Archives de l'auteur : François Guité

Un blogue, une abstention

KimbrellVoteSupermanY.jpgÉlecteur. Personne qui apprécie le distingué privilège de voter pour l’homme du choix d’un autre homme. (Ambrose Bierce)

Jour d’élection. Je m’abstiens de déposer un bulletin dans une urne, non par paresse, lassitude ou d’indifférence, comme certains, mais par refus de cautionner un système de représentativité archaïque. En cette époque de scolarisation générale et de nouveaux moyens de communication, je ne souscris plus à l’exercice débilitant d’inscrire un ‘X’ à côté d’un nom, comme si j’étais analphabète, puis de confier à un inconnu le pouvoir absolu de décider en mon nom pendant quatre ans. On peut faire mieux.

Non pas que je préconise l’anarchie des mêlées générales. Je penche plutôt pour une forme de représentativité participative, où les citoyens peuvent plus facilement exprimer leur voix sur les questions de l’heure autrement que par une lettre à leur député. Une lettre qui, au demeurant, ne reçoit généralement qu’une réponse de courtoisie. Pourquoi ne puis-je exprimer ma préférence pour les idées d’un parti en matière d’éducation et celles d’un autre parti sur la santé?

Certains pays commencent à ouvrir la voie, notamment les Digital Dialogues au Royaume-Uni, (CEFRIO : Petit guide pour réussir une projet de cyberdémocratie). Au Québec, les initiatives sont plus individuelles, comme ce billet de Carl-Frédéric De Celles, mais non moins citoyennes.

La raison la plus pathétique à la défense du vote s’avère sans doute le décompte statistique (La Presse : Ne pas voter n’est pas un vote). Comme si l’action citoyenne se réduisait aux calculs. Et puis, qui se souvient qu’on ait jamais fait grand état du nombre de bulletins rayés? Le taux de participation, au contraire, fait couler plus d’encre.

L’anonymat assuré par le vote secret n’est plus un principe immuable dans une société qui garantit la liberté d’expression. J’espère voir le jour où un blogue titra « Un blogue, un vote ».

Mise à jour, 02 mai 2011 | Je ne vote pas. J’élève la voix.

Je ne vote pas. J’élève la voix.

Rien, depuis l’écriture de ce billet, ne m’a fait changer d’avis. Au contraire, je suis plus que jamais rébarbatif à cette démocratie factice qui permet à un chef de menotter et bâillonner les élus de son propre parti. On rétorquera que c’est justement le propre de la démocratie que de défaire, au moment des élections, la mauvaise gouvernance. Mais au-delà de notre premier ministre, je refuse de sanctionner un système qui permettra d’élire un autre Stephen Harper dans dix, vingt, voire cinquante ans.

Faire acte d’abstentionnisme, c’est voter non pour un candidat, mais pour un système qui n’existe pas encore. Je ne conçois pas que notre démocratie ne fasse pas meilleur usage des médias sociaux. Du coup, il semble que ceux-ci n’ont eu sur les gouvernements que l’effet antisocial de s’en méfier ou de les manipuler à profit.

La mondialisation des problèmes nous convie à des échanges plus grands que la mesquinerie et la partisanerie locale. Ce n’est pas en votant à l’aveuglette, comme j’entendais des électeurs l’avouer, que nous cultiverons la participation.

Je respecte néanmoins le choix de ceux qui votent. J’attends de même, très heureux par ailleurs d’habiter un pays et une époque qui permettent d’exprimer une voix dissonante.


(Image thématique : Vote Superman (Yellow), par Jonathon Kimbrell)


Par ricochet :
La mondialisation du scrutin
e-Politique en Angleterre
J’ai décroché de Buzzz.tv
Lettre au PM : intervention en Irak

D’une politique pour un Québec numérique (Circa CFD)
Il faut s’intéresser à cette campagne électorale (Mario tout de go)

Les filtres internet sont des passoires

SieveMaker.jpgUn seul trou suffit pour faire une passoire. (Ylipe)

Règlements, interdits, confinement, cloches, police, contrôle des présences, soumission à l’autorité, travaux forcés, examens de passage, patrouilles de surveillance, caméras vidéo et filtres internet, dans quel climat l’école forme-t-elle des citoyens, elle qui a pour mission de socialiser? Et encore s’agit-il d’une école dans un milieu favorisé. Quels apprentissages fait-on réellement dans un tel environnement? La jeunesse, plus délurée et émancipée, s’enhardit. Sur le plan de la libre circulation Internet, elle ne s’en laisse pas imposer par les coupe-feu que les administrateurs scolaires mettent en place (BBC : Pupils can beat safe net filters).

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Les fruits d’une intervention précoce

DanckaertBlueIntervention.jpgQuand on peut prévenir c’est faiblesse d’attendre.
(Jean de Rotrou)

Une étude longitudinale, avec groupe témoin, indique qu’un programme d’intervention précoce dans des écoles primaires de milieux à haut taux de criminalité a des effets positifs durant l’adolescence et jusqu’à l’âge adulte, notamment sur le plan de la cognition, la sexualité et le statut économique (EurekAlert! : Elementary school intervention increases mental, sexual health, economic status). Durant l’adolescence, les chercheurs ont constaté des taux plus faibles de violence, d’alcoolisme et d’abandon scolaire. Toutefois, le programme n’a eu aucune incidence sur le taux de criminalité.

