Les élèves de la réforme sont premiers en math et lecture


McCormickEchoesFirstGate.jpgLa réforme de l’enseignement doit conduire à la réforme de la pensée et la réforme de pensée doit conduire à la réforme de l’enseignement. (Edgar Morin)

Le Programme pancanadien d’évaluation (PPCE) situe les élèves du Québec au premier rang en mathématiques et en lecture, et au deuxième rang en sciences (Radio-Canada : Les jeunes Québécois bons premiers; Globe and Mail : Quebec teens tops in math, reading). Plus rassurant encore, l’étude a été menée auprès de sujets de 13 ans, soit des élèves de la réforme. De surcroît, il s’agit d’une des premières cohortes issues de la réforme, avec les cahots inévitables du début, et l’on peut espérer que les prochaines fassent encore mieux. Les tenants du renouveau pédagogique peuvent pousser un soupir de soulagement, aussi momentané soit-il; depuis le temps que les adversaires de la réforme réclament des résultats concrets.

Autre observation intéressante, les auteurs de l’étude attribuent les succès du Québec à un début précoce et aux mesures de soutien aux élèves qui accusent du retard. Pour ceux qui s’intéressent aux différences entre garçons et filles, aucun écart n’a été décelé en mathématiques et en sciences; en lecture, toutefois, les filles affichent généralement un avantage marqué sur les garçons.

La blogosphère n’a pas tardé à s’emparer de la nouvelle. Jean-Pierre Proulx s’est empressé de signaler la parution de l’étude sur le blogue du RAEQ (Ah bon!). Pour sa part, Mario Asselin nous apprend que L’Infobourg s’apprête à publier une analyse de l’étude (Mario tout de go : Le Programme pancanadien d’évaluation sur le rendement en lecture).

Les partisans de la réforme ne devraient pas crier victoire trop vite. À ma connaissance, les études en éducation n’ont aucun caractère d’absoluité. En plus du doute que je cultivé pour toute chose, et particulièrement pour l’école et la réforme que je connais un peu mieux, je vacille encore devant le sort que notre système d’éducation réserve aux enfants des familles démunies.

Mise à jour, 06 septembre 2008 | Un blogueur note un taux de participation plus faible des élèves Québécois francophones (64,7%; voir tableau 29 de l’annexe, p. 137) à l’étude, le plus bas au Canada (Pour une école libre au Québec : Très bons résultats des élèves québécois dans une étude pancanadienne, mais leur taux de participation est nettement plus bas). Le fait mérite d’être souligné.


(Image thématique : Echoes Through the First Gate, par John McCormick)


Par ricochet :

Changer ou périr

Réforme ou évolution de éducation ?

Le point sur la réforme

Étude : les écoles échouent dans l’application des réformes

Une étude à l’appui du socioconstructivisme

La réforme : mission impossible

Séparation des garçons et des filles à l’école (archives)

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7 réponses

  • Je vais mettre les pieds dans la plat François mais toutes ces études, ces envolées lyriques que je lis en particulier sur le blog du RAEQ ces derniers temps me font froid dans le dos…quand parle-t-on de l’avenir des enfants ???? Il n’est question que de pouvoir politique ! bien loin des idéaux portés en étendard ! Je comprends ton vacillement !

  • Si des gens (au RAEQ ou ailleurs) s’intéressent à la politique, je crois qu’il faut les encourager. On peut mâcher de la gomme et marcher en même temps Florence. Je ne vois pas en quoi on s’occuperait moins de l’avenir des enfants à lutter sur le front politique pour que nos idéaux s’actualisent.

    Pour ce qui est du lien à faire entre la réforme et ces tests, je salue la prudence de chacun à trop vouloir «récupérer» ces résultats qui demandent d’être scrutés davantage.

    «Froid dans le dos» Florence?

