Court plaidoyer pour une modernité de l'école


LawrenceJesusChristForerunn.jpgLes meilleures vérités sont peu enclines à faire école. (Jean Rostand)

L’école, pour progresser, n’a plus le loisir d’attendre l’exhaustif filtrage social. L’aseptisation des savoirs et des moyens n’a plus de sens dans un monde où l’élève, pour le meilleur et pour le pire, a facilement accès à toute l’information. L’officialisation du savoir et des méthodes passe par des mécanismes de sanction d’une lenteur canonique, issus de la culture du livre. Les jeunes s’en branlent. L’école joue sa crédibilité, particulièrement aux yeux des adolescents, en passant pour un organisme de conditionnement de la pensée ou, pis encore, de censure. On fera plus dynamiquement en misant sur le professionnalisme des éducateurs et l’interaction de la communauté.

De mes deux jours à la Rencontre nationale sur le renouveau pédagogique, je retiens que les cadres scolaires et les fonctionnaires de l’éducation sont très sensibles au changement dans un monde en transformation. Ces décideurs constituent, par conséquent, une autre ligne de défense contre les aberrations susceptibles d’envahir les écoles; mais encore faut-il leur laisser les coudées assez franches pour cesser d’être si frileux vis-à-vis de l’expérimentation.

Si l’école doit préparer les élèves à l’avenir, elle ne devrait pas ballotter fragilement dans le sillage du passé. Au contraire, elle devrait loger au gaillard d’avant. J’en prends à témoin ces collèges et universités qui adoptent la nouvelle génération de Wi-Fi avant même qu’elle ne soit accréditée (eSchool News : Latest Wi-Fi standard on the march). Ici encore, l’idée de McLuhan prend tout son sens : the medium is the message.

Un projet de société se définit dans la collaboration. Sa coconstruction nécessite bien plus que des connaissances et des compétences… elle requiert des valeurs et attitudes qu’on ne saurait développer par la méfiance.


(Image thématique : Jesus Christ, the Forerunner, par Mark Lawrence)


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4 réponses

  • Au sujet de la dernière aberration de censure, filtrage ou « bridage », tu iras lire mon dernier billet :-(

  • Jean Trudeau dit :

    « Un projet de société se définit dans la collaboration. Sa coconstruction nécessite bien plus que des connaissances et des compétences… elle requiert des valeurs et attitudes qu’on ne saurait développer par la méfiance. »

    Elle requiert surtout une grande solidarité. Solidarité illusoire dans les milieux de l’éducation où est incrustée la culture du pion.

  • Je souscris pleinement à ton plaidoyer… Les freins à la réforme, dans les pays riches, sont hautement dommageables, mais parce que nous sommes riches, nous pouvons faire semblant de nous en accomoder… Encore faut-il songer que ces « modèles » que nous entretenons à grands frais, sans grande efficacité, ne sont pas du tout exportables dans les pays en voie de développement… Il nous faut concevoir, inventer avec d’autres, de nouveaux systèmes éducatifs parce que c’est notre intérêt. Mais aussi pour aider à ce que l’accès aux savoirs se répande partout, plus vite et mieux…

  • « Si l’école doit préparer les élèves à l’avenir »

    Cette phrase me laisse songeur, perplexe… Et si l’école devait plutôt laisser les élèves préparer l’avenir et se centrer, elle, sur son rôle de passeur culturel ? Parce qu’il est là, à mon sens, le rôle de l’école. Rappelle-toi ce passage que tu as commenté, il y a déjà plusieurs mois de ça: « Ce n’est pas la capacité de l’école d’être superficiellement au goût du jour qui peut assurer sa réussite durable. L’école en soi est une institution plusieurs fois séculaire. Alors même lorsqu’elle change, elle partage assurément des éléments communs avec d’autres grandes institutions humaines qui ont aussi traversé les siècles. Et c’est là que le lien avec les religions s’est fait dans mon esprit: les religions et les églises, comme l’école, font partie de ces grandes institutions qui traversent les siècles. Les églises, chez nous au Québec et ailleurs, disait Pierre Lucier, « (…) n’ont pas duré jusqu’à aujourd’hui que parce qu’elles seraient passées du latin au français, des grands orgues à la guitare, du chant sacré au chant profane et de la sévérité à l’accueil. Elles ont duré jusqu’à nous dans la mesure où elles se sont toujours occupées de trois ou quatre expériences fondamentales de l’existence humaine : la vie, la mort, la souffrance, l’amour et quelques autres. » Le jour où les religions et les églises s’éloigneraient de cela, ce ne sont pas quelques comportements « hot » ou « full chill » qui les sauveraient. »



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