Le trou noir de nos données


RothkoBrownBlackSiennaDark.jpgLe fou et l’écrivain sont des hommes qui voient un abîme et, y tombent. (Honoré de Balzac)

Nous produisons de l’information numérisée en quantité prodigieuse, sous forme de texte, d’image, de vidéo ou autre. Un large pan de notre histoire, de notre culture et de nos civilisations est désormais stocké dans des formats dont la pérennité s’effrite dans l’ombre des projecteurs. Quelqu’un a-t-il essayé, récemment, de récupérer des fichiers conservés sur une disquette de 8 pouces? La multiplication des formats, du cryptage et des DRM ne fait que compliquer les choses. Sans compter tout ce qu’on confie au Web 2.0.

Certains sonnent l’éveil (ScienceDaily : ‘Digital Dark Age’ May Doom Some Data). On constate que des informations importantes ont commencé à s’effacer :

Magnetic tape, which stores most of the world’s computer backups, can degrade within a decade. According to the National Archives Web site by the mid-1970s, only two machines could read the data from the 1960 U.S. Census: One was in Japan, the other in the Smithsonian Institution. Some of the data collected from NASA’s 1976 Viking landing on Mars is unreadable and lost forever.

Le souci de l’environnement nous pousse lui aussi vers le numérique. Non pas que ce soit la principale raison, car l’échiquier s’est étendu à la planète, mais le Christian Science Monitor a annoncé qu’il cessera de produire une édition papier (The Christian Science Monitor : Monitor shifts from print to Web-based strategy).

Certains diront que quasi toute cette information que nous produisons ne vaut pas d’être sauvegardée. Je ne suis pas de cet avis. La révolution informatique fait en sorte que nous nous jetons dans une vaste expérience collective, sans trop d’égards pour la nature de notre humanité, le monde réduit à une éprouvette. Au moment de la métamorphose, il importe de conserver tous les artefacts de ce que nous étions.


(Image thématique : No. 10, Brown, Black, Sienna on Dark Wine, par Mark Rothko)


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Une réponse

  • Le fait d’avoir cela « la sauvegarde des données numériques » est déjà une bonne chose après je pense qu’il faut relativiser. Qu’en est-il des écrits du moyennage ou de plus loin dans le temps qu’elle est le pourcentage qui a perduré ? c’est sur que de nos jour une photo de Paris Hilton sans culotte durera certainement tant que le net existera alors qu’une photo de famille présente uniquement sur un disque dur ? D’ailleur pour en revenir à ma première phrase attention il n’y a pas que la panne mais simplement le vol du portable de l’ordi ou un méchant virus qui peuvent faire s’envoler des années de souvenirs à jamais. Une sage précaution serait au moins d’avoir sur deuxième disque dur ses données numériques importantes et surtout laisser ce disque ches les grand parent des amis bref ailleurs qu’en un seul et même endroit.
    Enfin avoir la conservation de ses données numérique à l’esprit est un grand pas déjà vers la conservation longue durée.



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