Le texto n'est pas une menace pour la langue


BellSMS136.jpgLe malheur de l’humain est sa langue. De ton discours bannis la longueur. (Nasir e Khosraw)

Le président du Conseil supérieur de la langue française, Conrad Ouellon, a fait preuve d’audace en opinant que le texto ne nuit pas à la qualité du français (La Soleil : Le «texto» n’est pas une menace pour le français). C’est aussi mon opinion, que je ne suis pas seul à partager. Il y a un bon moment que je compile des sources afin d’approfondir la question. En attendant, je me contente de présenter ici le contenu de mes archives, histoire de faire contrepoids au barrage de protestations que cette déclaration risque de soulever.

    - The Guardian : 2b or not 2b? | Despite doom-laden prophecies, texting has not been the disaster for language many feared, argues linguistics professor David Crystal. On the contrary, it improves children’s writing and spelling.
    - Kent State University : Instant Messaging, A New Language? | The language of instant messaging was found to be informal, explicit, playful, both abbreviated and elaborated, and to emphasize meaning over form and social relationships over content.
    - Technology Review : Literacy and Text Messaging | Ongoing research is indicating that text messaging and instant messaging often vary with changes in the rhetorical situation. In other words, when someone texts or IMs someone who is not a close friend, or when the message is about something more serious, the grammar and spelling become less abbreviated and more conventional.
    - CNN : New Zealand students may ‘text-speak’ in exams | New Zealand’s Qualifications Authority said that it still strongly discourages students from using anything other than full English, but that credit will be given if the answer « clearly shows the required understanding, » even if it contains text-speak.
    - CNN : Re: Book written in txt msg | A novel whose narrative consists entirely of mobile phone text messages has been published in Finland.
    - Totally Wired : Seven Reasons You Should Text Your Teen | Cingular also enlisted help from psychologist Dr. Ruth Peters (who authored the texting guide as well) to articluate some reasons why texting can actually help parent/teen communication. She came up with seven.
    - PBS Teachers : Should Schools Teach SMS Text Messaging? | Kids today are exposed to a much bigger range of languages than we were in the pre-digital era. Thinking about SMS is actually a way of thinking about English, standard English and about the way it works, the way it’s different from these other languages that students are very familiar with.
    - Globe and Mail : Texting helps teens’ grammar | University of Toronto researchers have found that teenagers are not losing what they learn in English class, but rather demonstrating a mastery of formal and informal language when chatting on-line with friends.
    - BBC : Texts ‘do not hinder literacy’ | A Coventry University study of 35 11-year-olds found those who texted frequently also scored highly in school tests and in standard spelling tests.
    - TechDirt : Txt Spk In Schools Not A Big Deal | In 2003, there was a study that showed that all this writing online was actually making kids more comfortable with writing in general. In 2004, a study showed (like this one) that with a little instruction kids easily understood the difference between texting and writing. In 2005, a study actually found that kids were better writers than in the past « using far more complex sentence structures, a wider vocabulary and a more accurate use of capital letters, punctuation and spelling » even if they sometimes let a txtism into their writing. And, in 2006, a study showed that students showed no ill effects from widespread text and IM messaging.
    - PEW Internet : Writing, Technology and Teens | Teens write a lot, but they do not think of their emails, instant and text messages as writing. This disconnect matters because teens believe good writing is an essential skill for success and that more writing instruction at school would help them.
    - San Francisco Chronicle : Why tlk whn u cn txt? | Among the more startling discoveries by experts tracking this trend is that young people feel they’re presenting a more authentic self when they hide behind an electronic device.


(Image thématique : SMS #216, par Larry Bell)


Par ricochet :

Le texto serait bénéfique à la grammaire

Étude : le texto ne nuit pas à la littératie

La qualité de la langue et les blogues scolaires

Étude : les portables dans les écoles favorisent l’écriture

La translittératie

Vous pouvez suivre les commentaires en réponse à ce billet avec le RSS 2.0 Vous pouvez laisser une réponse, ou trackback.

11 réponses

  • Quiconque a jamais lu des manuscrits médiévaux sait que ceux-ci sont truffés d’abbréviations souvent passablement obscures. Après tout, à passer la journée à copier des pages et des pages, on en vient à se créer des raccourcis. Pour moi, le texto est une version moderne du même phénomène. Et pas plus que les copistes médiévaux n’ont nuit à la langue écrite que, selon moi, le fera le texto.

  • Voilà un détail historique très pertinent! Merci Marc André. Le premier article ci-haut fait également quelques allusions à l’histoire.

