Le renforcement, l'apprentissage et les TIC

FarstadStuntGirl.jpgLa récompense, c’est ce qui nous rend bons ou mauvais. (Robert Herrick)

En apercevant le titre du billet (Cognitive Daily : Learning: Is reinforcement required?) et le graphique ci-dessous, j’ai d’abord cru que mon aversion pour les récompenses scolaires serait ébranlée. Une étude laisse entendre que le renforcement immédiat favorise l’apprentissage d’une tâche banale ou ardue. Rassuré du fait qu’il s’agit de renforcement à court terme, j’en induis par ailleurs que l’apprentissage de connaissances et d’habiletés peu motivantes intrinsèquement, comme l’école l’exige souvent, peut être stimulé par un sourire, un bon mot, un élément ludique, voire même un répit pour récompenser l’effort. Peut-être même sous-estimons-nous l’autogratification dans la motivation scolaire.

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Différences d'apprentissage : garçons et filles

BoyGirlLiebermann.jpgGarçon ou fille, homme ou femme, il n’y a que des individus fiables ou non. (Françoise Giroux)

On commence seulement à pouvoir examiner les différences de cerveaux entre les garçons et les filles. Quoique l’un est aussi capable que l’autre dans l’ensemble (McCullough, L. : Does Learning Come in Pink and Blue? Gender and Learning; PDF), on distingue des nuances particulières. Des millions d’années d’évolution ont forcément entraîné de subtiles divergences à un organe aussi vital. Le sujet mérite qu’on s’y arrête considérant les difficultés scolaires chez les garçons et la négligence des écoles dans la différenciation des apprentissages. Pour nous aider à comprendre, Fernette et Brock Eide font le point sur les caractéristiques qui distinguent les cerveaux des deux sexes (Eide Neurolearning Blog : Gender Matters in the Learning Brain).

Studies of students show that boys and girls and men and women tend to differ in terms of intrinsic motivation, study strategies, and learning strategies – females tend to prefer cooperation, note-taking, and task mastery, whereas men are more likely to prefer competition and independent work, and challenge, and avoid note-taking as a study strategy.

Comme les neurosciences cognitives sont un domaine d’étude émergent qui aura un impact certain sur la pédagogie, je crois utile de représenter schématiquement les découvertes au fur et à mesure qu’elles sont portées à mon attention. Pour commencer, le schéma ci-dessous résume les références suivantes (cliquez sur l’image pour un agrandissement) :

differencesappgarconsfilles1

Évidemment, il ne faut pas perdre de vue que toutes ces différences sont des généralisations et ne sauraient être appliquées systématiquement aux pratiques pédagogiques. Au mieux, elles aident à comprendre les comportements des individus et ajuster les interventions au besoin. Par ailleurs, les professeurs doivent être conscients que s’il existe des différences sur le plan des apprentissages, il en va également de l’enseignement (Washington Post : Study: Teacher’s Gender Affects Learning).

Mise à jour, 30 mai 2007 | Un article qui mérite lecture dans le Detroit Free Press (Boys Can make the grade, if they’re not bored) [PDF] fait état des stratégies utilisées par une commission scolaire pour motiver les garçons à l’école. En marge de l’article, on trouve des différences dans les styles d’apprentissage qu’on dit appuyées par la recherche. Sans les références, j’ai préféré ne pas les ajouter au schéma ci-dessus, même s’ils sont intéressants.

Mise à jour, 13 juin 2009 | Une étude menée par la Equality and Human Rights Commission (Grande-Bretagne) indique que les filles craignent davantage d’échouer que les garçons, même si elles obtiennent généralement de meilleurs résultats (BBC : Girls ‘hampered by failure fears’). Le schéma ci-dessus a été modifié en conséquence.

