De la génération du numérique et du livre


TooropNewGeneration.jpgOn dit que les nouvelles générations seront difficiles à gouverner. Je l’espère bien. (Alain)

En cette époque où les jeunes naviguent librement dans la représentation virtuelle du monde, les manuels révèlent tout leur faux-semblant. Pour les natifs du numérique, le changement n’est pas tant dans l’habileté à utiliser les technologies du numérique, comme certains le pensent (car là aussi ils poursuivent leurs apprentissages), mais dans la perception de leur pertinence. La transformation n’est pas compétentielle, mais culturelle, voire neurologique comme l’affirme Mark Prensky dans son fameux essai Digital Natives, Digital Immigrants (PDF).

Philosophiquement, la conception que l’on se fait d’une chose est teintée notamment par le contexte de l’objet et le vécu du sujet. Par conséquent, notre représentation du livre, par exemple, varie en fonction des individus et de leur âge. L’image que je me fais aujourd’hui du livre est fort différente de celle de ma jeunesse.

Ainsi, c’est tout le poids culturel et expérientiel qui dessine notre compréhension du livre. À propos d’un objet aussi important en éducation, on comprendra que le fossé générationnel soit source de conflit, car hormis la littérature, auréolée de son statut artistique, la perception de valeur, si importante à la motivation, ne fait pas le poids contre le numérique, particulièrement au regard des manuels scolaires. L’adaptabilité d’un enfant, par ailleurs, le prédispose à l’adoptabilité.

Jean-Sébastien Bouchard, avec qui je bavardais de cette question, m’expliquait comment il aidait son enfant à trouver par l’usage de mots clés. A-t-on seulement une idée de l’impact de cette analyse conceptuelle des choses par mots clés sur la génération Google? Il y a fort à parier que leurs modèles de classification et de pensée seront fort différents des nôtres, bien ordonnés et rangés.


(Image thématique : A New Generation, par Jan Toorop)


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2 réponses

  • Bonjour François,
    Encore une fois j’ai lu ton billet avec plaisir. Il me touche particulièrement, car j’utilise les textes de Prensky dans mon cours pour introduire certaines idées. Mes étudiants devaient justement le lire cette semaine. Je leur pointerai ton billet. Je tiens néanmoins à réagir en ce qui a trait aux supposés changements neurologiques. J’ai trouvé peu (pas!) de preuves scientifiques dans les textes de Prensky. J’ai aussi vérifié avec des collègues spécialistes en neuropsychologie qui me disent que de tels changements sont peut-être possibles, mais nécessiteraient BEAUCOUP de temps. Je crois que cet aspect de la thèse de Prensky est fragile. L’aspect culturel et expérientiel que tu décris me semble plus prometteur scientifiquement. Les enseignants auront avantage à bien comprendre le poids et l’importance de la culture TIC sur le mode de pensée et d’apprentissage des natifs du numérique. J’espère que mes étudiants en seront conscients!

  • lina dit :

    Bonjour
    pour répondre aux caractères culturels et expérientiels qui peut-être explique la rapide adaptation des jeunes aux TIC, je me réfèrais tout simplement à la définition de l’intelligence. L’intelligence n’est-elle pas à la fois une faculté de comprendre et une capacité de s’adapter? Les jeunes s’adaptent sans trop comprendre. Moi j’ai appris à comprendre d’abord en écoutant celui qui devant prêchait la bonne parole. Les jeunes ont de nouveaux schèmes de pensée loin de la dictature et des discours touts faits. Ils grandissent dans des familles reconstituées et à la garderie, on les appelle les amis. Ébien, ils le deviennent… à l’échelle de l’humanité! Le Web 2 est le meilleur exemple. Ensemble ils s’adaptent et adaptent la situation à leur réalité. Peut-être est-ce cela que l’on nomme les aspects culturels et expérientiels, soit leur capacité de s’adapter qui a devancé leur faculté de comprendre? Plus intuitif que cognitif. Qu’en pensez-vous?



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