La formation informelle et les réseaux


WhiteLearningPuzzle.jpgRien ne prédispose plus au conformisme que le manque de formation. (Gustave Thibon)

Non seulement l’accélération du changement fait-il en sorte que les besoins de formation excèdent l’offre et la capacité du système scolaire, mais le type de formation repose généralement sur un modèle qui mobilise d’énormes ressources pour de maigre retombées. Je ne compte plus le nombre de formations qui ressemblent à celle décrite par Gilles (Jobineries : Vive les formations !). On peut mener un cheval à la rivière, mais on ne peut le forcer à boire. Si, d’une part, il y a des enseignants qui attendent qu’on les forme, souvent les premiers à se plaindre de la formation qu’ils reçoivent, d’autres ont compris qu’ils ne devaient compter que sur leurs propres moyens.

J’ai observé que ceux qui pilotent leur formation sont souvent ceux qui utilisent les nouvelles technologies, comme si celles-ci témoignaient d’une volonté d’apprendre. Néanmoins, le maillage social, avec ou sans ordinateur, m’apparaît un plus grand facteur de formation continue. Dans la salle de travail ou dans Internet, les échanges informels touchent plus souvent au but; l’autorité n’est plus un obstacle et le sentiment de contrôle partagé. Du coup, le socioconstructivisme complète parfaitement l’autodidaxie.

Les réseaux sociaux en ligne apportent cependant une autre dimension à la formation professionnelle. Tandis que les échanges sur le terrain portent davantage sur la pratique et le quotidien, les réseaux virtuels favorisent la réflexion et l’objectivation de la théorie. Ce mariage du concret et de l’abstrait est particulièrement fécond.

Heureusement qu’il y a des formateurs comme Martin Bérubé et Pierre Lachance pour inciter les éducateurs à autonomiser leur formation en développant un environnement d’apprentissage personnel (PLE). À ce sujet, il faut suivre leur blogue ou consulter le wiki. Mais encore faut-il composer avec la zone de développement de chacun.

Un bon formateur n’est plus celui qui forme, mais celui qui habilite l’individu à se former. Aux technologies de l’information qui personnalisent la formation, il faut désormais ajouter les technologies de la mobilité qui étendent son rayon d’action. Bruno Devauchelle avait abordé la question juste avant Noël (Veille et Analyse TICE : Mobilité et convergence), et Isabelle Dremeau n’a pas manqué de souligner l’importance de la mobilité dans ce fameux schéma de la formation à l’ère du Web 2.0 (e-learning Bretagne : Panorama du Web 2.0 pour la formation).

Tout ce morcellement de l’apprentissage au travail constitue ce que Theo Hug appelle le microapprentissage (Didactics of Microlearning; source : Connectivism Blog). Contrairement au caractère momentané et unidirectionnel de la formation contrôlée, les réseaux s’avèrent des conduits incomparables pour la dissémination et la construction du savoir professionnel. Parfois même, il devient viral (Injenuity : Viral Professional Development).

D’un point de vue systémique, la formation ne peut pas toujours être abandonnée au gré des individus. Les ralliements jouent encore un rôle, mais dans la mesure où les participants co-construisent l’événement. Gilles a vu juste. On doit se rappeler, par ailleurs, qu’une formation n’est rien si elle ne se répercute dans le quotidien.


(Image thématique : The Learning Puzzle, par Mary White)


Par ricochet :

Blog réflexif et formation professionnelle

La formation continue : qu’est-ce qui marche ?

Les TIC pour un programme de formation individualisé

7 stratégies de PLE pour la formation professionnelle

Formation professionnelle et non-conférence Éducation 2.0

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3 réponses

  • Merci pour cette analyse pertinente ! J’ai rencontré l’autre jour un professeur qui s’avère très intéressé par ce qu’il est possible de faire avec les NTIC dans le secteur de l’enseignement (il utilise les blogs et les wikis avec ses étudiants) mais qui a du mal à aller sur les réseaux pour échanger, parler de ses pratiques, de ses idées… pour les faire mûrir.



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