Anki : la mémorisation par répétition espacée

RenselarMomoryLeaves.jpgCelui qui a une bonne mémoire a plus de facilités pour oublier beaucoup de choses. (Stanislaw Jerzy Lec)

La répétition espacée est une technique de mémorisation qui repose sur la courbe de l’oubli en augmentant l’intervalle entre les rappels de l’information à apprendre. Anki améliore l’usage des cartes mémoires par recours à ce principe. Le screencast d’introduction de cette application multiplateformes en illustre assez bien l’utilité. Sans pour autant préconiser la surconsommation de connaissances, il n’en demeure pas moins qu’il y a des occasions où leur mémorisation est nécessaire à la célérité, voire à l’exécution d’une tâche.

    AnkiForgettingCurve.jpg

Je jongle avec l’idée d’ajouter à mes cours une courte période de 5 minutes de répétition espacée des notions vues en classe. C’est, il me semble, une stratégie qui mérite expérimentation, soit à l’aide d’Anki ou d’un autre moyen.

Mise à jour, 08 août 2009 | Mettant à profit la recherche sur les effets de l’espacement et de l’évaluation, le site SpacedEd propose une série de cours et de formations qui ne prennent que trois minutes par jour. On peut aussi y créer ses propres cours.


(Image thématique : The Memory of Leaves, par Van Renselar)


Par ricochet :
Répertoire de cartes-mémoires
Techniques de mémorisation
6 qualités des connaissances mémorisées
Outils d’évaluation en ligne : objectif connaissances
La courbe de l’oubli
Améliorer la mémoire par le geste
Étude : la répétition à outrance n’aide pas la mémoire
Un élève sur dix a des problèmes de mémoire de travail

Stratégies de métacognition

UnderlinedThoughtsWestcoat.jpgRéfléchir, c’est déranger ses pensées. (Jean Rostand)

Plusieurs psychopédagogues considèrent la métacognition comme l’un des quatre grands domaines des connaissances générales, les trois autres étant les connaissances factuelles, conceptuelles et procédurales (Pintrich, Paul; 2002; The role of metacognitive knowledge in learning, teaching, and assessing; Theory into Practice). L’efficacité et le rôle fondamental de la métacognition dans l’apprentissage ne font plus de doute. Cependant, sa récente émergence fait en sorte qu’elle est encore mal comprise par les enseignants. Plusieurs la perçoivent comme un concept théorique, flou de surcroît, et difficile à actualiser dans la classe.

Fernette et Brock Eide présentent une bonne synthèse des stratégies métacognitives dont les professeurs peuvent s’inspirer (Eide Neurolearning Blog : Strategic Learning: Metacognition and Metamemory). Compte tenu de leur importance, je les ai traduites et représentées dans une carte heuristique (cliquez sur l’image pour un agrandissement ; version pop-up pour petits écrans ; version PDF). Par la même occasion, j’ai ajouté des stratégies glanées à partir de sources diverses.

L’activité cérébrale associée à la métacognition est étonnante. Voici une image du cerveau pendant qu’il réfléchit au processus d’apprentissage et à aux erreurs commises ; les zones de couleurs chaudes (rouge et jaune) sont activées par des pensées positives, tandis que les couleurs froides (vert et bleu) reflètent des pensées négatives (source : The Journal of Neuroscience; Error Monitoring Using External Feedback ; PDF) :

      MetacognitionCerveau.jpg

(Image thématique : Pensées soulignées, par Natasha Wescoat)


Par ricochet :
Comportements pro-connaissances
77 conseils pour faciliter l’apprentissage
Le cycle de l’apprentissage
La philosophie accroît le Q.I. chez les enfants
Techniques de mémorisation

L’animateur RÉCIT: Un passeur vers la culture numérique? (Fabulations réelles dans un monde virtuel)

Une autre étude met en garde contre le multitasking

Une nouvelle étude dénonce les effets du multitasking sur les apprentissages, principalement au regard de la mémorisation (EurekAlert! : Multi-tasking adversely affects brain’s learning, UCLA psychologists report ; eSchool News : Study: Multitasking hinders learning). Le multitasking fait désormais partie de nos vies ; c’est en quelque sorte la rançon de l’évolution technologique. Les adultes n’y échappent pas davantage que les jeunes. Dans ces circonstances, les enseignants n’ont guère d’autre choix que de montrer aux élèves comment composer avec plusieurs tâches de façon efficace, mais surtout à quel moment il faut éviter le multitasking pour se concentrer sur une seule tâche.

