Double identité : l'avenir de notre réputation


PetersInterlockingIdentity.jpgLe réveil fait aux rêves une réputation qu’ils ne méritent pas. (Paul Valéry)

Nous sommes prompts à juger nos semblables, une caractéristique issue de millions d’années d’évolution pendant lesquelles l’habileté à cerner rapidement l’environnement et nos pairs garantissait souvent la survie. La réputation d’un individu, hormis les quelques-uns qui s’élevaient au rang de célébrité, était affaire de communication orale, filtrée par le temps. Mais voilà que la Toile change tout. Nous avons désormais une réputation médiatique et archivée que nous pouvons largement définir, quoique sujette aux fabulations de notre réseau social. De cette réalité virtuelle naît une identité parallèle largement irréelle, car les médias ont l’effet d’un miroir déformant. Du coup, cette réputation est appelée à nous survivre.

Les jeunes, surtout, doivent apprendre à soigner leur identité virtuelle. Pour mieux comprendre les enjeux, on lira The Future of Reputation de Daniel J. Solove, professeur de droit à l’Université George Washington, dont l’intégrale est maintenant en ligne (elearnspace : Future of Reputation).

A trail of information fragments about us is forever preserved on the Internet, instantly available in a Google search. A permanent chronicle of our private lives—often of dubious reliability and sometimes totally false—will follow us wherever we go, accessible to friends, strangers, dates, employers, neighbors, relatives, and anyone else who cares to look.

[...]

Ironically, the unconstrained flow of information on the Internet may impede opportunities for self-development and freedom.

Au tournant du néo et du paléointernet, notre génération joue un rôle essentiel, soit d’observer ontologiquement les choses à la lumière du passé, car nous sommes parmi les derniers à avoir connu un monde sans Internet. Ce n’est pas tout de philosopher; il faut aussi agir pendant qu’il est encore temps et laisser des repères. Après nous, ce ne sera qu’un souvenir teinté par l’histoire.


(Image thématique : Determined: interlocking; identity, par Sammy Peters)


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3 réponses

  • Clément Laberge dit :

    « …car nous sommes parmi les derniers à avoir connu un monde sans Internet. »

    Ouch! Ça frappe fort comme conclusion!

    Je m’en vais méditer ça quelques instants…

  • Pour ajouter à ta réflexion, Clément, et dans la même lignée, il y a cette autre préoccupation qui me hante : nous sommes aussi parmi les derniers à avoir joui d’un monde sans caméras de surveillance. J’ignore quelle est la situation à Paris, mais il est de plus en plus difficile à Québec de trouver un restaurant où une caméra n’est pas braquée sur nous.

  • « …car nous sommes parmi les derniers à avoir connu un monde sans Internet. »
    Après que sa mère lui ait dit que, quand elle était jeune, il n’y avait pas d’Internet, mon neveu (6 ans) lui a demandé: « Avais-tu la télévision? » ;-)
    Lorsque tu parles d’une réputation « sujette aux fabulations de notre réseau social », il me revient à l’esprit une constation qui m’était aparue à la fin de mon université; je m’étais alors rendu compte que si quelqu’un (pour une raison ou une autre) s’avisait de construire ma biographie à partir de ce que mes amis et collègues savaient de moi (ou s’imaginait savoir), le résultat serait des plus surprenant. Non pas que je m’amusais à me créer un personnage, mais, en parlant avec quelques personnes, je me suis rendu compte que plusieurs faits erronés circulaient à mon propos (rien de très grave, surtout des bribes amusantes). L’avantages d’Internet, à ce point de vue, est qu’il devient plus facile d’être l’observateur de la machine à rumeur, et ainsi (avec un peu de doigté) de « l’ajuster ».



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