y sont « très favorable » (sondage Léger Marketing). On peut d’ailleurs se questionner sur la valeur de cette opinion : la faible participation aux élections municipales laisse entendre que les gens sont bien peu au fait des commissions scolaires. La participation et la supervision des citoyens sont bien mieux assurées par la participation des parents aux conseils d’établissement que par une démocratie boiteuse.

La FCSQ s’est bien gardée d’interroger les éducateurs. Je n’entends personne dans mon entourage vanter les mérites des commissions scolaires. À vrai dire, elles n’existent pas, sauf quand elles prennent des mauvaises décisions. Les directions d’école ont s’en doute plus lieu de s’en plaindre, de l’aveu d’une directrice d’expérience (L’Infobourg : LE SOLEIL : « Les commissions scolaires ne devraient pas exister ») et de la Fédération québécoise des directeurs d’établissement d’enseignement (Le Devoir : Les commissaires d’école sont-ils encore utiles ?).

Cette position de la FQDE, tout comme la réussite des écoles privées, pourtant autonomes, devrait faire taire ceux qui allèguent que les directions d’école sont déjà trop surchargées pour gérer de nouvelles responsabilités. Mario, fort de son expérience de directeur d’école, s’est d’ailleurs empressé de dégonfler cet argument. Les directions d’école, au contraire, ont besoin qu’on les allège de la paperasse qui les empêche d’assumer leur leadership. Et il n’est nul besoin de leadership plus pressant qu’en ces temps d’instabilité.

Mise à jour, 26 janvier 2008 | Il n’y a pas qu’au Québec où on remet en question la pertinence des commissions scolaires. Aux États-Unis, Matthew Miller conclut également que les commissions scolaires sont une structure qui a fait son temps (The Atlantic : First, Kill All the School Boards).

Mise à jour, 29 juillet 2010 | Ailleurs au Canada, on s’interroge également sur la pertinence des structures éducationnelles (The Globe and Mail : Should governments close ou school boards?).

Looking to international models, critics argue that eliminating school boards would generate millions of dollars of savings each year in every province, and remove a layer of bureaucratic red tape.


(Image thématique : The Dance of Agony, par Richard Pousette-Dart)


Par ricochet :
La caducité des commissions scolaires
La décentralisation des écoles (sans commission scolaire)
Quoi ? Les CS ont des surplus budgétaires !
La bureaucratie est cause de maladie mentale
Les commissions scolaires sous le couperet
Appel électoral à l’abolition des commissions scolaires
Des chercheurs questionnent l’utilité de l’école

La mémoire de travail

RothkoMemory.jpgL’oubli et la mémoire sont également inventifs.
(Jorge Luis Borges)

Apparemment, la mémoire de travail, soit la capacité mnémonique à court terme pour la tâche en cours, siège dans une partie différente du cerveau que la mémoire à long terme. Kumar Narayanan en fait un excellent survol dans un article de Brain Connection : The Neurological Scratchpad: Looking Into Working Memory. On y apprend, entre autres, comment les chercheurs sont arrivés à en déterminer les limites.

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Mes 10 outils les plus utiles

FukunagaTools.jpgUn mauvais ouvrier accuse ses outils.
(proverbe australien)

Si l’utilisation des TIC est d’abord affaire de technologie, elle devient vite une question de méthode. Or, la multitude d’applications élève la personnalisation et l’organisation du travail à un niveau inégalé. Dans un autre exemple d’efficacité des réseaux, Jane Hart collige des listes des dix outils qui sont les plus utiles aux utilisateurs (Centre for Learning & Performance Technologies : Top 10 Tools for Learning 2007). L’idée a fait boule de neige, de sorte qu’elle est en mesure d’établir un palmarès des 100 outils les plus populaires.

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La transformation du travail enseignant

WardTeacherTree.jpgC’est par le travail que l’homme se transforme.
(Louis Aragon)

La profession d’enseignant change au même titre que le reste, réagissant aux pressions sociales. Mais tout comme l’école, elle progresse à la vitesse des institutions, ralentie par une multitude de forces, dont l’appareil gouvernemental, les syndicats et la culture du milieu. Je sens néanmoins une volonté de la part des professeurs de valoriser la profession par l’autonomie et la responsabilisation. C’est souhaitable si les enseignants doivent un jour reprendre à l’administration les rênes de l’autorité pédagogique. Le respect ne se gagne pas dans l’assujetissement.

