Le hasard pour accroître l'attention en classe


Comme la plupart des professeurs, je remarque une baisse générale d’attention de la part des élèves. Que ce soit moi ou un élève qui ait la parole n’y change rien. Toujours à l’affût de solutions, je retiens une étude qui conclut qu’un logiciel générant un nom au hasard accroît le niveau d’attention des élèves dans une classe (eSchool News : Bias-busting tech keeps kids focused). L’étude en question comprend plusieurs aspects intéressants sur le plan de la gestion de classe et de la pédagogie.

Au départ, les chercheurs voulaient déterminer si les enseignants avaient des préférences au regard des garçons ou des filles quand ils posent des questions. Pour les besoins de l’étude, ils ont constitué deux groupes de comparaison, des classes où les professeurs choisissaient les élèves au hasard au moyen d’un logiciel, et d’autres classes où les professeurs agissaient instinctivement. À leur étonnement, aucune différence significative n’a été observée au regard du sexe des élèves.

Mais en interrogeant les élèves, les chercheurs ont constaté qu’ils se disaient mieux préparés pour les cours et plus attentifs, ne sachant trop si le hasard tomberait sur eux. Pour limiter l’angoisse de ne pas savoir répondre à une question, les élèves pouvaient se prévaloir du droit de passer un tour.

La stratégie de choisir un élève au hasard me semble effectivement prometteuse dans certaines circonstances. Je me promets bien d’en faire l’expérimentation l’année prochaine. Ce sera d’ailleurs un jeu d’enfant de modifier Lumi pour afficher aléatoirement le nom d’un élève. De surcroît, je pourrais y ajouter une fonction automatique de rédaction d’un message en fonction de la réaction de l’élève.

Je m’interroge d’ailleurs sur mes stratégies de questionnement des élèves. À la longue, un enseignant finit par connaître ses élèves. Ainsi, je finis par connaître les élèves qui figent quand on leur pose une question à l’improviste devant le groupe. J’ai pris l’habitude de les ménager quand j’interagis avec la classe, l’estime de soi s’avérant un facteur important dans l’acquisition d’une langue seconde. Mes interventions auprès de ces élèves sont plus calculées, intervenant davantage dans un contexte personnel ou d’équipe que de classe. Mais est-ce bénéfique pour l’élève ?

Peut-être devrais-je inciter les élèves taciturnes un peu plus à vaincre leur timidité. Si je laisse les élèves libres de répondre aux questions, j’obtiens la participation du tiers des élèves environ. Mais comme le précise un professeur d’université, il faut encourager les élèves à s’exprimer.

Only a small number of students are willing to raise their hands in class, usually the best students. « It’s important for teachers to realize that students need to be encouraged to speak up in class, especially high school students because this is a shy age.


Par ricochet :

Des jeux vidéo pour accroître l’attention

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2 réponses

  • En ce qui me concerne, j’utilise deux méthodes, tantôt je nomme les élèves au hasard, tantôt je donne la parole à un élève qui a la main levée. Lorsque j’interpelle les élèves au hasard, j’ai développé quelques stratégies pour faciliter les choses aux élèves plus introvertis et plus timides. D’abord, je leur laisse le temps de réfléchir tout en leur envoyant des messages rassurants lorsque je les vois hésitants : « Prends le temps de réfléchir un peu. », « Donne-nous ta réponse même si tu n’es pas certain. Tu as droit à l’erreur. » J’ai adopté cette stratégie à la suite de la lecture d’une étude qui avait établi que les enseignants laissent, en moyenne, moins de trois secondes à un élève pour répondre à une question. Au terme des trois secondes, l’enseignant passe à un autre élève. Cette même étude avait établit que les élèves répondent plus spontanément aux questions et avec plus de justesse dans les classes où l’enseignant laisse davantage de temps à l’élève pour qu’il réfléchisse à la réponse à donner. Malheureusement, je ne me rappelle absolument de rien quant à la référence de cette étude, je sais que cette lecture date de plus de dix ans. Si je me souviens du contenu, c’est probablement parce que je l’ai intégré à ma pratique.

    J’envoie également des renforcements positifs même lorsque la réponse est erronée ou pas tout à fait juste : « Ok, c’est pas ça, mais c’est une bonne tentative », « C’est pas tout à ça, mais ce n’est pas fou ton affaire ». Dans ce dernier cas il m’arrive de prendre le temps d’expliquer en quoi cette réponse erronée a un côté intéressant. Si l’élève ne sait vraiment pas quoi répondre, je fais « un appel à tous pour dépanner notre ami » et je choisis alors un élève parmi ceux qui lèvent la main. J’essaie de créer un climat qui valorise l’attention, la réflexion et la participation dans la dynamique des échanges en classe. J’essai de briser la tendance dominante qui discrédite, ridiculise et stigmatise l’erreur. Car pour bon nombre d’élèves, le fait d’éviter de répondre à des questions tient davantage à cette crainte du ridicule qu’à leur disposition psychologique à l’introversion, par exemple.

    Ce sont là quelques stratégies que j’utilise pour interroger les élèves au hasard sans donner l’impression de chercher à les prendre en défaut devant leurs pairs, ce qui est inutile et contre-productif, et en favorisant une plus grande assurance pour les élèves plus introvertis et plus timides.

  • Très intéressant, André. Il faut que j’intègre ces stratégies à ma pratique plus systématiquement. De mémoire, il me semble que, le plus souvent, je laisse le temps aux élèves de trouver la réponse à une question, à défaut de quoi je les aide par maïeutique. Mais plutôt qu’agir instinctivement, je crois qu’il vaut mieux le faire sciemment. Ça permet de mieux contrôler la situation.



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