L'école est-elle trop “féminine” pour les garçons ?


Les différences entre les garçons et les filles à l’école ne cessent de défrayer les chroniques. Mes archives comptent une quarantaine d’articles. Et pourtant, les écoles semblent indifférentes à la question : aucune discussion, ni formation pour les enseignants. Aujourd’hui encore, un expert accuse les écoles d’avoir “féminisé” les cours en misant sur des qualités comme l’organisation et l’attention (BBC : Schools ‘too feminine for boys’). Selon Tony Sewell, les garçons sont davantage stimulés par la compétition, le leadership et les activités où ils peuvent bouger.

The girls seem more able to adapt to more theory-only learning, while boys want more action. They want to blow things up and see science in action.

Pour Sewell, la dévalorisation des qualités associées à la masculinité contribue au phénomène des gangs, là où les jeunes affirment librement leurs instincts. Il n’est pas donné à tout le monde d’être un intellectuel. Par conséquent, les jeunes gagneraient à ce que l’école serve de soupape à leur testostérone.

Quoique je trouve simpliste cette discrimination des qualités masculines et féminines, les études démontrent des différences significatives entre les garçons et les filles. J’observe les mêmes généralités chez mes élèves, garçons et filles, malgré de nombreuses exceptions. Plutôt que de gérer l’éducation en fonction de normes qui excluent les uns et les autres, on ferait mieux de miser sur l’individualisation des apprentissages. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui m’ont fait opter pour les portfolios d’apprentissage.

Plus de souplesse dans le choix des cours favoriserait également l’individuation.

Le principal obstacle à une véritable individuation est l’uniformité des programmes et, en corollaire, l’évaluation sommative. La rigidité du système oblige tout le monde à suivre une méthode qui accepte mal les écarts de conduite. Il n’y a pas de manières plus efficaces d’aliéner les marginaux. Et pour l’instant, ce sont les garçons qui se retrouvent le plus souvent en marge du système. Quel gaspillage !


Par ricochet :

Différences de cerveau entre les sexes

L’éducation pénalise les garçons

Lenteur des garçons à apprendre l’alphabet

L’apprentissage personnalisé

L’autonomie d’apprentissage

Synthèse de l’apprentissage individualisé

Recherche cognitive et individuation

Vous pouvez suivre les commentaires en réponse à ce billet avec le RSS 2.0 Vous pouvez laisser une réponse, ou trackback.

5 réponses

  • Sylvain Bérubé dit :

    François écrivait : Selon Tony Sewell, les garçons sont davantage stimulés par la compétition, le leadership et les activités où ils peuvent bouger.

    Ce sur quoi j’ajoute :
    Ironisons un peu… Tsk ! Tsk ! Tsk ! C’est pas beau la compétition, c’est méchant, vilain, etc. Il faut que tout le monde soit beau, que tout le monde soit gentil et, surtout, oh surtout !, que tout le monde soit ÉGAL… La compétition, c’est pas « politically correct » !!!

    François mentionne l’uniformisation plus loin dans son texte… C’est sûr qu’il y aura toujours des trucs qui s’adressent à tous (L’uniformisation pousse beaucoup plus loin que ça !). Mais à trop vouloir rejoindre de façon ÉGALE tout le monde, on finit par ne rejoindre personne (si on pousse cette logique à l’excès, ce qui n’est heureusement pas le cas encore …)

    C’est là, je crois, la grande différence entre l’ÉQUITÉ et l’ÉGALITÉ. L’équité, c’est l’égalité des chances pour chacun, ou l’offre de possibilités pour chacun de développer son plein potentiel, alors que l’égalité, c’est uniquement le côté mathématique de l’équité. L’égalité a donc un côté réducteur, uniformisant, et entraîne souvent ce que l’on nomme parfois le nivellement par le bas… Bref, l’égalité absolue, c’est l’égalité sans égard au contexte de chacun, alors que l’équité tient compte du contexte…

    J’arrête ici, mon café commence à perdre de son effet ;-)

  • laurie V. dit :

    François, en quoi les porfolios favorisent notre individuation? (d’ailleur, c’est vraiment un mot? :P )

  • Il y a effectivement une distinction à faire en pédagogie entre égalité et équité. Ta distinction est intéressante, Sylvain, et je souscris entièrement à l’esprit de ton approche.

    J’aimerais aborder la distinction sous un autre angle : l’ÉGALITÉ (« Rapport établi entre des citoyens, des personnes dont les droits sont égaux, et qui ont les mêmes obligations ») concerne d’abord les élèves, tandis que l’ÉQUITÉ (« impartialité, justice naturelle ») s’applique davantage aux responsabilités de l’enseignant.

    Partant de ce point de vue, et en rapport avec l’individualisation des apprentissages, je crois en l’égalité des droits, mais je me méfie de l’équité quand elle se fait justicière aveugle. Il m’arrive souvent de ne pas être équitable dans mes sanctions pour les petits écarts de conduite. Je cherche à donner une sanction en fonction de la progression de l’élève dans son apprentissage. Je crois que nous faisons tous instinctivement la même chose. Si l’école est un endroit qui compose avec l’erreur, il faut nécessairement que la réaction soit appropriée à celui qui commet l’erreur.

  • Bonne question, Laurie. Mais avant d’expliquer comment votre portfolio favorise l’individuation, d’abord une définition : l’individuation est le « processus qui permet à une personnalité de se différencier ».

    Voici comment les portfolios y contribuent :

    1. En permettant à chaque élève de choisir les compétences qu’il a besoin d’améliorer.

    2. En permettant d’opter pour un travail d’équipe ou solo.

    3. En laissant le choix des sujets à exploiter.

    4. En laissant la liberté de planifier le travail en fonction de votre propre calendrier.

    5. En offrant une diversité de moyens de communication (blogue, courriel, vidéo, diaporama, papier, etc.).

  • laurie V. dit :

    aaaaaaaahhh, je vois!
    merci!



Laisser un commentaire à Francois Guité

*