(Image thématique : Garçon et fille dans une rue de village, par Max Liebermann)


Par ricochet :
Différences de cerveau entre les sexes
L’éducation pénalise les garçons
Lenteur des garçons à apprendre l’alphabet
Les examens scolaires favorisent les filles
L’école est-elle trop “féminine” pour les garçons ?
Les garçons moins patients que les filles
Ségrégation garçons-filles à l’école : effet négligeable
Les garçons plus lents à traiter l’information
Langage et visualisation : hommes et femmes diffèrent
Le sexe d’un enseignant affecte l’apprentissage
Avantage Q.I. masculin (et cerveau d’ado)
Différences entre garçons et filles (mes archives)

77 conseils pour faciliter l'apprentissage

Dans nos efforts, et nos débats, pour déterminer les meilleures méthodes d’enseignement, on oublie parfois de considérer les méthodes qui favorisent l’apprentissage (du point de vue de l’élève). Le volet apprendre à apprendre est tout aussi important, sinon plus, que savoir enseigner. Le Online Education Database présente un éventail de stratégies terre-à-terre pour améliorer l’apprentissage : Hacking Knowledge: 77 Ways ot Learn Faster, Deeper, and Better (source : Stephen Downes). Quoique l’article est écrit dans une optique d’apprentissage continue, plusieurs des stratégies gagneraient à être connues des élèves. J’ai tâché de trier celles qui peuvent aider les jeunes dans la perspective de l’école. Plutôt que de les traduire, j’ai préféré les représenter dans une carte heuristique (mind map) en les adaptant, un peu librement, au système scolaire. Du coup, le nombre de stratégies est passé à quarante-huit.

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Étude : les TIC favorisent l'apprentissage

Une nouvelle étude démontre l’efficacité des technologies de l’information comme outils d’apprentissages quand elles sont utilisées judicieusement et appuyées d’une formation et d’un soutien adéquats (eSchool News : Ed tech has proven effective). Les auteurs de l’étude (PDF) concluent également que les éducateurs ont sous-estimé les difficultés d’intégrer les nouvelles technologies, tout en surestimant leur rapidité à produire des résultats. Selon John Bransford et Ann Brown, spécialistes de la cognition et éditeurs de How People Learn, l’usage des nouvelles technologies doit mettre en jeu tant les connaissances tacites (celles qui sont acquises, mais difficilement articulées) que les connaissances explicites (celles qui sont facilement articulées et clairement définies).

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Étude : l’art favorise l’apprentissage


L’art subit le même sort à l’école que dans notre société éconocentrique, une activité marginale comme une sortie au théâtre un vendredi soir ou une visite au musée un dimanche pluvieux. Dans notre course éperdue à la performance et la productivité, avivée par la mondialisation, les programmes succombent à l’utilitarisme. Du coup, les arts sont abolis, ou relégués au rang des disciplines marginales. Pourtant, la pensée artistique est l’une des plus élevées, une expression idiosyncrasique, le fruit de la créativité et de la pensée synthétique, qui célèbre le rapport de l’individu à l’essence des choses, un contrepoids quasi nécessaire à la superficialité des disciplines utilitaires.

On ne sera pas surpris d’apprendre que les arts plastiques favorisent l’apprentissage dans les autres disciplines scolaires (New York Times : Guggenheim Study Suggests Arts Education Benefits Literacy Skills). Une conférence (PDF) et un séminaire organisés par le musée Guggenheim font le point sur une étude parrainée par le musée et selon laquelle les élèves qui ont participé à un programme de sensibilisation à l’art réussissent mieux que les autres élèves dans six catégories de litératie et de pensée critique. Curieusement, par ailleurs, les résultats aux examens d’anglais (English Language Arts) ne témoignent d’aucune différence significative.


Par ricochet :
L’art, matière première
Le musée global
De l’importance de la beauté
Le passage à une économie de la créativité
La créativité et l’enseignement

L'apprentissage informel

On sous-estime l’importance de l’apprentissage informel en éducation, c’est-à-dire tout ce que nous enregistrons en dehors du formalisme des institutions scolaires et consolidé par socioconstructivisme. Certains fixent à 75 % le taux des apprentissages qui sont faits à l’intérieur du milieu de travail, à l’écart d’un cadre formel de formation. Marcia L. Conner fait une excellente synthèse de cette forme d’apprentissage, avec graphiques et bibliographie à l’appui, dans Informal Learning.

