La taxonomie de Bloom et la créativité

MichelangeloCreationAdam.jpgLa véritable création commence où finit le langage. (Arthur Koestler)

Malgré l’abandon des programmes d’études reposant sur des objectifs spécifiques, la taxonomie de Bloom reste utile. D’une part, Bloom reconnaissait la complémentarité des domaines affectif et psychomoteur, même si les descriptions qu’il en a faites semblent aujourd’hui bien superficielles. Mais surtout, sa classification du domaine cognitif en six niveaux de complexité s’avère une façon simple de représenter les activités de la pensée pour les élèves et les parents. Elle concilie fort bien le rapport entre la connaissance (mémoire, compréhension, application) et les compétences (application, analyse, synthèse, évaluation) dont plusieurs parents s’inquiètent depuis l’avènement de la réforme.

Les échelons supérieurs de la classification de Bloom correspondent justement à la créativité que le renouveau pédagogique vise à développer et qui constitue le meilleur salut pour l’avenir des élèves. À ce sujet, Mycoted a répertorié une quantité fascinante de stratégies et techniques pour favoriser la créativité.

Comme la taxonomie de Bloom repose sur des verbes d’action fort appropriés dans un contexte d’acquisition de savoir-faire, j’ai préparé un aide-mémoire graphique. Vous pouvez cliquer sur l’image ci-dessous pour un agrandissement, choisir une fenêtre avec barres de défilement si vous avez un petit écran, ou télécharger la version PDF.

Mise à jour, 16 mars 2007 | En relisant mon texte, je m’aperçois que j’ai oublié d’ajouter le paragraphe se rapportant plus précisément à la créativité. Je corrige l’erreur en insérant le deuxième paragraphe après la publication du billet.

Mise à jour, 27 juillet 2009 | Andrew Churches fait une intéressante adaptation de la taxonomie de Bloom appliquée aux actions associées aux nouvelles technologies de la communication (Tech & Learning: Bloom’s Taxonomy Blooms Digitally). Mais ce qui a surtout capté mon attention, c’est la représentation ci-dessous de la taxonomie originale de Bloom, trouvée sur Wikipedia. Splendide!

    bloomwikipedia

Mise à jour, 18 juin 2010 | Le wiki de la CSSS Faculty nous offre deux représentations interactives de la taxonomie de Bloom, d’abord une présentation générale de cette taxonomie, ci-dessous, puis une adaptation au regard de la conception d’activités.


Mise à jour, 02 mai 2011 | Les représentations graphiques se font de plus en plus sophistiquées et interactives. Le Center for Excellence in Learning and Teaching de l’Université Iowa State nous offre une révision de la taxonomie de Bloom relativement aux objectifs d’apprentissage (Iowa State University: A Model of Learning Objectives).


Mise à jour, 25 juin 2011 | Ingénieux : Avec Bloomin’ Google, Kathy Schrock répartit en fonction de la classification de Bloom les divers services appartenant à Google.


(Image thématique : La Création d’Adam, par Michel-Ange)


Par ricochet :
Les 6 mythes de la créativité
Vivement la créativité !
Le passage à une économie de la créativité
La pensée complexe et l’apprentissage
La créativité et l’enseignement
Conférence de Ken Robinson sur la créativité
Les TIC, le hasard et la créativité

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23 réponses

  • T@BLEAU D’HONNEUR

    François, chacun de tes « graphes », « gr@phes » est tout à fait impressionant ; tu devrais les compiler et en faire un « album » et un @lbum :

    Graphes agrafés
    de François Guité

    Gr@phes @grafés
    de François Guité
    :-)

  • Diane dit :

    Je suis très impressionnée par ce résumé mettant des mots d’action sur des domaines cognitifs. Barrie Bennett (auteur du livre Beyond Monet) de l’Université de Toronto serait ravi de voir cet outil qui peut véritablement aider tout enseignant. Merci!

  • Je me joint à M. Deneault pour te féliciter de la très belle qualité de ce shéma, François.

    Cependant, dans le cas présent, j’apprécie également beaucoup le lien que tu fais entre la taxonomie de Bloom et l’approche par compétence préconisé par la réforme. Il met en évidence le fait que la planification par objectifs n’a jamais réduit les interventions pédagogiques à de la bête mémorisation comme d’aucuns l’ont prétendu.

  • Comme d’hab. le schéma est remarquable.
    En didactique de l’histoire, j’utilise (ainsi que mes collèges) a satisfaction la taxonomie de Bloom depuis des années. Elle présente l’avantage de « forcer » l’enseignant en formation initiale à se pencher concrètement sur la tâche précise demandée à l’élève, puis à déterminer quelle part des élèves ont atteint les objectifs opérationnalisables.
    Cela permet aussi de mesurer la complexité de la tâche et de déterminer au travers des énoncés opérationnalisables si la tâche est suffisamment complexe pour travailler une compétence (niveau 4 au minimum).
    La taxonomie est aussi très utile pour amener les élèves à réaliser des tâches complexes. En effet, il s’avère très régulièrement que pour y arriver, il est nécessaire que les élèves aient passé par les niveaux intermédiaires avant d’arriver à l’analyse ou à la synthèse.
    Au final, comme l’indique bien André Chartrand, la taxonomie de Bloom dépasse très largement une pédagogie de la mémorisation et même la seule pédagogie behavioriste.
    C’est un utile outil d’analyse et de formation. Très efficace et parlant pour nous et nos étudiant-e-s.

  • Normand Péladeau dit :

    Comment peut-on faire un lien entre la pédagogie de la maîtrise de Bloom et la réforme? Comment peut-on opposer Bloom et la pédagogie behavioriste, qui repose sur des idées très similaires. Comment ramener Bloom aujourd’hui alors que ceux qui ont mis de l’avant cette réforme ont tout fait pour s’en éloigner?