    Je crois même que l’abréviation est une habileté d’écriture fort utile, particulièrement quand on écrit pour soi-même. C’est une habileté qu’on a tellement réprimée dans mon éducation, particulièrement dans cette insistance des professeurs à toujours écrire correctement, que je me sens aujourd’hui très inepte à cet égard.

  • djo (blog.djo.ca) dit :

    mem kan jchat g cri en bons fransè ou anglè, sof ka soir jme lach lousse, vu kon parl de texto ; c sur kécrir en texto é 1 ar en soi ; je croi ke l1 nempech pa lot.

  • À lire ton message, Djo, j’ai le vif sentiment d’une nouvelle forme d’art, tant dans l’unicité que la créativité.

  • Luc Papineau dit :

    Peut-être de l’art mais, en termes d’efficacité, le texte de Djo écrit en français standard aurait été lu plus rapidement.

    De plus, ce texte ne respectait pas certains principes de syntaxe du français et comportait un anglicisme. Enfin, est-cela le texto? Si oui, je connais des gens qui ont appris à ne pas écrire avec la méthode du Sablier qui font du texto depuis 30 ans…

    Et puis, pourquoi cette version de Djo et pas celle-ci:

    mem kan jchat g kri an bon fransa ou angla, sof ka souar jme lach louss, vu kon parl de texto ; cé sur kékrir en texto cé 1 ar en soi ; j kroi ke 1 empech pa l aut.

  • En réponse à Luc Papineau : pourquoi pas ? en effet ;-)

    Ce commentaire m’a rappelé un vieux (!) souvenir du secondaire où, avec un ami, on s’amusait à inventer des abréviations plus ou moins cryptées ou cryptiques, question d’occuper un peu ce temps de cours (court) qui était si long… et souvent « plate ». De l’abréviation, nous sommes par la suite passés à la phrase complète qui tient dans un seul « mot », puis de là, nous avons ajouté des x, w, z, k muets, etc. pour la fantaisie et la complication du déchiffrage.

    L’important, dans un système d’abréviations efficace (pas celui mentionné ci-dessus), c’est que le scripteur et le ou les lecteurs se comprennent rapidement.

    Quand j’écris « nSSR » dans mes notes personnelles, je me comprends. Pour qu’un lecteur me comprenne, il faudrait que je lui explique que, dans mon système, les minuscules se prononcent en phonèmes comme dans un mot « normal » et, pour les majuscules, on doit dire la lettre, etc. Fastidieux, long et inutile, quand on ajoute tous les (nombreux) autres éléments de mon système d’abréviations personnel, sauf si je suis un ado qui « trippe » avec sa « gang » pour faire un truc semblable, juste pour l’amusement qu’il procure.

    Je crois donc que nous ne devons pas négliger cette dimension ludique peut-être présente (du moins implicitement) dans l’usage du texto.

  • Bonjour,

    Je serais, comme vous, d’avis que le langage texto n’a pas l’incidence néfaste qu’on lui prête, contre la belle langue, même si je n’ai pas d’études ou d’exemples à proposer pour étayer mon propos.

    Dans ma démarche pédagogique, j’aurais tendance à considérer cette forme d’expression, au même titre que le « verlan », ou l’argot.

    De ce fait, en étudiant les niveaux de discours, j’intègrerais très, très volontiers le langage texto dans une séquence d’apprentissage.

    Quand, en classe, on fait de l’observation réfléchie de la langue, on peut avoir besoin de la manipuler, de la triturer, voire de la malmener, dans le but de produire différents effets qui seront autant de repères pour mettre en évidence le bien parler qui est la forme la plus universelle du langage.

    P.S. Je m’affectionne particulièrement à déclamer, à la manière de Fabrice Luchini, la fable du Corbeau et du Renard, en verlan. Succès garanti !

  • C’357 C0MM3 3CR1R3 3N L337 5934K : C’35T 834U, 54N5 F4U73, M415 1NC0M9R3H3N518L3…

    C’est comme écrire en ‘leet speak’ : c’est beau, sans faute, mais incompréhensible…

    * A : 4
    * B : 8
    * E : 3
    * I : 1
    * O : 0
    * P : 9
    * S : 5
    * T : 7
    * Z : 2

    Ca m’a pris 7 minutes à taper ça!
    lol

  • Dans mon commenatire juste en haut, j’ai écrit :
    lol

    (mais sans les espaces) mais je crois qu’il (le serveur) l’a interprété comme une balise inactive… hahaha

  • Hein…?! même avec les espaces il l’interprète comme une balise!

    Eh ben!



Laisser un commentaire à Luc Papineau

*