Le passage à une économie de la créativité


Les nouvelles technologies alimentent notre curiosité avec une précision de plus en plus juste. Malgré tous leurs avantages, elles n’ont pas l’intensité affective de la conversation. Tout l’aspect de la relation affective au savoir est d’ailleurs un domaine fort négligé, sans doute parce que celui-ci est administré par la raison. Au hasard d’une de ces conversations, André Roux me fait don d’une idée éclairante, à savoir que si les économies des pays occidentaux veulent encore rivaliser avec celles des pays en voie de développement, le savoir ne suffit plus ; Internet met le savoir à la portée de tous. L’économie du savoir doit passer à une économie de la créativité.

Les implications, pour l’éducation, du passage à une société dont la réussite dépend de la créativité sont paradigmatiques. Il ne s’agit plus de gravir les échelons, mais les paliers. Voilà où la réforme de l’école québécoise prend tout son sens, en dépit des ratés de son lancement et des déboires que ne manquent pas de corner ses opposants. Il y a, par ailleurs, un parallèle intéressant à établir avec le rapport de l’analyse à la synthèse, le premier issu de la compréhension, le second de la création.

Une véritable économie de la créativité repose sur bien plus que le travail d’équipe. Toutes les sociétés connaissent l’efficacité du travail collectif. Aujourd’hui, elle mise sur les technologies de la communication, la connectivité virtuelle, les folksonomies, et tout ce qui rapproche et stimule les esprits dans les divers creusets collectifs, eux-mêmes interreliés. Une économie de la créativité repose nécessairement sur une économie de la collaboration. Transposée à l’échelle scolaire, cette dynamique dépasse le simple travail coopératif. Elle nécessite l’apprentissage et l’expérimentation des technologies du maillage. Tout est à changer : la nature des connaissances, le rapport au savoir, le rapport de l’individu à la société, les attitudes, la méthode, l’environnement, les structures établies, la compréhension de l’être humain quoi. Au train (devrais-je dire « reptation ») où vont les choses, cela augure mal pour le Québec dont les ressources investies dans la réforme sont nettement insuffisantes pour réussir pareil virage, notamment au regard de la formation du personnel (tant administratif qu’enseignant), de la transformation physique des écoles, et des nouvelles technologies.

Il y a d’ailleurs lieu de craindre que le boulet de notre structure scolaire, et la crainte du risque qui découle du confort, un narcotique artificiel, ne nous entraînent vers le fond. Certains pays en voie de développement ne sont pas si handicapés.

Mais tâchons de voir un peu plus loin. En admettant que nous réussissions à passer à une économie de collaboration, les autres économies emboîteront éventuellement le pas. Et puis quoi ? Une escalade de la créativité ? Une compétitivité des nations fondée sur la créativité ? C’est une voie particulièrement dangereuse. Dans ce contexte, c’est tout le paradigme politique mondial qui doit changer. Car la véritable collaboration ne saurait souffrir la petitesse des intérêts nationaux, lesquels sont mus par la compétition et les rapports de force géopolitique. Dans une perspective planétaire, c’est vital. De fait, une économie de la collaboration est un oxymoron.

Dans cet esprit de collaboration, donc, voici quelques maigres ressources sur la créativité que j’ai cumulées au fil du temps :

• Mycoted : Creativity Techniques

• MindTools : Creativity Tools

• wikiHow : How to Be Creative

• wikiHow : How to Inspire Creativity in Your Kids

• Super Memory : The Roots of Creativity and Genius

• Invention at Play : Inventors’ Stories

• CreativeThink : Whack

• Creativity Portal : Think Like a Genius and Its Qualities

• GapingVoid : How to Be Creative (Long Version)

• Dave Pollard : CPS: Dave Pollard’s Creative Problem-Solving Process

• Psychology Today : The art of creativity


Par ricochet :

Émergence de nouveaux outils interactifs

Les 6 mythes de la créativité

Analyse des technologies de collaboration

Coordination, coopération, ou collaboration ?

5 composantes de la connectivité

Vivement la créativité !

L’économie du partage

Éducation et compétitivité économique

L’éducation dans un contexte de mondialisation

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3 réponses

  • Clément Laberge dit :

    Richard Florida a écrit dans les dernières années un livre qui plane sur cette idée que la « classe créative » est celle par laquelle une ville (voire un pays) se développe. J’y avais fait référence ici:

    http://carnets.opossum.ca/remolino/archives/2004/01/richard_florida.html

    …et à plusieurs occasions dans le cadre du travail sur « Québec cité éducative ».

    Le problème à mon avis avec la vision de Florida, c’est qu’elle sous-entend une vision très « élitiste » de la création. Comme s’il y avait des types de création plus importantes et plus nobles que d’autres.

    Qu’est-ce que la créativité? Qu’est-ce qu’on souhaite valoriser dans la créativité? Le résultat? La démarche créative?

    J’y crois, j’y crois, vous le devinez bien. Mais concrètement, comment on articule la vie collective pour y arriver?

  • Tu as raison Clément. C’est pas simple de savoir comment, concrètement, miser sur la créativité. Plus facile à dire qu’à faire. C’est une de ces choses qualitatives et immensurables qu’il faut se résoudre à accepter comme intangible. On a beau la reconnaître et connaître des stratégies pour la développer, mais le résultat n’est jamais garanti. Cela n’a pas la certitude des connaissances mesurables. Je crois que la culture occidentale est tellement obnubilée par la prétendue certitude scientifique qu’on en oublie l’essentiel, c’est-à-dire l’impondérable qualité humaine. La certitude, quant à moi, est qu’on ne réussira pas à stimuler la créativité par l’apprentissage systémique. La pédagogie du projet, utilisée à bon escient, est un pas dans la bonne direction. Le maillage est un autre.

    Mon expérience m’a appris qu’on ne doit pas dissocier la démarche du résultat, sauf pour sur le plan de la compréhension du phénomène. Mes élèves sont généralement démotivés par l’emphase exagérée que le Programme d’éducation internationale met sur la démarche dans l’évaluation des apprentissages, particulièrement les garçons qui aiment bien concocter leurs propres moyens d’arriver au but. Dans l’intangible, il n’y a pas qu’une seule façon d’atteindre le but. C’est assez désarçonnant pour système d’éducation qui aimerait être réglé au quart de tour.

    Merci pour les références à Richard Florida, que je ne connaissais pas. Il faut croire que ton billet m’a malheureusement échappé.



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