Un carnetier muselé

Imaginez le désarroi de ce carnetier bien connu du milieu de l’éducation et qui apprend qu’on lui demande de cesser de supporter les blogues et les wikis parce qu’ils portent ombrage aux systèmes d’apprentissage en ligne, de type industriel, achetés par l’université pour laquelle il travaille. …

Comme il le précise si bien, en plus d’être un utilisateur et un promoteur de ce type de service, ses actions visaient davantage à combler les lacunes du service qu’à les saboter. Il faut d’abord se demander quel idiot de gestionnaire peut vouloir ainsi étouffer l’engagement et l’innovation dans son milieu de travail. Les commentaires de soutien sont à sujet très éloquents.

Il est à craindre que ceci ne soit pas un cas isolé. Le milieu de l’éducation n’aura pas d’autres choix que d’investir des sommes considérables dans les TIC pour assurer sa pertinence, voire sa raison d’être. Dans un tel contexte, plusieurs administrateurs investiront dans des solutions clé en-main (lire coûteuses) proposées par des compagnies qui ne verront pas d’un très bon oeil les initiatives locales. D’autant plus si elles sont marginales et efficaces. Du point de vue d’un gestionnaire, c’est l’occasion de faire entrer les excentriques dans le rang. L’ironie est que le changement maintenant institutionnalisé a d’abord été initié par des anticonformistes.

Mots clés: , ,

Vous pouvez suivre les commentaires en réponse à ce billet avec le RSS 2.0 Vous pouvez vous rendre jusqu'en bas et laisser un commentaire. Les pings sont désactivés.

3 réponses

  • As far as my French wqorks thanks for the kind words and support… I share many of your sentiments!

    Cheers, James

  • Ces histoires se produisent aussi au Québec. Quand on refuse d’installer une application libre sur un serveur d’une cs parce que ça rentre en compétition avec des produits d’une « certaine société », quand on exige d’une école de supprimer de son serveur d’école une application libre parce qu’une « certaine société » s’en vient avec « quelque chose du même genre », quand on refuse une subvention pour du développement d’outils libres parce qu’une « certaine société » voit ça d’un très mauvais oeil sont trois exemples très concrets. (Pardonnez-moi de ne pas être plus explicite…) Mais aujourd’hui, voyez-vous, je m’en fous complètement. Je m’en fous parce que le FUD (Fear-Uncertainty-Doubt) n’a plus l’effet qu’il avait y’a quelques années. Trop d’enseignants voient des produits « qui marchent » et qui ne coûtent pas chers et qui « font la job », pour encore se laisser berner par des « attention ! ça peut exploser et détruire tout le serveur » ou bien cet argument que j’ai entendu dans un atelier une fois à l’Aquops par un vendeur d’une « certaine société » : « Vous savez, on sera TOUJOURS là, NOUS ! », laissant sous-entendre pas très subtilement que les produits libres risquent une disparition rapide.

    Regardez cette folie des portails. Pourquoi diable une cs voudrait-elle investir dans un portail « pédagogique » alors qu’on a qu’à présenter une application Wiki, une application Blogue et un Spip (les trois manières de publier dynamiquement sur le web) à un enseignant pour qu’il soit « full-equip » (à mon avis) pour tous ses projets. Pourquoi vouloir l’enfermer dans des portails? Je pense que c’est une pression des compagnies qui veulent « vendre » leurs produits : d’abord vendre le portail, puis des logiciels pour apprendre à taper au clavier en ligne, des dictionnaires en ligne, des abonnements à des revues, des journaux, etc. Les administrateurs qui achètent ces services « pour la pédagogie », je pense, ne sont pas des internautes. Car tout internaute le moindrement « éveillé » trouve, sur le web, à peu près tout ce qu’il lui faut : des logiciels en java en ligne pour taper à la machine, des logiciels de géométrie dynamique, des dicos, des encyclopédies, etc. Je me demande ce qu’on répondrait à un prof qui voudrait installer un SPIP (pour sa classe) dans le portail de sa cs. En fait, je sais ce qu’on va lui répondre : »Pourquoi veux-tu ça? T’en as pas besoin, on t’a installé un portail! Pourquoi regarder ailleurs? On a choisi pour toi ce qui est le meilleur avec tous les outils déjà intégrés… »

    Votre billet fait référence à un pédagogue auquel on veut empêcher de « montrer » des applications wiki, des applications blogs. Quelle stupidité! Je ne sais pas de quelle université il s’agit, mais une chose est certaine, ils ont de serieux problèmes culturels. Et j’espère bien que ma p’tite dernière ne s’inscrira pas dans une telle institution.

    Je crois profondément que le logiciel libre est philosophiquement en accord avec nos valeurs éducatives. Mais je crois encore plus que l’enseignant a le le droit (le devoir?) de voir plusieurs produits (libres et non-libres) de manière à faire un choix éclairé au regard du succès de ses élèves. Qu’on demande explicitement à un pédagogue de cacher des applications web aux enseignants relève de la pure débilité. Ça me fait penser à ces prêtres qui ne voulaient pas regarder dans la lunette de Galilée. Comme si, en détournant la tête, on pouvait empêcher tous les autres d’y regarder…

  • C’est justement parce qu’il est libre que le open-source sera là plus longtemps que ces « incertaines sociétés ». La question des portails est pertinente. Pendant quelque temps, je me suis demandé si ces services pouvaient servir de tremplin pour les enseignants qui débutent avec les TIC. Finalement, j’ai réalisé que ceux qui osaient s’y aventurer n’en ressortaient plus. Ce concept de portail m’amuse, car je n’ai entendu personne demander si les portes s’ouvraient ou se refermaient. Et quand on sait qu’un portail est généralement formé de barreaux ou blindé d’acier, on se demande s’il faut rire ou pleurer de tant d’ironie. Tout cet argent jeté pour de la poudre aux yeux ! Ce que l’ignorance nous coûte cher.



Laisser un commentaire

*