Langage : différences biologiques entre garçons et filles


RoelofsDifference.jpgC’est de l’identité qu’est née la différence. (Heinz Pagels)

Les différences de développement neurologique ne sont pas les seuls facteurs qui expliquent les disparités langagières entre les garçons et les filles. Une étude a trouvé des différences biologiques relativement à la réceptivité des sexes aux stimuli de la langue (EurekAlert! : Gender differences in language appear biological). Selon les chercheurs, les filles montrent plus d’activité cérébrale à l’utilisation du langage et sont plus aptes à saisir les abstractions; les garçons, pour leur part, sont souvent plus réceptifs aux signes sensoriels.

En lisant le résumé de l’étude, je me suis demandé s’il n’y avait pas là une explication quelconque au débat entourant la méthode de lecture syllabique ou globale.

Par ailleurs, je me suis hérissé à la suggestion des auteurs selon laquelle leur découverte appuie la thèse de la séparation des garçons et des filles à l’école. Non pas que je doute de la science derrière des mesures telles que “using a complex statistical model, the researchers accounted for differences associated with age, gender, type of linguistic judgment, performance accuracy and the method — written or spoken — in which words were presented.”, mais certains brandissent les chiffres avec une violence qui réduit les particuliers à des dénominateurs communs. Les statistiques revêtent une sorte d’autoritarisme quand elles servent à défendre les politiques des systèmes.


(Image thématique : Difference, par Wouter Roelofs)


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3 réponses

  • Recherche fascinante… je me demande toutefois si la façon dont les filles utilisent leur cerveau peut avoir un lien avec la socialisation. Décoder les émotions et le sens caché des paroles et analyser des concepts humains abstraits sont des activités vitales de la socialisation féminine (selon l’analyse différenciée selon les sexes, le conflit ultime à résorber chez les femmes dans leur développement psychosocial est la quête d’intimité personnelle). Se pourrait-il qu’à force de devoir se servir de fonctions cérébrales pour déchiffrer le sens des mots, les filles aient développé ces fonctions ? En ce qui concerne le codage visuel chez les garçons, cela a des implications importantes pour le développement des compétences en lecture, particulièrement dans le type de texte qui leur est proposé et l’évaluation qui est faite du sens qu’ils lui accordent. De toute évidence, les garçons accèdent aux compétences métalinguistiques et aux macroprocessus éventuellement, car ils ne lisent pas qu’au premier degré. Des attentes différenciées selon les sexes en lecture ? Difficile solution ….

  • La science a commencé par identifier les différences anatomiques entre les sexes. Depuis, la biologie et la biochimie ont fait des percées remarquables pour définir ce qui nous rapproche d’une part, et ce qui nous distingue. Mais le cerveau est toujours resté une zone grise, malgré ce que nous a appris la psychologie. Maintenant que nous commençons à percer les mystères du cerveau, je crois qu’on n’a pas fini d’entendre parler des différences entre les garçons et les filles. J’espère seulement que ces découvertes ne serviront pas seulement à optimiser le rendement scolaire. Le risque est grand d’utiliser ce genre de découverte pour faire de l’école une usine où la réussite se mesure en termes de performance.

  • « Gender differences in language appear biological » en fait, ce que l’étude (qui n’est d’ailleurs pas la première) démontre, à strictement parler, c’est que les différences de sexe dans le traitement du language (ou, plus précisément, de l’anglais) se reflète dans la biologie. Tout comme Stéphanie, je me pose la question de l’impact de la socialisation dans cette différence.

    Pour ce qui est de la spécificité de la langue, il serait intéressant de voir s’il y a des différence entre, par exemple, les langues indo-européennes et les langues amérindiennes (celles-ci, contrairement aux premières, ne s’articulent pas autour d’un objet, mais bien d’une relation ou d’une action).



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