La richesse vs la communauté


Pourquoi l’esprit communautaire ne semble-t-il pas gagner la faveur populaire dans les pays occidentaux ? Je ne parle pas de cette propension à vivre ensemble afin d’augmenter notre pouvoir collectif ou notre bien-être individuel, illustré par la popularité de Craigslist, mais bien de cette volonté de consacrer une part de nous même au service de la collectivité, dans la compréhension que le nous détermine aussi le je. Le temps, happé par la machine, est incontestablement un facteur. Mais cela ne suffit pas à expliquer notre réclusion. …

Il me vient à l’esprit que la richesse et le confort effilochent aussi le tissu social. Le besoin d’entraide qui rapproche les communautés dans les pays défavorisés n’a plus autant d’emprise dans les pays industrialisés, où la propriété privée valorise l’individualisme au détriment du socialisme. Par conséquent, la polarisation entre les êtres plus altruistes et les autres, plus égoïstes, est plus évidente. Le continuum s’étire au-delà de la force gravitationnelle de la communauté. Au mieux trouve-t-on des cellules isolées vivotant au sein des sociétés nanties.

Pour un merveilleux exemple de communauté vivante, voyez le projet Barefoot College, en Inde, ainsi que le diaporama offert par la BBC (In pictures: Villagers’ Barefoot College). À lui seul, le code d’éthique a de quoi faire rougir plusieurs organismes et écoles.

Par ricochet :

Écoles communautaires

L’efficacité de la communauté

La pensée individuelle vs collective

Les quatre pratiques d’un milieu ouvert

Sortir les salles de classe des écoles

Définitions de la communauté

Choisir pour grandir (et l’éducation)

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3 réponses

  • Je suis à lire — à temps perdu, parce que j’ai beaucoup trop d’autres choses que je suis forcé de lire — le génial dernier bouquin de Jean-Léon Beauvois (Les illusions libérales : individualisme et pouvoir social, Grenoble, PUG, 2005, 423 pages). M. Beauvois, psychologue social de son état, y soutient qu’une part de notre individualisme est tout simplement due au fait que depuis plus de 50 ans, on nous fait croire que le seul maître étalon pour juger de la réussite de notre vie, c’est ce qui se passe dans le petit cocon rose que nous entretenons en nos demeures.

    Petite citation que j’aime bien, ça vous donnera le ton des propos de ce chercheur qui s’attelle à montrer les conséquences des découvertes scientifiques en psychologie sociale sur nos vies quotidiennes et sur notre compréhension de celle-ci.

    « 75% des hommes sont pauvres en ce début de IIIe millénaire sur notre Terre malade et on ne prévoit pas que cette désolante statistique puisse baisser dans le moyen terme. 75% des hommes sont donc prêts pour deux scénarios. Ou, comme ce fut le cas pour nos propres défavorisés, on réussira à les abêtir avec télé-réalité, sagas, musique binaire et publicités vantant les bonheurs médiocres et, chacun devant sa télé, éventuellement avec l’aide de quelques drogues et/ou gourous, les pauvres du monde attendront leur mort en suçant des vermines de riz ou de soja agrémentées de ketchup, et en se disant que c’est leur choix, se réjouissant de s’être enfin découverts tels qu’ils sont, dans leur complexité individuelle déroutante, et en se trouvant finalement heureux d’être pauvres mais décidément eux-mêmes dans des pays libres aux boutiques ventripotentes. Ou, ce qui est peut-être plus probable, […] » (Beauvois, 2005 : 34)

    Il rejoint les propos de Herman et Chomsky dans leur Manifacturing consent (1988).

    Nous faire croire que nous sommes heureux et que la seule façon de l’être, c’est celle que nous adoptons est un exercice qui date… Aliénés de notre véritable pouvoir, nous croyons avoir choisi notre bonheur individuel comme s’il ne servait que nous.

    J’arrête… Désolé M. Guité, n’hésitez pas à couper si je suis hors sujet, parfois, je rage.

    Bien à vous,

    Sacco.

  • Le commentaire de Sacco n’est pas banal. Il remet en question non seulement notre organisation sociale, mais notre existence en tant qu’individu. Choquant, mais éclairant, comme un réveil brutal.

    Je partage sa rage, naturellement. À dire vrai, l’exploitation de l’homme par l’homme n’a jamais cessé. Il n’y a que la forme du pouvoir qui change.

  • J’ai cherché la possibilité de faire un trackback sur votre article mais je n’ai pas trouvé. Je vous signale donc que j’ai parlé de votre article sur le CyberExpress



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