Archives de l'auteur : François Guité

Mathcasts : un wiki de screencasts mathématiques

Les apprentissages ont de meilleures chances d’adhérer, à long terme, quand on engage de multiples sens. Ne serait-ce que pour mieux répondre aux divers types d’apprenants. La visualisation et la psychomotricité, notamment, sont trop souvent négligés. D’où l’attrait de Mathcasts, un wiki de screencasts traitant de mathématique (Will Richardson : Mathcasts.org). Voyez cet exemple de screencast d’un professeur et cet autre réalisé par un élève.

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La puissance du moment

Qui n’a jamais connu la flambée d’inspiration qui surgit à brûle-pourpoint, quand une idée nous illumine et nous accapare ? Il y a de ces moments, quand la pensée jaillit et les mots virevoltent, où l’activité humaine est propulsée aux rythmes d’un ballet. Je crois que tout blogueur sait de quoi je parle, de même que les élèves qui ont la chance de faire un travail qui les inspire réellement. À l’opposé, il nous arrive de bûcher sur des tâches merdiques, le corps enchaîné à la besogne pendant que l’esprit fuit en orbite. Ça ne prend pas un Einstein pour voir que l’inspiration et la créativité sont plus souhaitables à l’école que le travail à la chaîne.

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La parole aux jeunes dans le design des communautés

L’un des facteurs de la motivation est la perception de contrôlabilité, ce sentiment que qu’on n’est pas seulement un pion et qu’on peut agir sur les événements. Cette impression de laissé-pour-compte contribue sans doute au désengagement des jeunes dans leur communauté. Une expérience menée en Angleterre par le Economic & Social Research Council montre les avantages de faire participer les jeunes dans le développement de l’environnement urbain (ESRC : Improving urban environments: why children’s voices should be heard). La beauté du projet (Listening to Children: Environmental Perspectives and the School Curriculum) réside dans l’association entre chercheurs et les écoles de quartier.

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Le risque de punition est aussi source de motivation

La théorie éducationnelle veut que le renforcement positif soit préférable au renforcement négatif. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Dans un système scolaire qui répond si peu aux besoins naturels des élèves, on a plus souvent recours à la punition qu’aux récompenses pour gérer la classe : appel aux parents, copie, devoir supplémentaire, privation, visite chez le directeur, retenue, etc. Autant d’épées de Damoclès qui menacent les élèves. Or, une nouvelle étude laisse croire que l’esquive d’une punition apporte sa propre récompense (EurekAlert! : Avoiding punishment is its own reward). L’étude (Is Avoiding an Aversive Outcome Rewarding? Neural Substrates of Avoidance Learning in the Human Brain ; aussi en PDF), publiée dans la revue PLoS Biology, indique que la satisfaction que l’on ressent à éviter une punition stimule la même région du cerveau qu’une récompense. Par conséquent, cette satisfaction peut renforcer un comportement négatif.

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L'intégration des TIC : la métaphore du crayon

Dans l’intégration des nouvelles technologies de la communication, l’éducation demeure un reclus. Le sujet a été maintes fois abordé, mais rarement avec autant d’imagination que dans la métaphore du crayon de Lindy McKeown pour illustrer les catégories d’acteurs. Malgré la perte de quelques calembours dans la traduction, la comparaison reflète assez bien la réalité, avec une légère pointe d’humour et d’ironie. McKeown identifie six types d’éducateurs au regard de l’intégration des nouvelles technologies : les leaders, les engagés, les velléitaires, les dinosaures, les saboteurs et les chaméléons (traduction libre).

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Conférence de Ken Robinson sur la créativité

L’éducation doit maintenir une harmonie entre les besoins de l’individu et de la société. Depuis le début de l’ère industrielle, le déséquilibre s’est amplifié au profit du progrès économique. D’où l’ascension des mathématiques, des sciences pures et de la litératie au sommet des programmes de formation, les sciences humaines étant reléguées au second plan, tandis que les arts languissent dans le caveau. L’humanisme a cédé le pas à la productivité. Pareille discordance contribue au sentiment qu’ont les élèves que l’école les met aux travaux forcés. Hormis le fait que cette voie est en train d’anéantir la planète, je m’attriste du façonnement obligé (pour ne pas dire conditionnement) des élèves. Aussi, ce fut un baume d’écouter la conférence vidéo de Ken Robinson, auteur de Out of Our Minds: Learning to Be Creative, sur l’importance d’un système d’éducation qui cultive la créativité plutôt que de l’étouffer.

La conférence de Robinson est empreinte d’humour et s’avère fort instructive sur l’art de parler en public. Pour ceux que le sujet intéresse, vous ne regretterez pas la lecture de Orbiting the Giant Hairball, de Gordon MacKenzie. Si l’homme a réussi à aller sur la lune (n’était-elle pas plus magique avant qu’on n’y mette le pied ?), assurément on peut rétablir l’équilibre entre les besoins de tous.