J’y vois une raison additionnelle d’accorder aux élèves plus de liberté dans la découverte du monde. Cela ne signifie pas pour autant de les encourager à la fainéantise. La jeunesse est trop vite passée, et le temps d’apprentissage trop précieux, pour les abandonner à leur sort. Il s’agit plutôt de stimuler leur curiosité en les plaçant dans un environnement riche en affordances. Du coup, les bibliothèques sont des endroits tout indiqués, et quasi désertés de nos jours, pour faire des découvertes inusitées.


Par ricochet :
La part de l’informel dans l’apprentissage
Apologie de l’incertitude
Une petite place pour le hasard

Multitasking, mémoire et déficit d'attention

Selon Donna LaVoie, professeur de psychologie à l’Université de Saint-Louis, une surabondance de stimuli handicape la mémoire (California Virtual Campus : Info overload functions as roadblock to better memory). Après avoir dénoncé le multitasking, l’article décrit les trois types de mémoire, puis donne une série de conseils pour en améliorer la performance.

Mise à jour, 13 juin 2009 | Dans une série de deux articles plus complets, Hubert Guillaud dresse un excellent bilan de notre propension au multitâches :

Voir également le chapitre Attention du livre Brain Rules de John Medina.

Mise à jour, 02 août 2009 | Malgré que le cerveau fonctionne optimalement lorsqu’il se concentre sur une tâche, il possède cette capacité essentielle à composer simultanément, quoiqu’en alternance, avec plusieurs tâches. Dans certains cas, il en va de notre survie. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit d’une compétence qui a contribué à notre essor.

Idéalement, nous devrions pouvoir nous concentrer sur une tâche à la fois. Mais la nature se moque de nos idéaux. La réalité nous oblige à composer avec une multitude d’événements, particulièrement dans l’accélération du progrès. Dans cette perspective, nous devons développer à la fois une capacité de concentration et des capacités de multitâches.

Mise à jour, 30 août 2009 | On a fait grand état, cette semaine, de cette étude révélant la pauvre performance des gens pourtant aguerris au multitâche à accomplir une tâche dans un contexte où justement ils doivent composer avec plusieurs tâches (Radio-Canada: Les travers de l’individu « multitâche »). Néanmoins, nous succombons gaiement. Stowe Boyd apporte une réponse rafraîchissante en soulignant que la productivité ne constitue qu’un élément du casse-tête et que nous devons élargir la gamme des mesures (/Message: The War On Flow, 2009: Why Studies About Multitasking Are Missing The Point).

Perhaps what we are doing has nothing to do with efficiency. I don’t operate the way I do with the principal goal of speeding things up. My motivations are much more complex and diffused.

I don’t perceive what I am doing as multitasking, really. I am not trying to speed up how quickly I shift from one thing to another. Instead, I am involved in a stream of activities, in which other people figure prominently, either synchronously through direct discussion (a la Twitter or IM) or indirectly, through their writings and my responses.


Par ricochet :
Le stress occulte la mémoire
Cerveau multifonctionnel
Une autre étude met en garde contre le multitasking

Les TIC qui influenceront nos apprentissages

Robin Good y va de sa liste des 10 technologies qui vont changer nos façons d’apprendre. Je ne peux qu’acquiescer à tant de clairvoyance. Comment s’objecter à des moyens comme les technologies de recherche, les logiciels de visualisation des données, les blogues et agrégateurs, les outils de partage de fichiers (P2P), les outils de publication collaboratifs, ainsi que les filtres collectifs d’information (del.icio.us). Je parie néanmoins que la liste sera caduque d’ici cinq ans :-)

Principes d'apprentissage

Il n’y a rien de plus pratique qu’une bonne théorie, dit-on. Surtout dans la pratique professionnelle — et pas seulement en enseignement — où je vois trop souvent l’imitation travestie en savoir. Sans vouloir rabaisser l’enseignement à un réductionnisme de règles, reconnaissons tout de même que les fondements illuminent l’action.  …

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