Le tiers des adultes ont cessé d'apprendre depuis l'école


Un sondage mené auprès de la population adulte par la National Institute of Adult Continuing Education (Angleterre) arrive à des résultats étonnants. L’enquête indique qu’un adulte sur trois a cessé d’apprendre après avoir quitté l’école, l’apprentissage étant défini non seulement comme la participation à des cours formels, mais également comme la pratique, l’étude ou la lecture dans le but de développer des compétences, des habiletés, des connaissances, ou simplement la compréhension de quelque chose (BBC : Third of adults ‘not learning’). Heureusement, la dépêche (PDF) souligne que la tendance est à l’amélioration. Près de la moitié des personnes interrogées ont signifié leur intention de vouloir apprendre, indiquant ainsi une revalorisation de l’apprentissage. Néanmoins, seulement 20 % des adultes avouent avoir appris durant la présente année, ce nombre passant à 42 % pour les trois dernières années.

À une époque où la formation continue est essentielle à la productivité (sur le plan économique) et à l’efficacité professionnelle (sur le plan personnel), sans compter la satisfaction qui vient de l’épanouissement de soi, ces chiffres sont plutôt décevants. Il appert que la majorité des élèves quittent l’école désillusionnés de l’apprentissage. Cela n’a rien d’étonnant pour qui côtoie les élèves, mais c’est la première fois que j’apprends que le désenchantement peut durer toute une vie. En tuant ainsi dans l’oeuf le plaisir d’apprendre, le système d’éducation fait un très mauvais calcul : on aura beau condenser les programmes de formation et river les élèves sur les bancs d’école pendant quelques années au moyen d’une loi sur l’éducation obligatoire, le résultat ne sera jamais aussi probant que si on développe chez eux le goût d’apprendre la vie durant. À cette fin, l’apprentissage de la méthode (apprendre à apprendre) m’apparaît être une compétence fondamentale.


Par ricochet :

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L’apprentissage informel

L’éducation dans un contexte de mondialisation


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2 réponses

  • Je suis un peu perplexe devant les résultats de cette étude, François.

    « L’enquête indique qu’un adulte sur trois a cessé d’apprendre après avoir quitté l’école »

    Cela me paraît invraisemblable. Mais bon, je n’ai pas lu l’étude et, surtout, je ne me suis pas penché sur la définition utilisée. Ce qui est le nerf de la guerre ici, comme dans bien d’autres études d’ailleurs. Il m’apparaît invraisemblable qu’un adulte n’apprennent rien au cours de son existence.

    « Il appert que la majorité des élèves quittent l’école désillusionnés de l’apprentissage.»

    Pour ma part, cette remarque me renvoie au problème type de l’œuf ou de la poule. Si je comprends bien ta remarque, tu crois que c’est l’école qui est la cause du désintérêt des adultes pour l’apprentissage. Pour ma part, je me demande si ce désintérêt des adultes pour l’apprentissage n’explique pas, au contraire, les difficultés de l’école à donner le goût de l’apprentissage aux jeunes. Dans ce cas précis, l’école se heurte à valoriser une chose qui ne l’est pas dans l’environnement social de plusieurs jeunes. L’école est à contre courant des pratiques sociales avérées.

    C’est un peu comme la question de la culture scientifique. Comment se fait-il que cette culture ne perdure pas après les années d’études. Est-ce parce que l’école ne valorise pas suffisamment la culture scientifique et son intégration à la vie quotidienne, ou parce qu’encore là, elle marche à contre courant de la culture ambiante de l’élève et qu’elle échoue à déloger des représentations et des habitus culturels déjà bien implantés?

    Je ne tiens pas à trancher cette question ici. Disons simplement que j’avais l’occasion d’exprimer une interrogation qui m’habite actuellement.

  • Je crois qu’il faut savoir lire entre les lignes de cette étude, et non la prendre au pied de la lettre. Il est évident que le public n’a pas la même interprétation du mot « apprendre » qu’un éducateur. Néanmoins, je suis fasciné par la perception que les gens ont de l’apprentissage et, par association, de l’école.

    Quant à la cause du désillusionnement à l’endroit de l’école, il y a forcément une influence sociale. Mais cela me semble davantage la conséquence du milieu scolaire. Il est généralement admis par les psychologues que le besoin d’apprendre est inné. Cela est encore apparent quand les enfants commencent l’école. Ce n’est que plus tard, sous l’influence du milieu et en réaction à l’école, que les jeunes s’en détachent peu à peu. Il y a effectivement, ultérieurement, une rétroaction qui affecte la réputation de l’école, mais le problème origine nécessairement de l’école.

    C’est un phénomène complexe, certes, et d’autres facteurs sont en cause, notamment les attaques répétées des gouvernements, au moment des négociations, pour rabaisser le travail des enseignants. Mais je demeure persuadé que l’on peut renverser la vapeur en insufflant des ressources dans les écoles et du plaisir dans l’apprentissage.



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