L'innovation scolaire comme agent économique


McCoyDailyBusiness.jpgUn problème politique est un problème économique sans solution. (Georges Elgozy)

Le Québec est en train de manquer le bateau, accroché à un système scolaire issu de l’ère industrielle au moment où Internet nous précipite dans l’économie du savoir. Les pays industrialisés en rade seront rapidement relégués au rang des has-been. Or, une économie du savoir — à ne pas confondre avec connaissances — ne peut plus reposer sur la transmission hiérarchique des savoirs. Celle-ci se fait désormais à la vitesse de l’électronique, non du papier.

Par conséquent, le tamisage universitaire du savoir s’avère trop hermétique; si elle veut rester pertinente, l’université doit assumer un rôle de diffuseur, tant sur le plan professoral que celui de la formation des étudiants à la recherche et l’apprentissage continu.

Plusieurs experts, notamment Nick Bontis, Don Tapscott et Richard Florida, soulignent la précarité du présent modèle économique (Globe and Mail : When brains replaces brawn). L’article du Globe and Mail dresse un portrait déstabilisant du bouleversement en cours. Quelques faits saillants :

Fields such as law and accounting, education and health services are also « big generators of knowledge and expertise, that can be sold. »

We’ll be going to school a lot longer – and a lot more often over our adult life – if we want to succeed, or indeed survive, in it. And we won’t have job security – which is fine, because apparently we won’t want it. We’ll want the freedom to move around, selling our knowledge and thinking skills to the highest bidder.

In 1999 there were 30 million Internet users in the world and in 2007 there are 1.2 billion. But with a world population of 6.5 billion, there’s a lot of growth yet to come.

The Top 10 downloads used to be in English. « Not any more, » says Mr. Bontis of the increasing number in Spanish and Mandarin.

The No. 1 thing workers will be demanding [...] isn’t money, but flexibility.

Corporations that treat knowledge workers like industrial workers [...] « will fail. »

The challenge for children, the employees of the new economy, is « to read faster (up to 300 words a minute), think faster and criticize faster. » [...] The focus will be on lifelong adult learning, rather than an early burst of education.

Le Québec, en raison de son isolement géographique et culturel, doit se maintenir à l’avant-garde. En plus de former les jeunes à une économie du savoir, une finalité éducative plus axée sur la personne que le travail, il pourrait se tailler une place de choix dans l’exportation d’une expertise convoitée. Il est regrettable de voir les Américains, encore une fois, prendre les devants dans l’innovation éducative, principalement dans l’usage des nouvelles technologies.

La réforme de l’école québécoise, pourtant prometteuse au départ, n’est plus que l’ombre d’elle-même. La montée de la droite, tant libérale qu’adéquiste, continue le décharnement, comme le montre le retour aux bulletins chiffrés. Il ne faut pas s’en étonner, les politiciens étant plus soucieux d’élection imminente que de projet d’avenir.

Pendant que nous dormons sur nos lauriers, les pays en voie de développement s’apprêtent à faire le saut aux nouvelles technologies de l’information. Notre jeunesse aimerait bien en faire autant, mais l’école n’est pas à la hauteur. Navigateurs du Web, il y a belle lurette que leur regard déborde d’un nationalisme étroit. Ils sont mûrs pour le premier parti politique à leur proposer une vision mondialisante.

Je conclus sur une enquête qui révèle que les gens se disent généralement satisfaits de leurs études universitaires (New York Times : Don’t Worry, Be Students). En rétrospective, je n’accorderais une bonne note qu’à l’une des trois universités que j’ai fréquentées, soit McGill. C’est la seule, vraiment, où j’ai senti une volonté d’innovation.

Mise à jour, 2 octobre 2007 | Deux autres articles dans le Globe and Mail, aujourd’hui, sur la transformation du milieu de travail causée par les nouvelles technologies : Mobility, flexibility are key in global workplace et Behold, the trends that will unchain us from the office. Ce dernier article, surtout, m’a captivé :

Collecting people in giant office towers does not make sense economically and environmentally.


(Image thématique : Daily Business, par Thomas McCoy)


Par ricochet :

Éducation et compétitivité économique

L’éducation dans un contexte de mondialisation

Le passage à une économie de la créativité

Wikinomics: l’économie 2.0

Le Canada, un pays de médiocrité (Conference Board)

Notre retard des TIC en éducation

Des chercheurs questionnent l’utilité de l’école

Investir dans l’innovation scolaire

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2 réponses

  • Je souscris entièrement à ton analyse. Mais comment se fait-il que nous ne parvenions pas à nous faire entendre? Tu dénonces un aveuglement dramatique, qui me paraît, en outre, absolument incompréhensible. En France, je vois la gauche sentimentalement attachée à un modèle de l’école unifiée, hiérarchisée, qui n’est plus réformable. Et à une droite qui semble croire au vertus des classes homogènes : chacun chez soi… Dans les 2 cas, on regarde vers le passé.

  • Serait-ce pas que le discours dominant est aujourd’hui en France, à droite comme à gauche, réactionnaire?



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