Testaments et données virtuelles


AliboneTestament.jpgMieux vaut transmettre un art à son fils que de lui léguer mille pièces d’or. (Proverbe chinois)

L’histoire du caporal Justin M. Ellsworth, rapportée par Thomas Friedman dans The World Is Flat m’a saisi. Justin Ellsworth est ce soldat américain tué en Irak dont le père a cherché à obtenir les courriels à la mémoire de son fils, mais dont la demande fut rejetée par Yahoo! (Newsday : Parental vs. privacy rights). J’apprends que Yahoo! efface le compte d’un usager après 90 jours d’inactivité. Heureusement, l’indignation publique a fait en sorte que l’on remette à la famille les courriels du soldat mort au combat (USA Today : Yahoo to preserve e-mail of Marine killed in Iraq).

Sans vouloir débattre du droit d’un père à la correspondance électronique d’un fils décédé, l’idée qu’on supprime froidement le contenu virtuel d’un être me fait frémir. Cette histoire met en lumière l’importance aujourd’hui d’inclure au testament un article concernant le legs des données virtuelles. On y inclura, en annexe, une liste des sites, des identifiants et des mots de passe afin que les descendants puissent accéder au contenu que l’on veut préserver. Et pourquoi ne pas en profiter pour assigner une partie de l’héritage au paiement des sites hébergement pour les années à venir? C’est plus vivant qu’une pierre tombale.


(Image thématique : Testament, par Jonathan Alibone)


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6 réponses

  • Quel hasard que tu parles de ça, car justement ça fait environs un mois que j’y pense beaucoup… C’est Treanna et Nataraja, deux anciens contributeurs de Wikipédia, qui m’ont fait penser à ça…

    Non mais c’est vrai : j’ai beaucoup d’espaces Internet (sites Web, blogues, comptes utilisateurs, adresses courriel, identifiants IRC, etc.) et j’aimerais qu’à ma mort (dans très très longtemps) quelqu’un laisse un mot partout sur ces espaces Internet et avertisse tous mes contacts et visiteurs. Ainsi, mes amis d’enfance, mes enseignants, mes collaborateurs Wikipédiens (tous ou presque résident en France) et mes lecteurs sauront ce qui m’est advenu et, même s’ils préfèreraient ne pas l’apprendre, sauront que je serai décédé.

    Mais à qui demander ça…? Le notaire, un ami, un membre de la famille… Le problème avec ça c’est que, personellement, mes mot de passes changent régulièrement.

    Toi, François?

  • brrrrr… j’aime pas parler de ma mort… :-S

  • Étant particulièrement conscient que la mort peut frappé de façon inopinée, je me suis souvent dit qu’il me faudrait prendre certaines dispositions quant à ces intangibles.

    « Mais à qui demander ça…? » IL y a surement moyen de créer une application en ligne qui pourrait faciliter les choses. Un genre de guichet unique où l’exécuteur testamentaire pourrait inscrire son message, qui serait ensuite diffusé à tous les sites déterminés par l’auteur.

    p.s. François, j’imagine que tu voulais dire « On y inclura » et non « influera ».

  • J’ignore s’il existe une application similaire dans les autres systèmes d’exploitation, mais le OS X d’Apple comprend un utilitaire, Keychain access, qui stocke les identifiants et mots de passe dans un même lieu. Il me suffit donc d’informer mes proches de mon mot de passe d’administrateur pour l’ordinateur pour qu’ils aient accès à tous mes comptes. Cela facilite beaucoup les choses, d’autant plus que toutes ces données sont conservées chaque fois que je change d’ordinateur.

    De plus, je conserve un tableau imprimé de mes principaux comptes que je garde dans un dossier de mes papiers importants.

    Je ne connais pas de service comme celui que propose Marc André, mais l’idée est intéressante, quoique je craindrais les hackers.

    Enfin, merci à Marc André d’avoir signalé la coquille. J’ai parfois la conviction que les spécialistes de la langue ont une plus grande capacité de concentration dans la lecture.

  • Un tableau papier avec les pseudos et les mots-de-passe… je crois que je vais faire ça, ouais. Bonne idée ;-)

    @François Les hackers sont des gens pour la plupart bien, ceux-là même qui rendent ton super Macbook sécuritaire, ceux-là qui ont inventé le joujou qu’on nomme Internet et sûrement aussi ceux qui travaille sur contrat avec le gouvernement pour bien garder tes informations personnelles et ton NAS ;-) Et ceux du darkside, la totalité aura beaucoup plus de fun à se faire les grosses banques chinoises (maintenant que les américaines sont vides!) ou des sociétés informatiques d’avant-garde que de prendre les identifiants d’un honnête citoyen… ceux dont tu as à craindre sont plus les crackeurs, ces étudiants curieux qui font n’importe quoi à n’importe qui. B-)

  • De rien. Ce n’est pas tant une concentration dans la lecture qu’un sens du détail parfois pervers.

    J’avais pensé à la Keychain (j’y fais d’ailleurs appel quand j’utilise MacOS sur mon PC); la même chose existe avec FireFox. Mais l’avantage d’une app en ligne serait de pouvoir disséminer l’information du décès en un seul clic et, pourquoi pas, effectuer certaine opérations prédéterminées (comme fermer des comptes, détruire des bases de données, etc.).



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