La coopération en classe plus efficace que la compétition


WernerCooperation.jpgIl y a deux genres de personnes, ceux qui font le travail et ceux qui en prennent le crédit. Tentez d’être du premier groupe; il y a moins de compétition. (Indira Gandhi)

Une méta-analyse (PDF) de la recherche des 80 dernières années, publiée par l’American Psychological Association, conclut que la coopération profite davantage aux apprentissages que la compétition (EurekAlert! : Cooperative classrooms lead to better friendships, higher achievement in young adolescents). En plus de nuire au rendement académique, l’analyse révèle que la compétition entrave le développement des habiletés associées à l’interaction sociale. Les chercheurs se sont penchés notamment sur l’apprentissage coopératif.

According to the studies, adolescents in classrooms that supported cooperative learning – studying together to complete a project or prepare for an exam – got along better with their peers, were more accurate on academic tests and achieved higher scores on problem-solving, reasoning and critical thinking tasks compared to adolescents who were in classrooms geared toward competitive learning – studying alone knowing that success would mean only one winner and plenty of losers.

Il existe évidemment plusieurs formes de coopération, dont l’apprentissage coopératif est sans doute la plus connue. Récemment, mon attention a encore été retenue par quelques principes de l’apprentissage coopératif (LearnHub : 5 Basic Elements of Cooperative Learning). J’ai particulièrement aimé le premier point qui porte sur l’interdépendance positive. L’auteur décrit neuf façons dont on peut activer l’interdépendance des élèves dans une activité d’apprentissage :

    1. Interdépendance de but : travailler vers un but common.

    2. Interdépendance d’incitatif : la reconnaissance/récompense est accordée seulement si tous les membres de l’équipe réussissent.

    3. Interdépendance de ressources : limiter les ressources de façon à ce que les élèves doivent s’organiser et les partager.

    4. Interdépendance de séquence : diviser l’activité en sous-tâches qui suivent un ordre déterminé.

    5. Interdépendance de rôle : chaque membre du groupe se voit assigné un rôle comportant des responsabilités spécifiques.

    6. Interdépendance d’identité : le groupe s’identifie à un nom, un logo, un symbole, etc.

    7. Interdépendance d’une force extérieure : le groupe rivalise avec les autres groupes.

    8. Interdépendance de simulation : les élèves imaginent qu’ils sont dans une situation où ils doivent collaborer pour réussir.

    9. Interdépendance d’environnement : les élèves travaillent dans un espace physique déterminé, telle une section de la classe.

En plus de faciliter l’apprentissage, la coopération développe des compétences de collaboration essentielles dans un monde disparate confronté à des problèmes complexes. Comme méthode d’enseignement toutefois, elle exige de nouveaux savoirs de la part des professeurs, entre autres sur le plan de la pédagogie et de l’encadrement. Plusieurs enseignants déçus des résultats ne se donnent généralement pas le temps d’améliorer leur pratique.


(Image thématique : Cooperation, par Carol Werner)


Par ricochet :

Coordination, cooperation, ou collaboration ?

Motivation : coopération ou compétition ?

Critères de collaboration>
Wikipedia : la coopération comme gage de qualité

Étude : la coopération entre élèves favorise l’apprentissage

Vous pouvez suivre les commentaires en réponse à ce billet avec le RSS 2.0 Vous pouvez laisser une réponse, ou trackback.

5 réponses

  • florence meichel dit :

    Intéressant billet comme toujours ! :-)

    Plusieurs réactions :

    D’abord j’ai souri en me constatant qu’il fallait une recherche pour arriver à quelque chose qui me semble évident depuis bien longtemps ! :-)

    Je suis septique sur les points 3,4,5, 7

    3. Interdépendance de ressources : limiter les ressources de façon à ce que les élèves doivent s’organiser et les partager.
    Je préfère qu’il y en ait trop et que les gens soient amenés à faire des choix ensemble sur ce qu’ils trouvent pertinent ou non !

    4. Interdépendance de séquence : diviser l’activité en sous-tâches qui suivent un ordre déterminé.
    Je préfère quand les gens s’organisent eux-même pour définir qui fait quoi !

    5. Interdépendance de rôle : chaque membre du groupe se voit assigné un rôle comportant des responsabilités spécifiques.
    Idem

    7. Interdépendance d’une force extérieure : le groupe rivalise avec les autres groupes.
    Je préfère l’idée de « pression de synergie » car je ne vois guère de différence entre compétition et rivalité !

    Dans la continuité de cette réflexion, je te soumets cette petite synthèse personnelle
    http://florencemeichel.blogspot.com/2007/07/quelques-conseils-oprationnnels-pour-la.html

  • Merci pour ce compte-rendu ! Voilà un argument de plus en faveur de l’apprentissage collaboratif, notamment à distance.
    Ce « développement des habiletés associées à l’interaction sociale » m’a fait penser à « l’intelligence émotionnelle » de D. Goleman…

  • Louis (cjitfm.com) dit :

    Je crois que Jim Howden reprend plusieurs de ces points sur l’interdépendance. C’est le cas aussi pour Spencer Kagan (http://www.kaganonline.com/)

  • Les points soulevés par Florence sont exactement ceux qui me font émettre des réserves par rapport à la forme accréditée de l’apprentissage coopératif, dont celle commercialisée par Kagan.

  • Denys Lamontagne dit :

    Une recherche récente auprès de plus de 300 000 étudiants (http://www.tomorrow.org/docs/National%20Findings%20Speak%20Up%202007.pdf) démontre que le premier élément qui fait que les jeux vidéos ont du succès chez les jeunes est… la compétition, contre soi même, contre les autres, individus ou équipes.

    De là à conclure que les jeux vidéos entravent la socialisation, il n’y a qu’un pas que l’APA n’hésitera sans doute pas à franchir.

    Je suppose que l’APA recommandera bientôt de limiter les activités compétitives à l’école de telle façon que plus personne n’ait l’idée de se surpasser ou d’aller voir ailleurs. Comme si les activités collaboratives étaient une condition de l’apprentissage réussi et qu’elles ne favorisaient pas le conservatisme.

    Laissons les psychologues à leur psychologie. Je préfère et de loin me fier aux enseignants et aux pédagogues pour ce qui est des activités pédagogiques. Collaboration ET compétition font partie des activités humaines et ont des avantages en apprentissage.

    La compétition incite au dépassement, la collaboration incite à l’organisation. Les deux sont nécessaires et souhaitables en éducation.



Laisser un commentaire à François Guité

*