Une étude à l'appui du socioconstructivisme


ConstructionRobertson.jpgImite, assimile, et ensuite innove… (Clark Terry)

Le socioconstructivisme est devenu le bouc émissaire de la réforme scolaire. La cible est facile vu le nom pédant et l’interprétation que l’on fait de son application pédagogique. Encore récemment, j’entendais Éric Bédard la présenter comme la justification pour laisser faire les élèves dans la classe, comme si les professeurs abandonnaient les élèves à leur sort. C’est afficher une bien mauvaise connaissance de l’application de la réforme que de croire que les enseignants ont embrassé le socioconstructivisme. L’appellation est d’ailleurs floue pour les éducateurs, certains référant à Vygotski, d’autres à la notion de social learning de Bandura ou de cognition sociale. Mais peu importe le nom qu’on lui donne, on ne saurait nier la place importante qu’occupe l’apport social dans l’apprentissage.

Le phénomène se reproduit également au travail avec l’apprentissage informel.

On reproche continuellement aux tenants de la réforme, avec une certaine légitimité, de ne pas fournir de preuve positiviste de son efficacité. C’est oublier que le ‘socioconstructivisme’ ne représente qu’un volet de l’enseignement. Par ailleurs, l’éducation ne peut plus se soucier que de sciences, de mathématiques ou de littératie, comme la plupart des tests internationaux se contentent de faire. Non pas qu’ils soient inutiles, mais il est bon de rappeler que la mission de l’école ne se résume pas qu’à quelques matières arbitrairement essentielles. La recherche en éducation s’apparente davantage à la notion de logique floue. Par ailleurs, la qualité scientifique de ces études ne relève que de l’analyse statistique, comme le précise Doug Noon en support à une étude d’Alan Schoenfeld (What Doesn’t Work: The Challenge and Failure of the What Works Clearinghouse to Conduct Meaningful Reviews of Studies of Mathematics Curricula; PDF) :

The government calls the studies they’re doing scientific, but they’re really just statistical analyses. Education research isn’t science. It’s social science.

Peut-être la justification scientifique de l’apprentissage social viendra-t-elle des sciences neuronales. Une étude (Journal of Vision : Learning to imitate novel motion sequences) démontre la part de l’imitation sociale dans l’apprentissage d’habiletés non-verbales et séquentielles (EurekAlert! : Monkey see, monkey do?).

« This study demonstrates that we can learn much better just by watching than previously thought, but it also suggests that there is more than meets the eye, » says Yigal Agam, a neuroscience graduate student and study co-author.

(Image thématique : Construction Crew, par Robertson)


Par ricochet :

Au-delà du socioconstructivisme : le connectivisme

Synthèse des théories éducationnelles

La part de l’informel dans l’apprentissage

Le constructivisme, en trois phrases

Étude quantitative (socioconstructivisme)

L’apprentissage informel

Le jargon de la réforme

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4 réponses

  • Bonjour,

    Ce n’est pas parce que les opposants au constructivisme ou au socioconstructivisme n’y voient pas d’utilité pédagogique qu’il ne peut y en avoir.
    Dans le système Finlandais , dont on fait état de la façon qu’on veut pour ou contre la réforme et que plusieurs veulent imiter, on a couramment recours à ces méthodes. Un observateur a noté qu’il y avait peu de cours magistraux, mais qu’on mettait plutôt l’accent sur l’élève actif dans ses apprentissages et construisant ses savoirs.

    Inspirons-nous de ce qui se fait de bien ailleurs, que ce soit pour le constructivisme ou tout autre approche pédagogique.

    François L’Abbé

  • François L'Abbé dit :

    Dans le document suivant, on retrouve des exemples (p.6) de ce qui a été dit dans le commentaire précédent.

    http://www.meirieu.com/ECHANGES/robertfinlande.pdf

  • Merci mille fois pour cette perspective du système finlandais et pour le document de Paul Robert, que je me suis empressé de télécharger (PDF). Très intéressant.

    Par ailleurs, vous avez raison… si les théoriciens sont plutôt absolutistes dans leurs positions, les praticiens sont trop perspicaces pour limiter leur rayon d’action.

  • Paul Robert dit :

    Je vous remercie d’avoir manifesté de l’intérêt pour mon article sur la
    Finlande et je me permets de vous signaler la parution imminente d’un livre
    que j’ai écrit sur le même sujet sous le titre « La Finlande: un modèle
    éducatif pour la France? Les secrets d’une réussite. » aux editions ESF, dans
    la collection Pédagogie dirigée par Philippe Meirieu. La question du socio-constructivisme y est notamment abordé de façon plus développé que dans l’article cité.

    Bien cordialement

    Paul Robert



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