Dopage intellectuel ou dopage intelligent?

zhudrug2Non loin est le jour où le dopage ne sera rien de plus qu’un moyen de s’élever… à la moyenne. (Mathieu Harvey)

Plusieurs facteurs concourent à l’évolution des psychotropes qui agissent sur la performance intellectuelle. J’accuse principalement les percées en neurologie et en pharmacologie, la pression sociale au regard de la performance, et la primauté de l’économie sur l’éthique. Heureusement qu’il existe des institutions comme l’UQAM pour discuter de la question sur la place publique. Ayant déjà exprimé mon opinion sur l’utilisation de psychotropes à des fins intellectuelles, je participerai jeudi à un débat public où je m’exprimerai en tant qu’éducateur (Coeur des sciences : Vers la performance à tout prix – Le dopage intellectuel).

Pour faire le point sur l’usage des psychotropes de synthèse, je serai accompagné d’Éric Racine, directeur de l’Unité de recherche en neuroéthique à l’Institut de recherche clinique de Montréal (IRCM), et Marc-André Bédard, professeur de psychologie à l’UQAM et chercheur au Centre de neuroscience de la cognition. Considérant la délicatesse du sujet, je serais fort aise de connaître les opinions de ma blogosphère. Je vous saurais gré d’exprimer votre avis en commentaire ou sur votre carnet.

    dopageintellectuel2

Ma position, pour le moment, se résume à promouvoir un usage intelligent des psychotropes, comme toute autre technologie. Car une fois le génie sorti de la bouteille, il devient quasi impossible de l’y remettre. Mais comment définir ‘usage intelligent’, direz-vous? Par une application d’un savoir collectif et concerté, d’une part, et par l’exercice du jugement individuel d’autre part, tous deux le fruit d’une éducation sociale et scolaire.

La formule du débat, au demeurant, est le genre d’activité qui appelle à la performance. Pour marquer le point, peut-être devrais-je participer à la discussion sous l’effet du Ritalin.

Mise à jour, 09 mars 2009 | Dans son numéro du 15 mars, le magazine L’actualité présente un dossier intitulé Intelligence sur ordonnance. Quelques articles qui ont attiré mon attention :

Mise à jour, 11 mars 2009 | Dans un article fort intéressant, Rémi Sussan étend la discussion au-delà des psychotropes pour intégrer la technologie (InternetActu : Le cerveau, objet technologique : Drogues, ondes et lumières…). On y trouvera un lien vers l’article de la revue Nature qui a jeté le pavé dans la mare (Towards responsible use of cognitive-enhancing drugs by the healthy; PDF). J’avais déjà envisagé de faire ce pont demain lors du débat public, et j’y trouve de nouveaux éléments. Je remercie Mario de m’avoir signalé l’article.

Mise à jour, 12 mars 2009 | Je rentre d’une très agréable expérience organisée par la Commission de l’éthique de la science et de la technologie. La rencontre était moins un débat qu’un « bar des sciences », une formule très décontractée et informelle qui favorise la participation du public.

J’étais en agréable compagnie. L’animation, par Sophie-Andrée Blondin, était conviviale et dans le ton, à un rythme de circonstance. Quoique très impressionné par les connaissances scientifiques des autres invités, Marc-André Bédard et Éric Racine, j’ai apprécié leur humilité et leur aisance devant un public ma foi assez disparate.

Marc-André Bédard et Éric Racine ont apporté un éclairage scientifique et utile sur la question des amplificateurs cognitifs. En résumé, le premier a été convaincant à souligner l’incapacité de ces produits à amplifier la capacité cognitive d’un sujet normal; tout au plus, ils concentrent certaines fonctions cérébrales. Quant à M. Racine, il s’est montré très prudent dans ce que la science peut affirmer au regard de l’usage des nootropiques, mais ne manquant pas de rappeler l’importance de la sécurité dans une perspective d’éthique.

La CEST publiera au printemps un avis sur la question du dopage intellectuel. Le sujet est délicat, et il faut lui reconnaître l’audace de s’y attaquer.

Pour l’heure, j’ajoute ci-dessous le texte que j’avais préparé pour mon tour de scène. Quoique la formule du bar des sciences ne m’a pas permis de m’y tenir, je le publie au bénéfice de ma communauté. Que ceux qui ont l’amabilité d’apporter de l’eau au moulin et qui n’y retrouvent pas leurs idées ne se vexent pas : j’ai tâché de faire valoir leurs points de vue durant la période d’échange avec l’assistance.

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La question des amplificateurs cognitifs, ou des nootropiques, est trop complexe et trop évolutive pour donner lieu à des certitudes irrévocables. Le doute appelle le jugement, l’objectivité et l’ouverture d’esprit. Par conséquent, j’ai apprécié l’audace et la lucidité avec lesquelles les sept cosignataires de l’article dans la revue Nature proposent l’usage de psychotropes à des fins cognitives, abordant les questions d’éthique, faisant des recommandations politiques, proposant des mécanismes de régulation et suggérant une concertation de ressources.

Les auteurs du plaidoyer dans la revue Nature (décembre 2008) recommandent que les adultes sains d’esprit aient la liberté d’utiliser des amplificateurs cognitifs de synthèse. Mais qu’en est-il des jeunes?

D’importantes questions d’éthiques sont propres aux enfants, notamment le testage de nouveaux médicaments sur des enfants, et l’égalité dans l’évaluation et la performance scolaire.

Faire l’autruche n’est pas une solution. Trop d’éducateurs manquent d’information pour prendre des décisions éclairées. Nous nageons dans l’ignorance sur le sujet, et les divergences morales ne font qu’exacerber la disparité des actions. Peut-on réellement jeter le blâme aux enseignants accablés par la tâche qui préconisent le Ritalin pour calmer les élèves qui ont la bougeotte, quand c’est le seul moyen qu’ils connaissent?

Le problème ne se résume pas aux psychotropes. Des moyens technologiques, comme les implants de microprocesseurs et les nanotechnologies pointent à l’horizon.

Il est dans la nature de l’homme de créer. Il crée pour faciliter son rapport avec l’environnement, tant sur le plan individuel (besoins, plaisir, etc.), social qu’environnemental. La technologie est le moyen par lequel il agrémente ce rapport. Il est paradoxal, donc, de penser que le propre de l’homme est de dénaturer.