Mise à jour, 02 mai 2009 | Le Globe and Mail nous offre deux vidéoclips d’un discours de Ken Robinson donné à Toronto à l’occasion d’une levée de fonds pour venir en aide à la Coalition pour l’éducation en musique au Canada (GlobeCampus : Exclusive video: Sir Ken Robinson in Canada). Toujours aussi savoureux!


Par ricochet :
Les 6 mythes de la créativité
Vivement la créativité !
La créativité et l’enseignement

Les effets de l'alcool sur le cerveau des jeunes

Les drogues et l’hypersexualisation dans les écoles ont grandement banalisé le problème de consommation d’alcool chez les jeunes. À la lumière de récentes études, sans doute devrait-on ramener le sujet à l’avant-scène. Une étude publiée dans la revue Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine (Age at Drinking Onset and Alcohol Dependence) indique que 47 % des jeunes qui commencent à boire avant l’âge de 14 ans deviennent alcooliques à un moment de leur vie, comparé à seulement 9 % de ceux qui attendent d’avoir 21 ans (New York Times : The Grim Neurology of Teenage Drinking). L’article du New York Times fait d’ailleurs un excellent bilan des dernières recherches sur les effets de l’alcool sur le cerveau des adolescents.

Voici d’autres faits saillants :

    • L’excès périodique d’alcool (binge drinking) par des animaux de laboratoire endommage les cellules du cerveau antérieur et de l’hippocampe, ce dernier étant fortement associé à la mémoire.

    • Les adolescents alcooliques obtiennent de piètres résultats dans des tests de mémoire verbale et non verbale, de concentration et d’habiletés spatiales comme celles nécessaires à la lecture d’une carte géographique ou l’assemblage d’un meuble.

    • Chez les rats, une seule dose d’alcool nuit temporairement la création de nouveaux neurones à partir de cellules souches progéniteures qui semblent jouer un rôle dans le développement du cerveau.

Quoique les études semblent démontrer que les adolescents retrouvent leur capacité intellectuelle après le sevrage de l’alcool, il reste que l’alcool handicape le cerveau pendant une période cruciale à l’apprentissage. Dans ce cas-ci, une once de prévention vaut mieux qu’une livre de remèdes.


Par ricochet :
Des ados plus sages? (L’Infobourg)

Ethnomathématiques

Je ne connaissais pas l’ethnomathématique avant que Roland Piquepaille ne me fasse découvrir l’utilisation qu’en fait Ron Eglash dans la classe. Celui-ci a conçu des applications en ligne qui recourent à des éléments de culture pour enseigner des notions de mathématique. Il s’agit sans doute d’un fameux moyen de donner un sens à une discipline généralement abstraite.

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Creative Commons pour contrer le plagiat à l'école

La question du plagiat, maintenant exacerbée par les technologies de l’information, défraye régulièrement les chroniques. La réaction initiale à la prolifération du plagiat fut un renforcement des contrôles, tel que le durcissement des sanctions et le recours à des services de dépistage. De plus en plus, cependant, on se tourne vers des solutions éducatives, opérant au coeur du problème plutôt qu’en périphérie. Deux articles du dernier numéro d’Innovate, le premier sur l’éducation au plagiat et le second sur l’utilisation des licences Creative Commons à l’école, m’ont amené à me demander si le premier ne pouvait pas bénéficier du second.

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Le bullying par les enseignants

Est-il possible que tant d’enseignants harcèlent des élèves ? La revue The International Journal of Social Psychiatry a publié une enquête selon laquelle près de la moitié des enseignants du primaire admettent avoir harcelé des élèves (Menninger : Nearly half of elementary school teachers admit to bullying). Malheureusement, l’article ne définit pas bullying. Mais peu importe la définition qu’on y prête, l’intimidation délibérée des élèves constitue un problème auquel il faut apporter des solutions. Si les adultes souffrent du harcèlement, imaginez les répercussions sur un enfant. Sans absoudre ce genre de comportement, et aussi étonnant que cela puisse paraître, il n’en demeure pas moins que les enseignants sont mal préparés pour composer avec les élèves turbulents.

Teachers need methods and help with disciplining children. The tragedy is that school districts rarely give teachers any help with discipline. They learn it by the seat of their pants.

À mon avis, les enseignants, dans la plupart des cas, usent d’intimidation en désespoir de cause plutôt que par malveillance. Quoi qu’il en soit, le problème ne se résorbera pas de lui-même, surtout quand on sait que les enseignants ont la perception que les élèves sont de plus en plus difficiles à diriger.

Mise à jour, 3 juillet 2006 | J’ai obtenu une copie imprimée de l’étude de la part de Menninger. Le questionnaire soumis aux enseignants définit un bullying teacher comme suit : A teacher who uses his/her power to punish, manipulate or disparage a student beyond what would be a reasonable disciplinary procedure.


Par ricochet :
Étude sur les causes de l’intimidation
Les cicatrices de l’intimidation