Les TIC pour un programme de formation individualisé


Quand je demande à mes élèves de 14 ans ce qu’ils ont l’intention de faire plus tard, ils répondent inévitablement qu’ils ne savent pas. Doit-on s’en inquiéter ? Dans trois ans, ils auront à prendre une décision aux conséquences lourdes pour leur avenir en choisissant une voie d’étude au cégep. Les élèves de 5e, à qui je pose la question, ne sont guère plus fixés, sinon qu’ils ont opté pour les sciences pures ou les sciences humaines, davantage sur la base de leurs résultats que de leurs rêves. Devant un choix incertain ou déchirant, ils se ruent sur les conseillers en orientation qui sont vite débordés. Ne peut-on pas faire mieux pour aider les élèves à planifier leur avenir ? Il appert que les nouvelles technologies de l’information offrent des solutions prometteuses.

Le Département de l’éducation du Kentucky a fait appel à Career Cruising, une compagnie canadienne, pour offrir aux élèves des outils de planification individualisée à long terme (eSchoolNews : Program creates ILPs for all students). Les élèves ont accès à un plan personnalisé qui suggère des choix de carrière en fonction des habiletés et des intérêts, crée un parcours à long terme, établit des objectifs personnels qui tiennent compte de la progression de l’élève, établit un profil de l’historique scolaire et des activités parascolaires et crée un curriculum vitae. De l’avis des parents, le service comble une lacune importante du système scolaire.

Le projet du Kentucky fait mieux que les systèmes où les élèves sont pris dans les ornières d’un programme de formation unique. Quand tous les participants se retrouvent dans la même arène, l’esprit de compétition prolifère. Mais dans un contexte où chacun est en mesure de comparer ses résultats en fonction d’objectifs à long terme qui lui sont propres, ceux des pairs deviennent secondaires. Au contraire, une telle dynamique d’apprentissage est plus apte à favoriser la collaboration entre les élèves, car les bénéfices de l’entraide deviennent évidents.

Pour les parents, les technologies de l’information permettent de suivre et de mieux soutenir l’évolution des enfants. Dans la perspective d’un parcours à long terme, avec des objectifs plus personnalisés, le bulletin prend une autre dimension. Les moyennes de classe prennent sans doute des proportions moins dramatiques.

Un système de planification individualisé doit évidemment répondre aux besoins de l’élève plutôt que ceux de l’État. À ce sujet, j’ai été rassuré de lire que les délégués de 48 pays au Sommet mondial de l’école du future reconnaissent que les compétences de base en mathématiques et littératie ne suffisent guère à notre époque (CNN : 21st century schools: Beyond the three R’s).

Ma principale inquiétude est à l’idée de voir les jeunes suivre si tôt un plan d’étude axé sur une profession. Ce genre d’instrument doit nécessairement se plier aux revirements des jeunes, au fil de leurs découvertes et de leurs métamorphoses. Un outil ne doit jamais se refermer sur son utilisateur, surtout celui qui est inexpérimenté. J’ose espérer que les concepteurs auront d’abord pensé au développement de l’élève.

Par ricochet :

Synthèse de l’apprentissage individualisé

L’apprentissage personnalisé

Ode à la différenciation : Animal School

Les attitudes des Canadiens à l’égard de l’apprentissage


Eight Basic Lesosns from Fullan (Cyberportfolio de Roberto Gauvin)

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4 réponses

  • Étienne Roy dit :

    Vos élèves auront à faire un choix avant trois ans. La formation professionnelle est accessible après la troisième secondaire (pour certains programmes)! Et cette formation n’est pas seulement pour les moins doués! Plusieurs gens ayant passés par-là gagnent leur vie mieux que vous et moi! Mais là n’est pas le propos.
    Au Québec, lors Sommet jeunesse de 2000, les jeunes ont clairement énoncé leurs grands besoins en orientation. De cet événement, l’Approche orientante est née. Elle est présentement plus ou moins bien implantée dans les écoles du Québec. Certaines commissions scolaires ont utilisé l’argent à bon escient ce qui commence à donner de bons résultats alors que d’autres ont utiliser cette argent pour des « plomberies ou des toitures orientantes ».
    Il faut aussi être conscient que pour bon nombre d’enseignantes ou d’enseignants l’orientation de leurs élèves est loin de leur préoccupation principale! Ça devrait peut-être le devenir. On entend souvent dire que l’école n’est pas au service des entreprises, elle doit tout d’abord former de bons citoyens. On oublie qu’un bon citoyen ça travaille ou ça cherche à travailler!
    Le renouveau offre un nouveau cours : le Projet personnel d’orientation. Un cours ou on ne fait pas de choix mais où on développe des compétences à s’orienter, lorsque le moment sera venu. Il s’agit, à ma connaissance, du seul programme d’étude qui parle explicitement l’utilisation des TIC en y nommant un site de référence à utiliser avec les élèves. Je vous invite à aller voir le répertoire ppo.

  • Bonjour Étienne. Il y a belle lurette qu’on ne s’est pas vu depuis Septembre Média.

    La formation professionnelle n’est pas envisagée par mes élèves. C’est d’ailleurs, comme les autres solutions, une option qui gagnerait à être intégrée plus tôt dans un plan d’étude. Je crois aussi que c’est une avenue qui gagne à être valorisée.

    Merci de me rappeler l’existence du Répertoire PPO. Je regrette de ne pas l’avoir intégré à mon billet. Heureusement que les lecteurs sont là pour combler mes lacunes.

  • Bon lundi et bonne semaine naissante, TLM

    Et oui, l’approche orientante ! La Commission scolaire des Hautes-Rivières a créé une section Web, pour favoriser la decouverte de cette approche.

    Pour ce qui est du site PPO-POP, le fait qu’il est « full » bilingue permettrait sans doute de l’effleurer ou l’approfondir en ESL, question de faire des liens avec « la vraie vie »…

    Par ailleurs, quoique ce genre de pédagogie transdisciplinaire, en lien avec l’approche orientante, soit possible, voire souhaitable, en ESL, voire en français, il m’apparaît que certains domaines (disciplinaires) s’y prêteraient moins bien que certains autres domaines, comme les Maths, l’histoire ou la géographie, par exemple…

    Néanmoins, géographiquement parlant, connaître, approfondir, les différents métiers ou professions, en anglais, pourrait aider les jeunes à ne pas être confiné au seul QC, dans leur(s) emploi(s) éventuel(s)s…

    Bien sûr que c’est tout à fait normal qu’à 14 ans, on ne soit pas « branché directement sur son futur emploi », mais n’est-ce pas là une bonne raison pour chercher à développer chez les jeunes leur connaissance du monde du travail, auquel ils devront inévitablement faire face, dans un futur, qui n’est VRAIMENT pas si loin que ça ?

  • Je suis d’accord avec Djeault : intéresser les jeunes au monde du travail est certainement une façon de donner un sens aux apprentissages. Il faut prendre garde, cependant, de ne pas trop mettre l’emphase sur l’emploi. L’entreprise et l’initiative sont également à promouvoir.



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