    Allez relire Bloom? Allez découvrir les travaux de Robert Gagné, Fred Keller, Robert Mager, Lang & Johnson, Merill, et bien d’autres.

  • Argo dit :

    Merci!

  • Les compliments finissent toujours par nous toucher. Merci à ceux qui s’en sont donné la peine. Je suis particulièrement redevable à Joseph qui m’a fait don du script qui permet d’afficher une grande image dans une petite fenêtre.

    J’apprécie également le concours d’André et de Lyonel qui approfondissent l’usage moderne que l’on peut faire du travail de Bloom. Je suis d’accord avec la position de Lyonel relativement au niveau minimum d’atteinte d’une compétence (niveau 4 : analyse). En intégrant le troisième niveau (application), j’ai voulu montrer l’enchaînement nécessaire avec les connaissances.

    Malgré les objections de M. Péladeau, je continue de croire que l’éducation doit être une science évolutive (quoique notre notion de la science diffère). Il n’y a pas de mal à glaner le meilleur de ce que pédagogues et chercheurs ont à offrir pour synthétiser de nouvelles pratiques qui feront évoluer l’enseignement. C’est même souhaitable à une position arrêtée. Comme le disait Einstein, “The important thing is not to stop questioning.” Par contre, ceux qui expérimentent ont le devoir d’évaluer leur pratique. Comme l’indiquait Bloom, l’évaluation vient après la synthèse.

  • Quelques autres citations d’Albert

    La vie, c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre.

    C’est le rôle essentiel du professeur d’éveiller la joie de travailler et de connaître.

    L’école devrait toujours avoir pour but de donner à ses élèves une personnalité harmonieuse, et non de les former en spécialistes.

    Finalement, en lien avec le behaviorisme (?) :
    Ceux qui aiment marcher en rangs sur une musique : ce ne peut être que par erreur qu’ils ont reçu un cerveau, une moelle épinière leur suffirait amplement.

  • cc dit :

    Bonjour,

    j’apprécie votre discussion sur le sujet.
    une question: aie-je la berlue ou une section a disparue?
    j’avais l’impression d’y avoir lu des commentaires ou informations plus détaillées sur la classification des sub-divisions de Bloom que François avait fait.
    il m’a semblé avoir lu, ou peut-être est-ce mon interprétation?’ que l’on parlait du niveau verbal, intellectuelle et stratégies congnitives…
    j’aimerais bien pouvoir discuter davantage de ce sujet…

  • Daniel Demers dit :

    Un gros merci François. J’utilise la taxonomie de Bloom dans mon rôle de conseiller lorsque je fais des formations initiales et continues dans le domaine de la différenciation (J.Caron, C.A. Tomlinson, etc.)J’utilise des activités de mathématiques (genre Christi Parker, Applying Differentiation Strategies) afin de décrire les six domaines cognitifs. Ton schéma (en français –BONUS) est superbe, merci.

  • angel dit :

    J’ai recherché mille et une information sur la taxonomie de Bloom et j’en ai trouvées (que sur Internet, je n’ai pas réussi à avoir les ouvrages. En les lisant,j’avais l’impression de ne rien comprendre. En trouvant par hasard texte, j’étais ravie, je commence enfin à comprendre ce que voulais transmettre B.Bloom. Je vous remercie infiniment de me redonner espoir. Je suis en train de faire un mémoire et je souhaite trouver des information plus claires sur le lein entre la taxonomie de bloom et l’approche par compétence, dans une perspective de production de référentiel de certification (universitaire). Pourriez-vous m’aidez s’il vous plait. Un grand merci à celui qui me répondr

  • @CC : Je vous assure qu’aucune partie du billet, ni commentaire, n’a été supprimé. C’est dans la nature dispersée du Web que l’on s’y égare souvent ;-)

    @Angel : Content d’avoir pu vous aider un tant soit peu dans la compréhension de la pensée de Bloom. Je ne puis malheureusement pas vous aider plus avant dans votre démarche universitaire. J’espère que d’autres disposent de plus de temps, de compétences et de générosité. Bonne chance!

  • e1000 dit :

    Bonjour, je dois faire un exposé sur la taxonomie selon Gagné, quelqu’un peut me conseiller diverses sources ? des graphiques tels que ceux de bloom existent pour Gagné ?
    Merci

  • zineb dit :

    bonjour, je veut juste vous posez une simple question a propos des objectifs généraux et des objectifs spécifiques, si on utilise un verbe d’action au 1 er niveau de la liste de bloom pour faire un objectif général es que les verbes utilisé dans les objectifs spécifiques doivent être du 1 er niveau ou on peut choisir n’importe quel niveau et merci bcp

    • François Guité dit :

      L’une des principales critiques que l’on fait de la taxonomie de Bloom est à l’effet que les niveaux sont présentés dans un ordre hiérarchique. Or, l’activité cognitive n’est jamais aussi simple et linéaire. Cela dit, je ne pense pas que les verbes de la classification de Lamb et Wyatt soient exclusifs à chaque niveau, mais indiquent plutôt une généralité, d’autant plus que certains verbes expriment un concept extensif. Ainsi, pour répondre à votre question, on ne sera pas tenu de se limiter à un verbe du même niveau que l’objectif général lorsqu’il est question d’un objectif spécifique.

      • zineb dit :

        bonjour, merci pour votre explication mais ma question: es que le verbe utilisé dans un objectif spécifique selon la taxonomie de bloom peut être de niveau supérieur a celle de l’objectif générale



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