Il faut revenir à une éducation équilibrée, qui n’a pas comme seul objectif la performance cognitive, mais un corps sain et un esprit sain. Les impératifs économiques ne sauraient primer la condition humaine. Recourir aux amplificateurs cognitifs à des fins de performance économique, c’est s’engager dans un cercle vicieux de compétition à la production.

Nous savons qu’il existe des moyens naturels d’optimiser l’intelligence (exercice, alimentation, sommeil). Nous connaissons de même plusieurs facteurs de la réussite éducative (soutien familial, richesse de stimuli environnementaux, lecture, intervention précoce, etc.), mais nous optons pour d’autres priorités sociales.

Et pourtant, il existe beaucoup de gens bien pensants qui prônent des idéaux humanistes, mais qui n’hésitent pas à exiger de l’école qu’elle hausse les standards de performance pour leurs enfants.

Nous avons besoin d’une éducation (scolaire et sociale) qui correspond à notre époque, branchée sur le passé, bien sûr, mais tournée vers l’avenir. L’accélération du progrès fait en sorte qu’il faut outiller les jeunes à apprendre (apprendre à apprendre; raisonner, planifier, résoudre des problèmes, penser abstraitement, analyser et synthétiser, faire preuve d’esprit critique, etc.). C’est sans doute la seule façon de préparer les jeunes à affronter des défis dont on ignore aujourd’hui l’existence. Dans tous les cas, il vaut mieux éduquer afin de modérer les mesures de régulation.

L’accélération de l’évolution creuse le fossé générationnel. Les jeunes n’attendront pas que nous ayons trouvé toutes les réponses pour tenter des solutions. En plus d’être vulnérables, ils ont leur propre école, celle des réseaux sociaux. Ils sauront bien trouver dans Internet les produits dont ils apprennent l’existence dans les coulisses de leurs discussions. Malheureusement, ils sont mal placés pour faire la juste part des choses.

Une autre issue, il me semble, est de tirer profit du vaste creuset social qui nait de la libre circulation des idées, des ressources et du comportement. La société a toujours été en mode bêta continu, comme ce qui caractérise aujourd’hui le monde virtuel. Or, les données colligées ouvertement sont plus facilement analysables que celles qui opèrent illicitement dans l’ombre.

Est-il éthique de ne pas permettre l’usage des amplificateurs intellectuels? N’y a-t-il pas là une solution à la préservation des facultés cognitives lors du vieillissement?

Se peut-il que la technologie ne change pas fondamentalement la nature humaine, mais seulement son comportement?

Notre intelligence, dans sa forme actuelle, n’a pas mené au succès sur le plan humanitaire ou planétaire. Peut-être le recours à des amplificateurs cognitifs est-il un élément de solution pour l’avenir qui nous attend.

Enfin, peut-être l’humanité doit-elle se doter d’une charte de la condition humaine.

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En annexe :

Les auteurs de l’article publié dans la revue Nature soulèvent trois considérations éthiques : 1) la sécurité au regard des effets secondaires et des effets à long terme; 2) la liberté, particulièrement le droit de refus à l’obligation de prendre des psychotropes; 3) égalité des chances, notamment en éducation (impératifs de passage standards; inégalités sociales et cours privés; clivage public-privé) et socialement afin de ne pas favoriser les riches.

Les auteurs en appellent à 1) une approche scientifique d’évaluation des avantages et des risques des amplificateurs cognitifs; 2) des politiques qui assurent l’égalité dans l’usage des amplificateurs cognitifs, notamment au regard des disparités socio-économiques, et protègent les individus contre leur usage coercitif.

Les auteurs suggèrent quatre types de mécanismes pour étayer les politiques : 1) un programme accéléré de recherche sur les avantages et les inconvénients des psychotropes; 2) la participation d’organismes professionnels à la formulation de normes d’utilisation; 3) des mesures d’éducation publiques; 4) des politiques de réglementation.

La solution passe par une concertation des ressources 1) scientifiques, 2) professionnelles, 3) éducationnelles, 4) sociales et 5) politiques. Il faut savoir faire contrepoids aux courants qui émanent du laisser-aller des sous-cultures, voire des cultures des masses.

Dans leur conclusion, les chercheurs affirment que nous devrions applaudir de nouvelles méthodes d’augmenter nos facultés mentales.

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Mise à jour, 21 avril 2009 | Un excellent article dans The New Yorker (Brain Gain: The underground world of “neuroenhancing drugs”) trace un portrait convaincant de l’usage des dopants intellectuels dans certains milieux, de même que la certitude de leur popularité, voire efficacité, à venir.

Mise à jour, 16 mai 2009 | À son tour, le Christian Science Monitor (Pill wars: Should we use drugs to boost our brains?) se penche sur la question des stimulants intellectuels en faisant ressortir le problème éthique de la coercition à prendre de tels médicaments par des gens en autorité.

Mise à jour, 13 mars 2011 | Il y a un bon moment que j’ai vu un article sur ce sujet. Voilà que j’en découvre deux. Kyle Munkittrick commente un article de Matt Lamkin (The Chronicle : A Ban on Brain-Boosting Drugs Is not the Answer) dans lequel ce dernier aborde le sujet d’un point de vue légal. Munkittrick, en éthicien qu’il est, donne un avis moins juridique sur la question (Discover : Cognitive Enhancers Are not “Cheating”).

Mise à jour, 18 juillet 2011 | Un article dans Le Figaro (Réussir aux examens: les remèdes qui marchent) fait brièvement le point sur l’efficacité des nootropes sur la mémoire.


(Image thématique : Drug 2, par Zhu Hai)


Par ricochet :
Les pharmaceutiques visent-elles les jeunes ?
Faut-il révéler aux élèves le secret du café ?
Ces enfants qu’on presse comme des citrons
Neurosciences, cognition et affectivité
La prochaine révolution : la neuropharmacologie

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38 réponses

  • J’ai bien peu à dire sur le sujet si ce n’est une chose.

    Tout ce qui contribue à persuader un enfant que ce qu’il accomplit n’est pas vraiment de lui, a tendance à la diminuer, à petit feu.

