Pour affronter le risque, vaincre la peur


CourbetHommePeur.jpgPrudence n’est que l’euphémisme de peur. (Jules Renard)

L’école qui ne prépare pas les jeunes au changement en fait des invalides. L’adaptation au changement ne suffit plus; il faut aussi savoir le créer. La compréhension et la reproduction ne suffisent pas à justifier l’existence humaine en l’absence de réalisations. Déjà, Héraclite avait reconnu que tout s’écoule et que rien ne saurait rester immuable dans l’être. Cette évidence saute aux yeux à une époque de bouleversements précipités. Par conséquent, la notion d’un programme de formation arrêté est une aberration qui témoigne soit d’une obsession pour l’ordre, soit d’une nostalgie de l’éducation, celle d’une enfance révolue. Mais comment promouvoir le changement dans une culture éprise de traditions et de sécurité? Il faut nécessairement autre chose que des formules théoriques.

Peut-être les éducateurs ont-ils besoin d’un électrochoc. Kathy Sierra marque un point en proposant que l’on essaye quelque chose qui fasse peur pour nous donner le courage d’affronter le risque (Creating Passionate Users : Helping users “feel the fear and do it anyway”). Le fait de surmonter une peur procure une ivresse qui sert souvent de tremplin à vaincre les angoisses que l’adversité et l’âge ont empilées comme un éboulis. Non seulement en sortons-nous plus droit, mais la témérité nous grandit auprès des élèves. Mais encore faut-il un accompagnement de maître, ou une communauté de pratique.

Helping a user be afraid and do it anyway is a powerful force. We shouldn’t be too quick to over-simplify [an] experience. Of course, it’s up to us to get our users through the big, challenging, thing–there’s a big responsibility for stellar documentation and support. And we’re talking moral support, not just [technical] support, so building a user community is even more important with something really, really, scary.

Enfin, les gestionnaires qui ont peur de modifier leurs séances de formation oseront peut-être tenter quelque chose qui ressemble à cette proposition de Kathy Sierra.

(Image thématique : Désespéré, par Gustave Courbet)


Par ricochet :

Changer ou périr

Réforme ou évolution de éducation ?

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Le changement en éducation : évolution ou révolution ?

L’école engendre-t-elle la résistance au changement ?

Étude : les écoles échouent dans l’application des réformes

Le chaos appliqué à l’éducation

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2 réponses

  • R. Gauvin dit :

    La seule chose qui ne change pas est qu’il y aura toujours du changement…

    Des fois il faut brasser la cage, des fois il faut ne rien dire. Le plus difficile c’es parfois de pouvoir en faire la différence.

    Il faut aussi faire la distinction entre ce qui est important à changer, d’éliminer les choses inutiles et d’améliorer ce qu’on fait de bien. C’est comme ça dans la vie, à l’école et ailleur non ?

  • Bien dit, Roberto, de la part de quelqu’un qui prône et stimule les défis. Mais je m’inquiète de ceux qui s’évertuent à reconduire des modèles obsolètes. Évidemment, il ne faut pas compter sur ceux-là pour pousser les enseignants au risque. Entre accompagner les enseignants et leur tourner le dos, il y a un monde de différences.



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