Creative Commons pour contrer le plagiat à l'école


La question du plagiat, maintenant exacerbée par les technologies de l’information, défraye régulièrement les chroniques. La réaction initiale à la prolifération du plagiat fut un renforcement des contrôles, tel que le durcissement des sanctions et le recours à des services de dépistage. De plus en plus, cependant, on se tourne vers des solutions éducatives, opérant au coeur du problème plutôt qu’en périphérie. Deux articles du dernier numéro d’Innovate, le premier sur l’éducation au plagiat et le second sur l’utilisation des licences Creative Commons à l’école, m’ont amené à me demander si le premier ne pouvait pas bénéficier du second.

Dans Teaching Students about Plagiarism: An Internet Solution to an Internet Problem, Eleanour Snow met l’accent sur la sensibilisation des élèves au plagiat. Tirant profit du même moyen de communication que celui utilisé par les élèves, elle dresse un inventaire des ressources en ligne pour sensibiliser les élèves au plagiat, dont The Fraud of Plagiarism, un site interactif et dynamique qu’elle a conçu.

Snow aborde l’éducation au plagiat sous quatre angles :

    1. Conscientiser les élèves aux questions d’éthiques relatives au plagiat, et aux pénalités encourues.

    2. Enseigner, à l’aide d’exemples, les façons de paraphraser correctement.

    3. Enseigner, à l’aide d’exemples, comment utiliser les citations.

    4. Enseigner comment effectuer des emprunts et indiquer les références (quoique je ne suis pas certain de la distinction à faire entre quotation et citation).

Dans le deuxième article (Creative Commons: A New Tool for Schools), Howard Pitler tâche de démontrer les avantages de Creative Commons dans un contexte scolaire. Pitler y voit un sujet de sensibilisation des élèves aux questions de droit d’auteur. Mais je pense qu’on peut aller plus loin, et faire mieux, en dotant les élèves qui publient sur le Web d’une licence Creative Commons, notamment les élèves qui disposent d’un blogue.

Je crois que la responsabilisation des élèves à leurs droits d’auteur est de nature à les conscientiser à l’intégrité intellectuelle. Le droit d’auteur est un concept plutôt abstrait pour les élèves, surtout à une époque où ils piratent gaiement leurs chansons préférées sur le Web. Il semble qu’ils aient beaucoup de difficulté à comprendre le caractère propriétaire de ce qui est immatériel. Le fait de choisir une licence Creative Commons pour leurs réalisations est peut-être la meilleure façon pour les élèves d’objectiver la propriété intellectuelle.

Une licence Creative Commons ne suffira pas à éliminer le plagiat. Encore faut-il apprendre aux élèves à utiser des guillemets et à donner la référence quand ils copient du texte. Mais il s’agit d’un moyen de valoriser leurs productions. L’occasion est belle, par ailleurs, de leur inculquer l’esprit de partage qui anime Creative Commons et le Web, à savoir que l’utilisateur a une certaine obligation morale de contribuer à cette communauté dont il bénéficie tant.

Mise à jour, 12 août 2006 | Voyez également le billet d’Andy Carvin : Encouraging Student Creativity with Creative Commons.


Par ricochet :

Étude : les garçons plus sujets au plagiat

Les blogues et le plagiat

Moteur de recherche Creative Commons

CreativeCommons Canada

La propriété intellectuelle universelle


Le bureau, Creative Commons… et Microsoft! (Remolino)

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3 réponses

  • Personnellement je suis tout à fait favorable aux propositions relatives au Creative Commons.
    Par ailleurs, la conception de la tâche et de l’activité à fournir par l’élève est, à mon avis, souvent à l’origine du plagiat scolaire. En effet, lorsque la tâche consiste à reproduire un discours ou à se conformer à un discours attendu, il est logique que l’élève recopie le « bon texte ». De plus, souvent, il est demandé aux jeunes élèves de reformuler les textes trouvés plutôt que de citer les textes retenus. Comment s’étonner par la suite que les élèves ne maîtrisent pas le règles de la propriété intellectuelle ou du copyright !

    Par contre, un travail notamment par typologie ou par comparaison nécessitera de l’élève un travail de déconstruction des informations recueillies. Bien plus que si l’on demande à l’élève de faire un résumé sur telle civilisation ou sur l’énergie nucléaire.
    En outre, en demandant clairement, le point de vue de l’élève sur un sujet ou les raisons de son choix, on modifiera également la nature de la tâche. Il devra séparer les éléments recueillis (et les citera donc plus facilement) de son avis ou de ses opinions.
    Les études de cas sont également un autre moyen d’éviter certaines pièges du plagiat.
    Il y en a certainement encore bien d’autres.

  • Je dois avouer beaucoup aimer le commentaire de M. Kaufmann! En fait, ça me ramène à l’idée selon laquelle l’une des principales embûches à laquelle plusieurs se heurtent réside dans la conception d’une situation d’évaluation (ou mieux : d’apprentissage et d’évaluation) qui soit réellement pertinente et qui permette réellement à l’élève de nous démontrer tout son potentiel, de présenter son niveau de compétence. En ce sens, est-il possible de croire qu’une SAE bien construite ne permette tout simplement pas le plagiat? Il me semble que la réflexion mérite d’être explorée!

  • Je suis d’accord avec les positions de Lyonel et de Sacco. Je crois que la meilleure façon d’éviter le plagiat est de mettre l’emphase sur la démarche autant que sur le produit final. En demandant à voir les références, le brainstorming, le plan et le/les brouillon/s, on fait d’une pierre deux coups : on montre à l’élève comment écrire et on évite le plagiat.



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