    J’ai souvent observé qu’un artifice n’aide pas le développement de la confiance, à moyen terme. Tout enfant a besoin de sentir qu’une grande part de lui participe à sa construction, sans quoi, il a tendance à perdre confiance. Par exemple, le fruit du travail de ses mains ne ment pas. L’individu sait qu’il est responsable de son dessin, de sa sculpture ou de sa manipulation d’un ballon, car c’est une série de décisions prises par son corps qui a mené au bon résultat qu’il obtient. Dès l’instant où un jeune a un doute qu’il est vraiment celui qui décide et qui fait, on dirait que sa structure d’apprenant se déraille.

    Si un médicament comme le Ritalin vient corriger une défaillance qui dit à l’enfant que, dans des conditions normales, il serait capable de maintenir un certain niveau d’attention lui permettant de réaliser de «biens meilleurs apprentissages», ça reste un truc qui lui enlève de la confiance en soi, à long terme. Heureusement, le déficit d’attention ou l’hyperactivité tend à se corriger avec le temps et l’enfant voit diminuer la dose nécessaire pour lui procurer le sentiment de contrôle sur ce qui lui arrive.

    Cet exemple qui se veut une forme d’exception au principe de l’artifice qui nuit plus qu’il n’aide me fait dire que tout résultat obtenu par les psychotropes qui serait interprété comme étant lié à la substance plutôt qu’à l’individu me paraît être contre-productif, à moyen ou long terme, chez un individu moindrement sensible. Danger de créer de la dépendance «dans ce qui devient le facteur du succès», escalade dans le dosage nécessaire pour performer de plus en plus, perte de confiance dans sa capacité de mobiliser les ressources pour apprendre et surtout, baisse grandissante de l’estime personnelle me paraissent être les plus gros pièges de l’utilisation de ces substances, à moins qu’elles ne viennent corriger des dysfonctions qui laissées en pan créeraient encore plus de dommage.

  • Platon parle de l’écriture comme d’un pharmacon (drogue, dope). Il oppose alors l’écriture comme artefact à la parole vive. Derrida qui le commente (dans La Pharmacie de Platon) montre qu’il y a de l’artifice déjà dans la parole (quand elle est utilisée par les sophistes). Tout ceci peut sembler bien excessif aujourd’hui. Mais je pense qu’une pédagogie ‘naturelle’ est celle qui s’appuierait sur la pratique orale et sur la mémoire. Même quand il s’agit de littérature. C’est ainsi qu’on l’entend dans les civilisations traditionnelles. Le principe pourrait être: « Ne demande jamais à un enfant de faire à l’écrit ce qu’il ne serait pas capable de faire à l’oral (de mémoire). »

  • Il n’y a guère plus rien de naturel dans notre mode de vie contemporain, comme Christian le fait remarquer. La technologie et les produits synthétiques se sont immiscé partout, jusque dans les aliments. Qui sait si un jour on n’enrichira pas les aliments de psychotropes, comme on le fait de vitamines et de minéraux?

    Mario fait bien de me mettre en garde contre l’interprétation que l’on peut donner aux propos quand il s’agit d’un sujet qui touche assurément des fibres sensibles. Je ne veux surtout pas donner l’impression de promouvoir l’usage de produits chimiques chez les enfants.

  • Jean Trudeau dit :

    À partir du moment où un enfant ‘répond docilement à nos attentes’ lorsqu’il prend les psychotropes prescrits, le risque est grand — si on n’y prend garde — de déclencher un réflexe naturel de déresponsabilisation chez ses éducateurs, professeurs ou parents… À la première manifestation de comportements chez l’enfant rappelant ses frasques antérieures, on aura tendance à pointer du doigt le dosage ou la fréquence de sa médication… et à prendre de nouveau rendez-vous avec son médecin pour faire réviser la prescription! Si j’en parle ici, c’est que j’ai déjà observé le phénomène.

  • Elaine L. dit :

    ** commentaire effacé **

    Écoutez, ça fait 3 fois que j’efface tout ce que j’écris. Ce sujet m’interpelle.

    Chaque fois que ma fille utilise le mot « parfait », je l’interpelle sur l’utilisation de ce mot. Elle a 4 ans. J’essaie de lui enlever cette sale habitude de vouloir déjà que les choses soient parfaites, comprendre : qu’elles répondent à des critères éphémères, dictées par l’air du temps, mais surtout, arbitraires et émanant de l’extérieur.

    C’est dur car je vais pas dans le sens de la majorité. Remarquez, individuellement, y’a pas mal plus de gens que l’on pense qui sont d’accord avec mes propos.

    Alors va pour les 80

  • Elaine L. dit :

    oups bouton « Poster » cliqué trop vite.

    Alors, disais-je votre joli débat concerne le 80% de la population qui semble avoir une vie déterminée dès sa naissance : viser la perfection. Moi je m’en fous, je ne fais pas partie de ce groupe. Je devrais préciser, je n’en fais plus partie.

    Non, moi, maintenant, je vise d’être heureuse. Ce seul petit détail crée un effet papillon que vous ne soupçonnez pas.

  • Elaine L. dit :

    Suite et fin

    Pour tuer dans l’oeuf toute supposition d’errance de ma part, je précise que je suis agnostique (pas capable d’être athée…, on sait jamais). Je suis d’un septicime, cruxial dans le cadre de mon travail mais qui fatigue mes proches. Je n’ai malheureusement pas la foi alors l’homéopathie n’est pas pour moi….

    On s’en reparle certainement une autre fois…

  • Je suis aussi inquiet que vous tous quant à l’utilisation de ces amplificateurs cognitifs.

    Il n’en demeure pas moins que le phénomène a déjà commencé à s’abattre sur nous. La question maintenant est de savoir quoi faire. Je ne veux pas faire l’autruche avec les jeunes. Ignorer le problème, c’est lui permettre de s’aggraver. Je ne vois toujours pas d’autre solution durable que l’éducation.

  • Cette discussion fait froid dans le dos…

    Comme François, il me semble que seules une éducation sociale et scolaire durables peuvent aider nos apprenants à discerner ce qui est bien pour eux ou non.

    Je partage l’approche d’Eliane, cette course sans fin à la perfection est dangereuse parce qu’elle incite chacun à penser qu’il pourrait toujours mieux faire, qu’il aurait dû mieux faire !

    C’est une incitation à se surpasser en permanence et donc la porte ouverte à la prise de substances susceptibles d’aider à y parvenir…
    Ces substances leurrent l’apprenant en rétablissant artificiellement une confiance vacillante !