Il sera intéressant, par ailleurs, de voir comment la plasticité cérébrale s’adaptera au multitasking chez les jeunes qui sont nés avec les nouvelles technologies de la communication.


Par ricochet :
Cerveau multifonctionnel
Multitasking, mémoire et déficit d’attention
La musique et le multitasking

Les utilisations du mind mapping

Le mind mapping est un formidable moyen d’organiser et mémoriser l’information. Ses propriétés pédagogiques sont inestimables. Je le constate tous les jours en classe. Le verbiage ennuie les élèves. Mais il suffit que je barbouille le tableau pour capter leur attention. Cela n’est jamais plus vrai que quand j’organise l’information dans un tableau ou un schéma. À une époque où l’image séduit plus que le mot, bien malheureusement la plupart du temps, les moyens graphiques attirent instantanément l’attention. C’est une condition avec laquelle les enseignants doivent savoir composer.

La popularité du mind mapping (ou cartographie conceptuelle) a engendré plusieurs applications spécialisées, dont voici une liste non exhaustive :

Applications gratuites :

Applications payantes :

Sur le Web :

Personnellement, j’aime utiliser OmniGraffle Professional et NovaMind. Dernièrement, j’ai installé la plus récente version de NovaMind, dont les nouvelles fonctions représentent une majoration importante de la précédente version.

La cause de ce billet est un courriel de l’équipe de NovaMind, reçu au moment de l’achat, qui présente les utilisations possibles de l’application et du mind mapping en général. Plusieurs utilités ne m’étaient pas encore venues à l’esprit. Comme elles illustrent bien l’efficacité du mind mapping, et que plusieurs s’appliquent à l’éducation, j’ai jugé bon de les représenter ici. Naturellement, c’est l’occasion de joindre la parole à l’action, et l’utile à l’agréable (cliquez sur l’image pour un pop-up grandeur réelle).


UsagesMindmappingSmall.jpg


L’image ci-dessus n’est qu’une pauvre représentation des possibilités du mind mapping. Pour un exemple plus élaboré, voyez cette schématisation du constructivisme.

Mise à jour, 3 décembre 2007 | Plusieurs ajouts ont été apportés à ce billet à la suite de cette formidable compilation faite par Bootstrapper : The Mindmapping Toolbox: 100+ Tools, Resources, and Tutorials (via Heuristiquement et Éducation 2.0).

Mise à jour, 9 décembre 2007 | Crystal Clear est une magnifique collection d’icones en source libre, gracieuseté d’Everaldo Coelho, pouvant servir à illustrer des réseaux de concepts (source : Heuristiquement).

Mise à jour, 25 octobre 1008 | Certains sites de mind mapping n’étant plus en service, j’ai mis à jour la liste de ressources. Quelques sites ont également été ajoutés.


Par ricochet :
Réseauter virtuellement ses connaissances
Outils pour organiser les idées
La représentation de la connaissance
Deux ressources pour le mindmapping
Mindmapping et valeur de l’information
Outils de schématisation gratuits
Le mind mapping de l’actualité

Cerveau multifonctionnel

L’enseignement ancestral repose sur la croyance que l’apprentissage doit être linéaire et compartimenté. Il y a une certaine logique à faire les choses une à la fois, séquentiellement et à l’unisson, comme l’histoire l’a amplement démontré sur les champs de bataille. D’une certaine façon, la transmission du savoir selon le modèle universitaire, lequel par la suite a servi d’exemple à l’école publique, a été le précurseur du travail à la chaîne. C’était sous-estimer la capacité du cerveau. …

Je n’invente rien en affirmant que le cerveau est capable de tâches complexes. Si ce n’était pas le cas, nous serions encore à l’âge de pierre. Néanmoins, je sens le besoin de le redire quand je vois les tenants de l’enseignement simplifié vampiriser les écoles, malgré que les sciences cognitives [lien New Horizon désactivé] et la psychopédagogie [lien New Horizon désactivé] stipulent que l’apprentissage gagne à être fait par le biais d’activités complexes, selon le développement de l’individu.