    Il faudrait que tu nous expliques un peu…

    Nous savons tous que «le politique» est une zone d’action dont il faut tenir compte. Au Québec, actuellement, nous traversons une période très spéciale qui nous commande de ne pas négliger d’intervenir dans la limite de nos humbles moyens. Il faut se mêler de nos affaires Florence…

  • A Mario

    Un jour, quelqu’un m’a dit : « Ce n’est pas tant ce qu’on dit ou ce qu’on croit avoir dit qui est important que la manière dont l’autre le perçoit, et ce que l’on en retient ! »

    « Ce froid dans le dos », c’est l’impression qu’avoir raison, détenir le pouvoir de vérité absolue devient le moteur du discours…Les enfants et leur avenir n’y ont plus la première place…Et le discours Mario n’est jamais anodin !

    Et cela Mario ce sont mes affaires !…NOTRE affaire à tous !

  • Je reformule ce que je crois comprendre…

    Tu affirmes que ce que tu lis ces jours-ci au RAEQ te fait croire que les gens qui s’expriment pensent qu’ils ont la vérité absolue et qu’ils donnent l’impression d’avoir raison et ainsi, qu’ils en ont perdu le focus sur ce qui est véritablement le coeur légitime de l’action, les enfants et leur avenir!

    C’est bien ce qui te donne froid dans le dos Florence?

    Pourtant, pour travailler plus activement dans des comités du RAEQ ces jours-ci, je rencontre des gens qui me paraissent de moins en moins certains de rien, si ce n’est que de gros combats s’en viennent…

    Je respecte ton ressentie, c’est un ressentie!

    Bien sûr que l’avenir des enfants, ce sont nos affaires, mais aller sur le terrain politique ne peut-il pas être un moyen de s’en occuper aussi?

  • Je suis d’accord, François, de ne pas « crier victoire trop vite. » J’ai même souvent écris des variations sur le thème: si la Science n’a pas encore tranché le débat entre le lobby du beurre et celui de la margarine, je ne vois pas comment, en éducation, elle permettra à qui que soit de crier victoire, une fois pour toutes.

    Le « Ah! bon » de JP Proulx est tout sauf triomphaliste. Il relève simplement ceci: hier, vous brandissiez les résultats qui vont dans votre sens, aujourd’hui vous enterrez ceux qui disent le contraire?

    Je n’ai vu personne, au RAEQ, se « pêter les bretelles ». J’y vois des gens déterminés à naviguer le très mince couloir entre,

    * d’un côté: le discours de la « crise », celui qui dénonce comme suspecte toute innovation qui heurte le bon sens de nos prédécesseurs

    * et, de l’autre: le discours « if-it-ain’t-broke-why-fix-it? »

    P.S. Je serai curieux de connaître ce que Florence comprend sous le mot « politique ». Ma conception est ici.

  • florence meichel dit :

    « Le politique est devenu, presque à tout coup, un qualificatif péjoratif. On le voit comme un mal nécessaire, une machine illogique, des joutes de pouvoir, des magouilles, …

    Toutes choses qui sont hélas (parfois) souvent vraies mais qui risquent de noyer le bébé dans leurs eaux troubles. »

    Comme cela est bien dit Amine !

    Quand le système devient sa propre logique, il se clôt sur lui même et se pervertit : être premier en mathématiques et en lecture ne valide rien d’autre que le système lui même… il n’est pas un indicateur de vie pertinente au monde pour chacun de ces enfants… et c’est pourtant cela qui devrait guider nos choix politiques !

  • Renaud dit :

    Hmmm… et tout ceci est en supposant que la réforme a été appliquée, même en partie au cours des dernières années. Pour ma part, j’ai vu très peu de classes où la réforme est réellement implantée. Mis à part le changement de vocabulaire des enseignants qui se sont vite rabattus sur les Savoirs Essentiels… mais je n’ai évidemment pas visité toutes les écoles du Québec. C’est à double-tranchant tout ça.

    Parlons surtout du futur en effet… et les compétences du 21è siècle, où en sont ces jeunes? Ou en seront-ils si la réforme est réellement bien implantée?



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