    En revanche, le scepticisme érigé en principe premier me gène : quelle place à la confiance laisse-t-il ?
    Ne conduit-il pas l’apprenant à douter de lui-même ?
    Ne renforce-t-il pas ce besoin de concret, souligné par Mario ?
    Ne participe-t-il pas justement à cette spirale de la perfection que vous rejetez Eliane ?

    Ma Grand-mère disait « Le mieux est l’ennemi du bien » !

  • J’avais un élève dyslexique sévère. Sympathique et qui souffrait durement de son handicap. Un jour sa mère me dit que le service hospitalier qui le suit prescrit de la ritaline. Sur le coup, j’ai trouvé cela bien inquiétant. Mais j’ai souligné que je ne suis pas médecin, et il se trouve que je connais le médecin prescripteur dont nul ne peut douter qu’il est un honnête homme. Je me suis donc efforcé d’avoir une attitude qui ne soit pas « obscurantiste ». Je me suis abstenu d’alarmer cette mère. L’enfant prend donc son traitement. Il se porte beaucoup mieux. Réussit à l’école, là où l’école ne se privait pas de stigmatiser son échec. Voilà. Cela ne signifie pas que je sois devenu partisan de la ritaline…

  • Moi aussi ce sujet m’interpelle.

    Ne vit-on pas dans une société obnubilée par la dictature du néocortex ? Un monde ou l’intelligence intellectuelle est assujettie à la performance (comme le corps l’est avec les sports), au détriment des autres dimensions de l’humain ?

    Où est la place de la sagesse ? Où sont les moments de silence intérieur ? Le dictateur ne crée-t-il pas toute cette agitation intellectuelle pour mieux régner ?

    Que dire de ceux qui s’agitent devant tout ça, de ceux qui disjonctent devant la pression incroyable d’être une personne performante ? On les dope pour qu’ils performent d’avantage ou bien on les dope pour qu’ils cessent de s’agiter…

    Il n’y a rien que je trouve plus troublant que de voir un enfant docile en classe… capable de concentration artificielle, au prix d’un regard vitreux.

    Vivement la révolution, vivement, une démocratie des intelligences ou, à défaut, une monarchie éclairée.

  • Garamond dit :

    Nos connaissances de la chimie du cerveau en sont encore à leurs balbutiements.
    On vient de découvrir que ceux qui prennent une certaine drogue sont beaucoup plus enclins à devenir des joueurs compulsifs.
    Quand on maitrisera tous les effets des produits chimiques sur le cerveau, on pourra, en effet, améliorer l’intelligence, la mémoire, on pourra maitriser l’agressivité, les pulsions négatives, etc.
    On n’est pas encore rendu assez loin…

  • On me pardonnera la brièveté (et les fautes) de mes commentaires, car je suis confiné à mon mobile pour cette discussion.

    Je remercie d’abord les lecteurs de leur généreuse participation. Je n’en espérais pas tant.

    Je perçois un consensus très intéressant se dessiner autour du courant de slow movement qui s’insurge contre le productivisme des sociétés modernes. Il y a là, je crois, un second élément de solution, une solution culturelle que je préfère à une solution politique ou légiférée, aussi imparfaite soit-elle. Ces derniers remèdes ont l’odieux d’imposer leur loi à tous. Christian nous rappelle l’importance du jugement individuel éclairé.

    Par ailleurs, je suis rassuré de constater que mes lecteurs, certains très épris de technologies, conservent néanmoins aisément leur humanité :-)

  • Quand le maire d’une grande ville brandit en plein conseil municipal une «boisson énergisante» en invitant la population à l’acheter à la caisse, il participe à cette culture de la performance dont émane le problème du dopage. Quelle est la ligne entre la saine émulation et une utilisation malsaine de produits qui aident à performer? Est-ce uniquement une question de santé physique? Est-ce une question de fairplay (dans les compétitions)? Est-ce une question d’équilibre entre la vie personnelle et la vie au travail? Est-ce une question d’équilibre dans la vie personnelle et dans la vie au travail? Il n’y a pas de réponse toute faite à votre question. Cela dépend essentiellement du système de valeurs sur lequel nous voulons que repose nos activités (à l’école, au travail, dans le sport amateur et professionnel, etc.)

    Sur un autre plan, je me suis aussi demandé s’il ne faudrait pas décriminaliser les drogues et plutôt aider ceux qui en subissent des conséquences négatives (Pourquoi pas un monde sans drogues criminalisées?). Après tout, l’ONUDC estime à environ 200 millions le nombre d’individus âgés entre 14 et 64 ans qui consomment diverses drogues illicites et de ce nombre environ 25 millions éprouvent de sérieux problèmes de dépendance; la plupart de ceux-ci sont héroïnomanes ou cocaïnomanes. En revanche, on a créé un sérieux problème de criminalité endémique. Veut-on reproduire le même modèle avec les psychotropes de synthèse?

    Peut-être, finalement, devriez-vous y aller sous l’effet du LSD ;-)

  • Plusieurs ont dénoncé, à juste titre, le maire Labaume pour son approche mercantiliste à la controverse autour Red Bull Crashed Ice. C’est un exemple de démocratie en action, malgré ses ratés.

    Très sérieusement, j’en suis rendu, mois aussi, à considérer les avantages de la décriminalisation relativement à des comportements que les autorités, par excès de sanctité, espèrent controler.

  • amel d'alger dit :

    bonjour,
    voilà un sujet qui suscité un débat riche! à partir d’un point de départ, on avance et se heurte à d’autres considérations.
    voici mon opinion:
    en premier lieu , je suis contre les produits chimiques en général, surtout lorsqu’il s’agit du cerveau,
    en deuxième lieu, je suis contre cette course à la réussite et à la perfection , que la société nous impose, à nous, et surtout à nos enfants!
    je suis contre bcp de choses, effectivement, et à tel point que je n’ai jamais consommé de café justement parce qu’il « aidait » à se concentrer (ce que je refusais, étant une adepte du « réussir » par moi même), et aussi parce qu’il créait une dépendance (étant également une adepte de « mon indépendance avant tout »)
    par conséquent, je réprouve totalement l’usage de produits destinés à « doper » le cerveau,
    mais le problème est que, si moi je trouve cela mauvais , relativement à mes principes, comment convaincre les autres, les jeunes en particulier, des effets néfastes de tels produits?
    en fait, c’est tout autant l’importance que l’on accorde et ce que l’on attend du produit qui dangereux (pouvoir psychologique), que ses effets eux mêmes, purement chimiques ceux là!
    amel, d’alger

  • Elaine L. dit :

    @Gael : suis d’accord avec vous. Je précisais mon scepticisme non pas comme foi aveugle et du doute perpétuel, mais seulement pour écarter des soupçon de divagation, du fait que je sus intervenue dans un domaine de travail qui n’est pas du tout le mien. Mon commentaire est celui d’une maman lambda, qui est estomaquée de cette aplanissement des différences de nos enfants et de cette tendance à une perfection qui ne peut qu’être arbitraire.
    Je suis parfaitement d’accord avec le mieux étant l’ennemi du bien (et entre nous, franchement ennuyant car tellement prévisible)

  • Voilà une attitude exemplaire d’Amel. Elle est d’autant plus nécessaire qu’elle préserve certaines vertus qui définissent notre humanité.

