Bâtir sa communauté


Il n’est pas nécessaire de partager ses biens pour développer sa communauté. Un peu de temps et d’amabilité suffisent. Sans doute est-ce le meilleur antidote à la dépression. Dans un récent commentaire, Jean Trudeau faisait très justement valoir que lee conseils pour cultiver une communauté virtuelle s’appliquaient tout autant à la citoyenneté. Comme je crois fondamentalement en la synergie des communautés, j’ai lu l’excellent billet de Dave Pollard sur l’émergence d’une communauté (The Challenge of Building Community) en tâchant de transposer le sujet aux communautés virtuelles et aux communautés de pratiques, et plus particulièrement mon environnement de travail.

Sans contredit, c’est ma communauté au travail qui bat le plus de l’aile. Je devine que c’est le cas pour la majorité des gens, du fait que le milieu est plus restreint et qu’ils n’y sont pas libres de leurs fréquentations. Non pas que mes collègues soient désagréables, au contraire, mais l’environnement physique et la culture isolationniste qui prévaut dans les milieux de l’enseignement sont autant d’obstacles à l’élaboration d’une communauté de pratique efficace.

Dans mon pavillon, nous travaillons dans une exiguïté très inconfortable, au point qu’il est même impossible de faire un appel téléphonique en privé. Les enseignants ne disposent d’aucune salle de réunion pour organiser le travail d’équipe. Les petits bureaux de la salle de travail sont cordés comme pour le travail à la chaîne, de sorte qu’il est impossible de discuter d’un projet sans déranger. De surcroît, la vétusté du décor n’a rien de réjouissant. Et de toute évidence, un réaménagement des lieux s’impose si on espère développer une dynamique communautaire.

Ce n’est pas de mauvais gré que les enseignants s’isolent dans leur pratique. L’accablement de la tâche ne leur laisse guère d’alternative. Les quelques tentatives de collaboration se sont soldées par un surplus de travail plutôt qu’un allégement. Dans les circonstances, cette obstruction à la concertation et à la collaboration est probablement l’écueil qui coulera la réforme, bien davantage que le boycott temporaire de la formation durant les négociations syndicales, tel qu’allégué par Robert Bisaillon dans Le Devoir.

Enfin, il faut des gestionnaires dont le leadership mousse le travail d’équipe. En toute justice, les directions d’école souffrent de la même surcharge de travail que les professeurs. Par conséquent, ils sont confinés à leur bureau. La théorie en administration scolaire préconise la gestion participative. De fait, les directions d’école n’ont guère le temps de mettre en place les mécanismes pour impliquer les enseignants dans la gestion de l’école. Et puis, où ceux-ci trouveraient-ils le temps ?

En l’absence d’une communauté de pratique efficace, l’école fait son bout de chemin habituel, clopin-clopant. Dommage, car elle pourrait faire de grandes choses si on y croyait réellement.

Et au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, le nouveau blogue de Jean Trudeau est tout ce qu’il y a de communautaire :-)


Par ricochet :

Écoles communautaires

L’efficacité de la communauté

L’attrait communautaire des blogs

La pensée individuelle vs collective

Définitions de la communauté

La richesse vs la communauté

La puissance de la collectivité

Des écoles communautaires pour le Québec ?

Cultiver sa communauté éducative

Sondage de l’AQUOPS (Ytsejamer)

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2 réponses

  • Une question commme ça : encourage-t-on suffisamment les jeunes à s’impliquer dans et pour leur communauté? L’exemple de Marc Antoine à Grande-Vallée montre à quel point on sous-estime leurs talents et leurs capacités…

  • Ce Marc-Antoine démontre effectivement un sens de la communauté hors du commun. C’est remarquable.

    Manifestement, les écoles pourraient faire beaucoup plus pour développer cette appartenance à la communauté et cet esprit d’entraide qui la fait vibrer. Le gouvernement avait justement des visées à cet effet, mais il semble que le projet soit resté lettre morte. Dommage. Cela contribuerait certainement à donner un sens à l’école. Le problème avec l’école, c’est qu’on la perçoit comme un agent de formation des jeunes ; on oublie que les jeunes sont aussi des agents de changement et qu’ils peuvent eux-mêmes contribuer à la formation de l’école (et, par ricochet, de leur communauté).



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