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Compétences et connaissances inutiles

TanguyExtinctionsLumieres.jpgCe qui nous rebutait le plus dans nos études, c’était l’inutilité de nos travaux. Toujours s’exercer et ne jamais rien faire. (Valéry Larbaud)

Se peut-il que la réforme pèche par excès de zèle? À la lecture de l’excellente analyse de Bruno Devauchelle (Veille et Analyse TICE : Peut-il y avoir des compétences inutiles ?), il semble que les écoles du Québec ploient elles aussi sous un excès de compétences. Certaines compétences de base étant déjà malmenées, notamment la langue (voire encore récemment cet article dans Cyberpresse : Une lacune difficile à corriger), il y a lieu de se demander si des compétences accessoires ne font pas obstacle au développement des compétences essentielles. Non pas que celles-là soient superflues, mais elles ne doivent pas entraver le nécessaire.

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Étude : la coopération entre élèves favorise l'apprentissage

LazzaraStrengthenCooperatio.jpgLa seule voie qui offre quelque espoir d’un avenir meilleur pour toute l’humanité est celle de la coopération et du partenariat. (Kofi Annan)

Une étude (Strenghtening Teaching Effectiveness Through Cooperative Learning Activities) conclut que les élèves qui coopèrent dans des activités d’apprentissage apprennent mieux et développent plus d’habiletés d’ordre supérieur que ceux des classes traditionnelles. J’en fais le constat dans la classe, et je soupçonne la motivation d’y jouer un rôle. Toutefois, il faut se garder de sauter aux conclusions ou verser dans les généralités. La coopération, après tout, est un exercice complexe. Le fait de regrouper des élèves ne mène pas nécessairement à la coopération.

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Un portable, pas un portail

FreconVerticlePurpleEnclosu.jpgLes plus beaux zoos n’ont pas de clôture. (Pierre Filion)

La Commission scolaire des Découvreurs a fait l’acquisition d’Édu-groupe, un portail conçu par la GRICS pour faciliter les communications au sein d’une école. Selon la GRICS, il s’agit d’un ensemble d’outils qui « favorise la collaboration de différentes personnes à la réalisation de projets communs. » Au terme d’une présentation qui ne se voulait qu’un survol du portail, mais très bien orchestrée néanmoins, j’ai posé une tapée de questions pour voir ce que le portail avait au ventre. Les réponses, décevantes, m’ont laissé une piètre impression de l’outil, en plus d’un jugement sévère quant aux politiques d’intégration des nouvelles technologies dans les écoles.

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Le fichu bulletin de l'élève

HeilmannWeatherReport.jpgIl ne peut pas y avoir de totalité de la communication.
(Paul Ricoeur)

J’ai participé, coup sur coup, à deux journées de débats sur le fichu bulletin scolaire. La première, à l’école, portait sur l’absurde table de conversion des cotes en pourcentage. La deuxième, dont je sors au moment où j’écris ces lignes, s’attaquait à l’action du RAEQ devant l’intention de la ministre de l’Éducation de procéder à l’évaluation des connaissances. À la suite de cette double fusillade, j’en conclus que le bulletin, dans sa forme actuelle, est une relique d’une autre époque, mal adaptée surtout à une réforme. Néanmoins, il faut composer avec les circonstances.

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Comment cultiver un blogue scolaire

BuckleTealFlowers.jpgCombien fécond le plus petit domaine, quand on sait bien le cultiver. (Johann Wolfgang von Goethe)

L’utilisation que mes élèves font de leurs blogues m’enchante. Les efforts en début d’année pour aiguiser leur appétit en illustrant l’utilité des blogues semblent porter fruit. Néanmoins, il y a encore beaucoup à apprendre dans cette cornue des blogues scolaires; par définition, d’ailleurs, les nouvelles technologies appellent à l’expérimentation et aux communautés de pratique. Par conséquent, je puise dans le savoir-faire de l’équipe de PROTIC, du C@HM et autres professeurs qui explorent ces nouveaux outils d’apprentissage.

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