  • Intéressant, voire inquiétant la radicalisation croissante des prises de position de ce fil de discussion.

    Sur une proposition très ouverte de François, on aboutit à l’affirmation d’un refus catégorique, voire jusqu’au boutiste en passant par la position médiane de Christian.

    Je travaille actuellement sur l’Apprentissage Par Problèmes (http://www.fsa.ucl.ac.be/candis_02-03/publications/fsapp-st-v6.pdf).
    Selon vous, cette approche pourrait-elle être employée pour inviter nos apprenants à réfléchir sur la question de départ ?

  • La question de Gael me semble directement liée au radicalisme qu’il constate dans certains commentaires, en ce que l’apprentissage par problème est un bon moyen, je pense, d’éviter l’extrémisme. Car l’apprentissage par problème passe forcément par la l’analyse du problème dans sa complexité. Par conséquent, cette méthode me semble effectivement très prometteuse.

  • Elaine L. dit :

    Derrière sa brume, André Forcier disait quand même hier à TLMEP que nos apprenants avaient peut-être moins l’occasion à l’école d’apprendre des méthodes d’analyse et que même si les intervenants étaient mieux formés qu’avant, l’enseignement lui semblait de moins bonnes qualités.

    C’est un pt de vue. Je ne veux pas en discuter ainsi et je l’énonce strictement pour amener cette question: les propres intervenants, même s’ils sont bien formés, qu’ils ont les outils adéquats, etc, acquièrent-ils cette capacité d’analyse qui leur permettrait à leur tour de savoir quand utiliser la pharmacopée auprès des étudiants?

    De plus, ma seule réserve quant à l’apprentissage par problème est qu’elle pourrait mener à des pratiques d’induction chez l’apprenant, plutôt que des pratiques de déduction. Il me semble que ces dernières sont plus facilement transférables (on parle de ces *&%? compétences transversales au Québec et je trouve que cette attitude en est une d’instrumentalisation de l’éducation – autre sujet!).

  • Marc André dit :

    Quelques commentaires en vrac

    @François: « Qui sait si un jour on n’enrichira pas les aliments de psychotropes, comme on le fait de vitamines et de minéraux? » Sans parler d’enrichissement, on ajoute déjà à plusieurs aliments des produits qui ont un effet psychotropique chez certains individus; on n’a qu’à penser à la caféïne et ses soeurs, ajoutées à certaines boissons.

    @christian: « le médecin prescripteur dont nul ne peut douter qu’il est un honnête homme. » Loin de moi l’idée d’en douter, mais il a été démontré que quelque chose comme 85 % des médecins, lorsqu’on leur pose des questions sur un médicament donné, régurgitent les réclames du fabricant.
    N’empêche que j’ai pu constater les effets parfois bénéfiques de certaines drogues; comme me le faisait remarquer un ami (intelligent et très aux faits de ce genre de choses), il pourrait cesser de prendre occasionnellement du Ritalin et le remplacer par certains changements à ses habitudes de vie; mais ces changements, dans sa situation actuelle, sont impraticables. Ils demanderaient un retournement des circonstances. Un peu comme ce que le mouvement lent préconise. C’est ce que mon ami vise, par ailleurs, tout en sachant qu’il doit, pour l’instant, composer avec des impératifs plus immédiats.

    J’aime bien cette expression, “Le mieux est l’ennemi du bien” mais je la nuancerait. La conquête de la perfection mènera presque toujours à la dépression ou à l’obsession. Après tout, pour la très grande majorité des gens, il y aura toujours éventuellement quelqu’un de meilleur pour une activité donné. Ce qui ne veux pas dire d’abandonner, de se contenter du statu quo. Viser la perfection peut être contre-productif, mais viser le dépassement peut mener loin. Vouloir se dépasser émaner de soi, contrairement aux pressions externes auxquelles nous sommes confrontés. Ce qui ne signifie pas d’être toujours plus performant, mais bien de chercher à se réaliser plus à fond. Et c’est là que l’éducation sociale et scolaire entre en jeu, et l’apprentissage par problèmes peut grandement aider dans un tel contexte (du peu que j’en sache).

    « We’ll love you just the way you are if you’re perfect »

  • Elle pourrait mener à des pratiques d’induction chez l’apprenant, plutôt que des pratiques de déduction. Il me semble que ces dernières sont plus facilement transférables.

    Elaine, pourriez-vous préciser votre pensée ?

    En quoi la déduction est-elle plus facilement transférable ?

    De mon point de vue, la déduction génère une charge intellectuelle plus importante, qui peut être perçue comme une difficulté.
    La déduction suppose d’identifier l’existant et de confronter ce dernier à une logique connue.

    L’induction, par son mode analogique, est plus progressive.
    Selon moi, elle permet à chacun de s’approprier l’existant au cours d’un processus de recherche (formulation, consultation, analyse, sélection, synthèse) plus apte à faciliter l’apprentissage.

    Il me semble qu’identifier l’existant, c’est-à-dire l’expliciter suffisamment pour qu’il s’énonce avec suffisamment d’intelligibilité afin qu’il résonne/raisonne , relève d’un processus moins intuitif ?

    Ne peut-on former nos apprenants à utiliser l’un ou l’autre mode, en complémentarité, selon la situation et des besoins, mais selon quelles modalités pédagogiques ?