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La pauvreté altère le cerveau des enfants

BaechlerPovertyProgress.jpgL’ignorance et la pauvreté ont les mêmes effets que la richesse. (Alexis Carrel)

Si l’école se veut égalitaire, les faits et les moyens en décident autrement. Pour plusieurs enfants, la pauvreté s’avère un handicap difficile à surmonter. Les faibles taux de réussite scolaire dans les milieux défavorisés résultent de causes beaucoup plus graves qu’on ne le soupçonnait. Une étude révèle que l’activité du cortex préfrontal des enfants vivant dans la pauvreté est largement déficitaire en comparaison des enfants de familles à hauts revenus (EurekAlert! : EEGs show brain differences between poor and rich kids). Or, le cortex préfrontal joue un rôle important dans la résolution de problèmes et la créativité.

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Les effets de la surconsommation des médias sur la santé

CaprellHealth.jpgLa santé bouge, la maladie ne bouge pas. (Charles du Bos)

L’évolution n’a pas préparé l’homme a la sédentarité technologique. La modération permet à l’organisme de s’adapter un tant soit peu au changement. Rien ne nous a préparés au déferlement médiatique des technologies de la communication, un phénomène qui transforme jusqu’à la littératie (New York Times : Becoming Screen Literate). Les jeunes, moins avisés, se laissent plus facilement prendre au piège. Les risques pour la santé sont considérables. Une méta-analyse de 173 études sonne à nouveau l’alarme (The Washington Post : Media Bombardment Is Linked to Ill Effects During Childhood).

    WashingtonPostKidsMedia.jpg

Sur le même sujet, Mario Asselin nous attire notre attention sur un article intéressant de la plume d’Hubert Guillaud : Comment les jeunes vivent-ils et apprennent-ils avec les nouveaux médias?


(Image thématique : Health, par James Caprell)


Par ricochet :
Effets néfastes des médias sur les jeunes
Le Web est maintenant le média no. 1
Les médias et l’image des jeunes

Les enfants ne s’éduquent pas seuls, sur le web comme ailleurs! (Mario tout de go)

Commencer par le simple, ou par le complexe?

FleetComplexitiesGrowingUp.jpgUne mesure précise est toujours une mesure complexe. (Gaston Bachelard)

Le rapport entre le simple et le complexe n’est pas simple. La nuance est d’ailleurs une fabrication, propre à l’homme, car elle n’existe que dans son esprit. Elle naît peut-être de ces superneurones découvertes récemment et dont il possède jusqu’à présent l’exclusivité (Le Nouvel Observateur : Des neurones si humains). Ce que nous appelons ‘simple’ n’est qu’une représentation d’un savoir complexe acquis au prix de nombreux efforts. En communication, la simplicité est l’expression achevée de la complexité. Comme l’analyse et la synthèse, la connaissance et la compétence, elles ne s’opposent pas, mais se complètent.

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Pourquoi des élèves quittent l’école pour le e-learning

GlennAquaEscape.jpgAvant de tout perdre il vaut mieux tout quitter.
(Roger Allard)

Les enseignants et, dans une moindre mesure, les gestionnaires québécois pèchent par excès de confiance en raison du caractère obligatoire de l’école. Ils se complaisent dans le paradigme de la loi, un système par lequel le changement est le plus souvent décrété, fort mal par ailleurs. Cette structure ne saurait résister indéfiniment à la force de la jeunesse. Là où celle-ci a le champ plus libre, comme chez nos voisins du sud, plusieurs désertent l’école traditionnelle pour les avantages du e-learning (eSchool News : Why some students prefer virtual schooling).

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Pourquoi des élèves quittent l'école pour le e-learning

GlennAquaEscape.jpgAvant de tout perdre il vaut mieux tout quitter.
(Roger Allard)

Les enseignants et, dans une moindre mesure, les gestionnaires québécois pèchent par excès de confiance en raison du caractère obligatoire de l’école. Ils se complaisent dans le paradigme de la loi, un système par lequel le changement est le plus souvent décrété, fort mal par ailleurs. Cette structure ne saurait résister indéfiniment à la force de la jeunesse. Là où celle-ci a le champ plus libre, comme chez nos voisins du sud, plusieurs désertent l’école traditionnelle pour les avantages du e-learning (eSchool News : Why some students prefer virtual schooling).

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Un 6e jour d'école

PetersonSaturdayMorning.jpgLa main qui, samedi, tient un balai est celle qui, dimanche, caresse le mieux. (Johann Wolfgang von Goethe)

Compte tenu de l’aversion déclarée des élèves pour l’école, la popularité apparente de l’école du samedi a de quoi étonner (BBC : Saturday school boost for pupils). Certains jeunes, assurément, aiment l’école, mais il y a fort à parier que plusieurs écoliers du samedi cèdent à la pression parentale. Hormis les activités qui nécessitent des installations spécifiques, comme le sport ou le théâtre, j’ai peine à croire qu’un jeune veuille y retourner un sixième jour de semaine, sinon pour retrouver ses amis.

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J'ai décroché de Buzzz.tv

StrandellBlueBuzz.jpgLe plaisir est instantané parce que l’homme résiste mieux au temps qu’à l’éternité. (Octavio Paz)

Je suis avec intérêt la croissance de Buzzz.tv. J’adhère au mouvement de la démocratie participative, pas seulement représentative. La contexture de cette nouvelle démocratie est toujours à redessiner, mais il appert que nous assistons graduellement à sa coélaboration plutôt qu’à une structure issue d’un comité parlementaire. C’est dans cet esprit évolutif que Buzzz.tv se raffine. Ses concepteurs ont eu l’audace de tester l’application sur la place virtuelle. Après un premier essai chambranlant lors du débat des chefs à l’élection fédérale, le deuxième élan du débat provincial semble avoir marché comme sur des roulettes.

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