Les blogues scolaires et l'apprentissage


KandinskyNuages.jpgSpeech comes with the development of the power to let go of objects. (Marshall McLuhan)

Les preuves tangibles de la contribution des blogues aux apprentissages scolaires ne font pas légion. Voilà pourquoi le commentaire anodin d’un élève m’a sauté aux yeux. En réponse à une élève qui le remerciait de l’utilité d’un billet dans lequel il résume des connaissances à mémoriser, Tommy C. a servi ce bijou : « Je savais que ce serait utile pour tout le monde. Même pour moi… J’en ai appris plus en faisant cet article! » Ce commentaire révèle toute la dynamique sociale de l’apprentissage, facilitée par l’utilisation d’un blogue.

D’abord, le commentaire de Tommy laisse entendre qu’il n’aurait pas fait l’exercice de résumer la matière sans cette possibilité de le partager avec ses pairs. Il me corrigera si je me trompe. Quand même il aurait fait l’exercice pour lui-même, il n’y aurait pas mis autant de soin. Le jugement des pairs est un puissant motivateur. Dans un cas comme dans l’autre, il y a un gain d’apprentissage.

Deuxièmement, la publication fait rayonner les apprentissages. La constatation la plus évidente porte sur la diffusion du savoir. Cependant, on remarque moins la portée sur le plan métacognitif, beaucoup plus importante. Non seulement l’apport de la communauté renforce-t-il le choix de méthode de Tommy, mais il montre à ses pairs l’utilité de cette méthode.

Enfin, et principalement, un blogue scolaire conscientise l’élève à la nature sociale du savoir. Il ne s’agit pas seulement d’apprendre à valider ses idées auprès d’autrui, une habileté recherchée dans le travail d’équipe. Il permet surtout de reconnaître, inconsciemment du moins, que les savoirs ont une dimension sociale, ne serait-ce que par l’origine des concepts. Si le cerveau naît avec une ébauche de mécanismes cognitifs, les concepts sont acquis de l’environnement (Time : What Do Babies Know?). Piaget avait vu juste avec la théorie du constructivisme. Ainsi, toute nouvelle idée, quoiqu’issue de la pensée individuelle, a une dette sociale. Éventuellement, cette conscientisation enracine l’apprentissage de la citoyenneté.

L’extériorisation de la pensée peut être associée à la notion, si chère à Pythagore, de la métempsycose, c’est-à-dire que l’âme est prisonnière du corps et doit en être délivrée. Une idée, dès qu’elle jaillit à l’esprit, est dotée d’une existence. Sa durée est déterminée par sa valeur d’abord, puis sa dissémination, mais malheureusement en proie aux inhibitions. Ainsi, il y a tout lieu de croire que ceux qui partagent leurs idées apprennent davantage que ceux qui jalousent leurs pensées, d’une part parce que la communication nécessite l’arrangement et le raffinement des idées, menant du coup à de nouveaux apprentissages, d’autre part, parce que la rétroaction sociale les polit et les renforce, comme dans le cas de Tommy.

Un blogue scolaire fait tout ça. Et on ne fait qu’en explorer la surface.

(Image thématique : Composition VIII, par Wassily Kandinsky)


Par ricochet :

Les blogues au secours de l’écriture

Les effets des blogs sur le cerveau

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La psychose des blogues d’ados

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