  • Voilà une intéressante discussion ici qui me fait émaner un tantinet de ma brume post-changement d’heure ;-)

    Cette discussion rejoint en fait, en la poussant plus loin, une réflexion que j’ai amorcée il y a quelque temps, et dont j’espère un jour finir par faire un billet… Ça s’appelait au départ « le culte de la vitesse » (colonne « Billets à venir » jamais écrits !!!), mais je pourrais en changer ici le titre pour « Le culte de la perfection ».

    Peu importe le débat, il fautdra éviter de le polariser et ainsi le stériliser. Il n’y a pas de pour ou contre les agents modifiants le fonctionnement du cerveau. Nous prenons pour la plupart ici de la caféine le matin (et parfois plus tard en journée) en guise de démarreur ou d’assistance au démarrage.

    De toutes les époques, l’humain a consommé des substances qui modifient son fonctionnement.

    MAIS la question est ici sans réponse tranchante. Malheureusement pour certains…

    Que veut-on dans la vie ? Des enfants qui se développent ou des enfants qu’on développe ? Faut-il pousser la performance à tout prix ou aider des humains à le devenir (ou à le rester ?)… Peut-on assister un humain avec une « technologie » qui va VRAIMENT l’aider (mais alors qu’est-ce qu’aider vraiment ?) ? (OUCH ! Une question dans la question !)

    Bref, j’ai plus de questions que de réponses, mais j’aime bien l’idée de se valider par le regard qui reste à l’enfant : pour voir tous les jours les yeux de mon poupon (Je vais encore (m’)attirer de la pub avec ce mot clé – cf. Twitter pour les intimes), je me dis que ce regard, il faut veiller à ne pas le gâcher, à ne pas le ternir, à l’aider à s’épanouir : là est l’essentiel à mon humble avis de père-prof-musicien pas spécialiste du tout, mais qui tente d’être humain jusqu’au bout des ongles ! Simplement.

    « Avoir du plaisir » doit aussi être considéré dans l’équation, car la vie sans plaisir, juste dédiée à la performance pure est un excès, selon moi, car alors même le « plaisir » éprouvé dans la performance extrême en est-il encore un ?!?

  • @Sylvain : « Dis Papa, pourquoi le Soleil ne voit-il pas la Lune quand il a rendez-vous avec elle ? »

    ;o)

  • Il me semble que l’apprentissage par problèmes repose davantage sur une série de déductions, du moins durant le processus. Il s’agit cependant de mettre les élèves en garde contre les pièges de l’induction, comme le souligne Élaine que je remercie de la pertinence du commentaire. Pour le reste, je suis plutôt d’accord avec Gael quant à la facilité de transférer des déductions. Mais ce n’est pas très évident.

    Je suis reconnaissant à Marc André de nous rappeler l’importance du dépassement personnel comme moteur à l’apprentissage. Du coup, j’y vois une motivation intrinsèque.

    Je retiens surtout de la participation de Sylvain cette mise en garde contre une approche manichéiste. La question est trop complexe et comporte trop de subtilités pour imposer un couperet. Par ailleurs, j’aime bien la distinction entre « des enfants qui se développent ou des enfants qu’on développe ».

  • Anne-Marie Tougas dit :

    La performance, dans le contexte présent, fait référence essentiellement au capitalisme, à l’individualisme. Ce ne sont, malheureusement pas, des objectifs à atteindre, en soi. Il s’agit davantage d’une hystérie collective, exacerbée par une consommation de TOUT, à un rythme effréné, comme si les gens avaient cette peur-terreur de manquer quelque chose ou de …. quelque chose. Le problème vient de loin, bien enraciné dans l’inconscient collectif. Nous avons perdu la simplicité de vivre et devons réinventer notre humanité dans le respect de la biodiversité. TOUT ce que nous ingurgitons, se retrouve dans l’environnement. À Montréal (Québec), il se consomme de très grande quantité de médicaments de TOUTE sorte. Ces médicaments ne sont pas totalement absorbés par le système digestif humain; ils transitent vers les reins pour être évacuer dans l’urine. De ce fait, les usines d’épuration d’eau sont incapables de TOUT filtrer donc, des quantités importantes de ces produits toxiques que sont le RITALIN, les anti-dépresseurs, les anovolants et j’en passe, se retrouvent dans nos cours d’eau, en l’occurrence, le fleuve St-Laurent. Il n’existe aucune façon, à ce jour, de purifier l’eau à 100% que nous rejetons des cabinets de toilette ou de nos habitations en général. RÉSULTATS: Un panache de contamination, long de 20 kilomètres couvre la surface du fleuve, et rendent incapables, les poissons, entre autres, de se reproduire; il s’agit là d’une conséquence isolée de la situation, les chercheurs n’ayant pas réussi à mesurer l’étendue du problème et ses impacts sur l’ensemble de l’écosystème.
    CONCLUSION: Nous consommons, malgré nous, cette soupe toxique, dans nos maisons et à la longue, nous finirons par en devenir malade si ce n’est déjà fait. Nous devons cesser à TOUT prix cette quête stérile de la performance et de la perfection. La vie évolue sur des siècles voire des millions d’années, la performance évolue parallèlement à ce développement du vivant. Comme le lièvre et la tortue, dans la fable de Lafontaine, lequel a gagné la course d’après vous?

  • amel d'alger dit :

    je me relis, et me trouve effectivement extrémiste!
    la réalité est plus nuancée, et je rassure ceux que mon ‘discours » a choqué : certes je m’impose une certaine rigueur, mais sans accuser le reste de l’humanité de boire du café et de fumer!
    je n’ai pas bien compris certains commentaires « techniques » , venant moi aussi d’un tout autre domaine, mais en tant que mère et citoyenne, je suis amenée à réfléchir à toutes ces questions. et les outils proposés pour tenter de « préserver » nos enfants semblent pour l’essentiel revenir à « leur apprendre à réfléchir et à juger en fonction de critères qu’eux mêmes auront établi, et non selon le dictat d’une mode »
    encore une fois, ce qui chagrine et effraie en même temps, est le grand nombre d’enfants qui grandiront sans ces outils de réflexion et d’analyse, et qui verseront pour bcp dans la violence.

  • eptgecra dit :

    Il n’y a pas si longtemps sur ce blog, on semblait s’inquiéter de la possibilité que l’homme se « dénature » en « intégrant » les outils de la technologie numérique…

    Ce dopage intellectuel, ces psychotropes, ne contribuent-ils pas à « dénaturer » l’homme en le « désintégrant » d’une façon beaucoup plus efficace???