Depuis quelque temps, je m’intéresse au phénomène du multitasking (multiplicité des tâches). Jusqu’ici, la recherche à fait valoir les effets néfastes du multitasking (American Psychological Association : Is Multitasking More Efficient? Shifting Mental Gears Costs Time, Especially When Shifting to Less Familiar Tasks ; NPR : The Thief of Time - Multitasking Is Inefficient, Studies Show ; Center for Cognitive Brain Imaging : Multitasking drains brain ; C Magazine : Multitasking Madness). Néanmoins, il faut distinguer la surabondance de tâches, cause de stress, de notre propension naturelle à faire plusieurs choses en même temps. Qui parmi nous se contente de faire une seule chose à la fois ? On conduit en même temps qu’on écoute la radio, ou on écrit en même temps qu’on navigue sur le Web. Dans la classe, je constate que les élèves s’adonnent à plusieurs activités quand ils sont en travail libre ; et, de toute évidence, je ne pourrais pas enseigner si mon cerveau était monopolisé par une seule tâche.

L’hypothèse que je soulève est que le multitasking constitue la prochaine étape dans l’évolution du cerveau. La paléoanthropologie nous a appris que les transformations de l’environnement ont eu un impact déterminant sur l’évolution du cerveau (Québec Science : Homo climatus). Pourquoi n’en serait-il pas de même avec les bouleversements amorcés par la révolution industrielle et qui se poursuivent avec la révolution informatique ? Puisqu’il est beaucoup question de l’accélération de l’évolution, il est probable que le cerveau s’adapte en augmentant sa capacité d’action. Nous savons déjà que les tâches spécifiques répétées entraînent le développement des régions cervicales sollicitées. Il n’y a pas lieu de croire qu’il en soit autrement dans son développement global.

Les sciences cognitives ont démontré que notre mémoire de travail ne saurait traiter plus de sept à neuf unités d’information simultanément (Miller, Gagné). Aussi suis-je d’accord avec Kathy Sierra qui défend l’importance de se concentrer sur une seule tâche ; mais seulement lorsque la tâche est complexe. Certaines tâches, moins complexes, laissent place à l’inclusion d’activités extérieures, surtout si celles-ci sont relativement automatisées.

C’est en poussant les limites du cerveau, de façon naturelle, que nous contribuerons à son évolution. Forcément, nous sommes loin d’avoir atteint les limites de son développement. Si le multitasking devait accélérer les apprentissages, les conséquences pour l’enseignement seraient énormes. C’est peut-être la seule façon pour l’homme de maintenir sa supériorité sur la machine.

Post-scriptum :

Immédiatement après avoir publié ce billet, je tombe sur un article fort à-propos dans eSchool News (Today’s kids are ‘media multitaskers’) au sujet d’une étude de la Kaiser Family Foundation qui a fait jaser cette semaine : Generation M: Media in the Lives of 8-18 Year-olds. Selon eSchool News, l’étude ne récuse pas d’emblée le multitasking : « What effect [multitasking] has on the often fragile ability of kids to focus is unclear because detailed research is fairly new, said Vicky Rideout, the foundation vice president who directed the study. »

Mise à jour, 12 juin 2007 | Un article intéressant de la CBC (Are cellphones and the internet rewiring our brains?) avance justement l’hypothèse que les natifs des nouvelles technologies de la communication sont plus habiles au multitasking que les générations précédentes, un phénomène qui serait la conséquence de la plasticité neuronale et de l’adaptation à l’environnement.

Mise à jour, 13 avril 2009 | L’hypothèse selon laquelle le multitasking modifie le cerveau gagne du terrain. Un article de la chaîne NBC relate l’avis de Bruce Hensel, chercheur à UCLA et l’auteur de iBrain (NBC13 : Video: Is multi-tasking changing our brain function?).


Par ricochet :
Ressources pour comprendre le cerveau

Personal knowledge management

Si j’ai déjà dénoncé la notion de knowledge management comme l’abâtardissement de la créativité individuelle, je me rallie à la cause du personal knowledge management. C’est la manière la plus sûre de mettre les nouvelles technologies au service de l’homme, et non vice versa. À la condition d’utiliser les bons outils. L’horizon n’est pas délimité par le regard, mais par l’imagination.


Par ricochet :
Types de ‘knowledge management’