    L’évolution de la technologie ne m’émeut guère… même si je ne suis pas une natif numérique. C’est dans ma nature…

    L’évolution des psychotropes ne me fait guère jouir. Même si les effets primaires peuvent êtres intéressants, ils se payent toujours avec les effets secondaires. Passé un certain âge… avec un médecin qui veut vous garder en santé, on le réalise mieux.

    Il n’y a pas de solution parfaite… mais un « esprit sain dans un corps sain » n’est pas si mal. Ah! ce que je fais vieux!

    Excusez-moi.

  • La complexité de cette question fait en sorte qu’elle ne peut être étudiée que dans une perspective globale. Anne-Marie est la première à soulever la facette environnementale. Quoique l’activité humaine est généralement en soi dommageable pour l’environnement, elle jette un nouvel éclairage sur le problème.

    Je sens dans l’amour d’Amel pour ses enfants un plaidoyer pour sauvegarder la nature de l’homme qui est manifestement le dénominateur le plus commun de tous les commentaires. On pourrait croire que cette sagesse suffit à préserver l’espèce des dangers de tout artifice, mais l’histoire nous apprend que les masses succombent généralement aux leurres des médias. Il y a donc lieu de s’inquiéter.

    Dans le billet que ‘eptgecra’ signale, je plaidais effectivement pour un équilibre entre la nature humaine et son penchant pour la technologie. Je suis porté à faire de même au sujet des psychotropes. Je trouve que devant l’incertitude, une position mitoyenne est celle qui permet le plus de mobilité dans un sens comme dans l’autre pour éviter une chute fatale.

  • M. Furet dit :

    Du paradigme de l’apprentissage au paradigme de l’enseignement -

    On parle des effets sur l’apprentissage, mais que dire des effets sur l’enseignement?

    M. Furet, professeur qui s’apprête à passer une nuit blanche de correction, dopé au café et/ou Wake-ups et/ou Red boule. Ah oui! Et qui prend 300 mg d’Effexor depuis maintenant 9 ans…

  • Je ne connais pas trop ce sujet mais je vais dire ce que je veux dire et après on essaiera de faire le lien avec le sujet, en espérant que le tout soit logique et que ça se tienne!

    - Pour ceux qui ne le savent pas je suis en 3e secondaire -

    Aujourd’hui, en période de math, la conseillère d’orientation est venue nous voir pour nous parler des choix de cours de math l’an prochain. 416, 426, 436 ça n’existe plus. Maintenant, à la sauce réformique, ça donne Histoire Société et technique, Science naturelle et TechnicoScience… mais c’est pas à cause qu’il y a ‘histoire’ et ‘science’ que ça touche un ou l’autre : c’est des mathématiques, ça a juste l’air que le gouvernement a manqué ben gros d’imagination. Nous, au programme international, on a le choix seulement entre les deux plus techniques (les deux plus poches, dis-je), donc adieu Histoire Société et technique, ce qui m’intéressait. La description de HSt c’était quelque chose du genre «pour ceux qui aiment coopérer, qui ont de l’entreprenariat naturel et du leadership, ceux qui veulent s’ouvrir sur le monde et les réalités sociales, etc.»… c’est presque exactement le profil de l’apprenant du programme international, ça!! Mais non, même si c’est ce qui rejoint le plus la philosophie du programme, on n’a pas le droit de le prendre, c’est trop facile pour nous, blablabla et blablabla. Depuis que je suis entré au programme international, les profs nous disent qu’on n’est pas plus intelligents que les gens au général et surtout que nous sommes évalués avec les même exigences qu’eux, que si 60% c’est acceptable au général, ce le serait aussi au programme international. Mais là attention, aujourd’hui on a appris que si on n’a pas au minimum 70% (me semble que c’est ça, je suis plus trop sûr) on ne peut pas aller en Sn, encore moins en TS! Pour rester au PEI l’an prochain ça prend 75% de moyenne générale. Pour passer un cours c’est 60%. Si j’ai 65% en math, ça revient à dire que je suis retiré du programme à cause de la note que j’ai reçue d’un cours que je passe!!! Imaginez!

    Le pire c’est quand le prof a ouvert la bouche, ça a été tellement décourageant. Même pour les meilleurs de la classe! J’aurais eu le goût de lui crier «Hé man on est pas des robots! Calme toi un peu, on est des jeunes d’au maximum 15 ans!». Il nous a expliqué les cours et comment lui il voit ça, puis a carrément dit que pour TS il faudrait avoir au minimum 90% pour garder la tête hors de l’eau. Une fille dans la classe s’est affolée un peu et a demandé «Mais coudonc, monsieur! Vous êtes en train de nous dire que si on a pas plus que genre 75% on doit lâcher le PEI?»… et là le monsieur de répondre, super calme, «ben oui, c’est exactement ça»! Tout le monde est parti à rire, mais on gage-ti qu’y en qui ont eu des sueurs froides? Franchement, come on! Là ils nous ont donné une belle tite feuille et ils nous ont demandé de cocher le cours qu’on préfèrerait. J’ai coché Sn, mais à côté de la case y’avait un astérisque. Ça renvoyait à une note en ptite écriture qui disait qu’il fallait avoir X% (remontez plus haut, je l’ai écrit) pour pouvoir cocher ça. Mais moi je l’ai pas du tout ce foutu X là… alors ils voulaient que je fasse quoi? Que je coche rien? Que je coche HSt et que je sorte de la classe tout de suite pour aller dans une classe du régulier?

    C’est ce que j’avais à dire. Faisons maintenant le lien. On nous pousse trop. Avant la manière dont je voyais la réforme c’était que ce serait plus facile, qu’il suffisait d’être compétent et non de tout savoir pas coeur. Absolument pas! On voit plus de matière, les exigences ont monté, on voit des choses en première secondaire que ma soeur (qui est maintenant au CEGEP), elle, a vu en quatrième. On nous dit qu’on a moins de devoirs que ceux avant… pourtant on trouve tous qu’on en est bombardés, et avec raison. On nous en demande trop. L’élite. La perfection, l’utopie. C’est ce qu’ils veulent qu’on soit… mais ce ne sera jamais ce qu’on est. Certains, sous la pression, peuvent craquer, quitter le programme international . Mais c’est sûr qu’il y en a qui vont en faire des nuits blanches, qui vont en brailler des shots, qui vont stresser, qui vont en avoir de problèmes de santé… et c’est ces gens là, à cause entre autres de ce qu’on exige de nous, qui seront le plus poussés à consommer des ‘smarts drugs’… le problème est à quelque part, les ‘smarts drugs’ sont selon moi rien d’autre qu’un symptôme de ce problème.

  • Elaine L. dit :

    merci à François de partager ainsi son site pour une discussion des plus intéressantes !

    @Gael. Je ne suis pas certaine de vous suivre complètement mais voici. Votre réflexion, avec la précision de François, me permettrait de suggérer: partir d’un apprentissage « situationnelle » (donc, d’un existant permettant à l’apprenant d’accrocher les infos dans sa mémoire), mais dans le but de tendre vers une capacité d’analyser un « tout autre », et accepter que l’induction peut être insuffisante et réfléchir aux possibilités nouvelles (outside of the box).

    Dans un sens, il y a continuellement aller-retour induction / plus value à la déduction / induction nouvelle élargie.

    Se développer en se transformant continuellement.

    Tout mon blabla pour réitérer ma crainte sur ces histoires d’apport extérieur (pharmacopée à long terme), agissant localement sur le cerveau et pouvant brouiller ce système d’apprentissage.

    D’accord pour stabiliser temporairement, d’accord pour les cas situés dans les extrêmes de la courbe normale de la population.

    Pas d’accord comme pratique généralisée.

    Les travaux des psychiatres infantiles et des neurochirurgiens dans le domaine des neurosciences cognitives nous donnent déjà de très beaux outils pour agir en tant que parents sur le développement de nos amours.

    @Marc-André. Comme vous dites: perfectionnisme : point de référence externe, impossible à satisfaire.

    Dépassement de soi: point de référence interne. Satisfaction dans le domaine du possible.

    Ca en revient à cette fameuse estime de soi.

  • M. Furet soulève le problème sous l’angle des enseignants. Je ne l’avais pas examiné de ce point de vue. Très intéressant. Entre autres, les enseignants ne se sentiront-ils pas pressés de prendre des amplificateurs cognitifs pour se mesurer aux élèves qui le font?

    Félix, pour sa part, nous fait une brillante démonstration de la pression que le système peut exercer sur les élèves. Impayable! Je ne manquerai pas de l’amener sur le tapis, demain, durant la discussion.

    Quant à Élaine, j’admire la flexibilité et l’adaptabilité de sa pensée. Je réalise que j’ai un lectorat en or.

    Merci à tout le monde de me compliquer ainsi la tâche pour le débat public de demain soir. J’ai encore du travail de synthèse sur la planche.

  • Hélène dit :

    Que dire ?
    Après avoir lu votre billet, les textes soumis en annexe, les excellents commentaires , que dire ? Tristesse … interrogations … Je ne puis croire que le dopage de l’intellect , bien que semble t-il , enclenché , soit la voie à suivre.
    Il y a déjà un tiers de la population qui décroche… les drogues douces favorisant la démotivation chez plusieurs, et voilà, qu’à l’autre extrême, un certain pourcentage , performera à outrance , mais à quel prix ? au détriment de leur santé et de l’écologie ?
    Désolée , mais je suis contre le recours à ces psychotropes ,et mon conjoint, médecin , qui a par ailleurs réussi des études exigeantes sans recours à ces aides , pense la même chose et ne prescrirait pas ces stimulants sans motif chez un adulte. S’il avait passé ses examens avec l’aide de ces stimulants, aurait-il dû continuer à en prendre pour être compétent dans son travail quotidien ?
    Il faut savoir reconnaitre ses limites. Nos fils, par exemple, évoluent dans le sport AA , et s’ils ne peuvent accéder au AAA , ce sera tout à fait correct et aucune pression ne leur est faite , et espérons qu’ils ne se mettent pas eux-même une pression indue.
    Leur programme scolaire, (PEI) est exigeant . Chez nous , pas de pression exagérée, valorisation du temps pour le sport et de l’équilibre, pas de course aux A, Pas de nuit blanche, ni de pleurs. Les math sec 4 MS sont difficiles , mais atteignables avec travail régulier, enfin on verra bien au bilan final….
    Question : Est-ce que l’usage de psychotropes se voit plus chez une clientèle féminine ou masculine ? Les hommes auront-ils besoin de performer davantage aux études supérieures pour rivaliser avec les clientèles féminines dans certaines facultés ?
    Autre bémol: sachant que la schizophrénie est une maladie ou affection multifactorielle qui se déclare souvent chez les jeunes adultes, d’âge collégiale ou universitaire, et qui a de multiples inconnues quant à ses causes, bio-psycho- génético-sociale ? Pourquoi prendre le risque que chez certains adultes, le facteur déclencheur soit l’utilisation de substance chimique ? Personnellement, je fuirais …
    Quel que soit le niveau d’étude ou de travail à fournir : il faut préconiser des habitudes de vie favorisant la réussite : sommeil , exercice, saine alimentation, préparation à long terme plutôt qu’au dernier moment…
    Bon débat, monsieur Guité, et faites -nous part des tendances…

  • xads dit :

    moi je suis simplement un informaticien.
    je suis resté 6 mois sur « la touche » sans revenu et avec une famille à nourrir. j’ai finalement décroché un contrat : et c’est pas gagné.
    Le job est nécesairement très « pointu » (sinon ils auraient pris un interne)
    Les délais de réalisation et autres difficultés sont très difficiles.
    Donc, pendant 6 mois j’ai perdu « de ma capacité » !
    Maintenant il faut que je sois Top-du-Top (en 2 secondes)
    Comment faire ?

  • Votre commentaire illustre toute l’anormalité des cas particuliers. Et pourtant, il n’y a que ceux-ci qui comptent réellement.

    J’ignore si vous demandez conseil ou si vous désirez mettre en lumière comment les émotions se jouent de la raison. Au cas où ce serait le premier, je vous dirais de ne recourir aux psychotropes qu’en dernier recours. Certains vous diront de recourir aux réseaux sociaux en ligne pour vous aider, mais encore faut-il avoir le repos mental nécessaire pour composer avec ce genre de situation; vous ne seriez pas plus avancé si cela ne fait que compliquer votre tâche.



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