Le papier reste une technologie


Dans notre fascination pour les nouvelles technologies, nous oublions trop souvent que le papier demeure une invention très efficace. L’essence de la méthode consiste à recourir aux moyens les plus efficaces. La fin ne détermine pas seule cette efficacité. Il faut savoir porter un regard holistique sur la tâche : par exemple, on considérera l’impact environnemental de nos choix, ou la vitesse d’exécution. Mon penchant pour les TIC m’entraîne souvent à faire le mauvais choix, c’est-à-dire à chercher une solution informatique qui s’avère trop complexe pour les besoins de la cause et qui finit par me gruger trois fois plus de temps que si j’avais saisi un crayon.

Dans l’engouement pour les assistants numériques (PDA), je me suis procuré un Palm voilà trois ans de cela. Après deux ans, j’ai dû me rendre à l’évidence : je dépensais plus d’énergie à le trimbaler dans ma poche que d’en jouir. L’outil ne correspondait simplement pas à mes besoins ; mon ordinateur portable s’avérait plus utile. Par conséquent, je l’ai remplacé par un Blackberry, lequel intègre plus de fonctionnalités et répond mieux à mes besoins de téléphonie et de mobilité.

Dans certaines occasions, le papier est plus avantageux que l’ordinateur. Au restaurant, par exemple, l’ordinateur est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Par ailleurs, les croquis et les schémas se griffonnent plus rapidement sur un bout de papier que sur un portable. Idem quand il s’agit d’improviser un brainstorming. Et il est impensable d’utiliser un ordinateur au grand jour sous un soleil éblouissant.

Le papier possède des caractéristiques qui lui confèrent certains avantages par rapport à l’ordinateur. Il est à la portée de toutes les bourses et se transmet immédiatement de main en main. Il se manipule instinctivement, se plie à volonté, et se transporte sans effort. Son interface graphique s’adapte aux idiosyncrasies et se prête à toutes les fantaisies de l’imagination. Son format se soumet volontiers aux dictats d’un coup de ciseaux ou d’une simple déchirure. Enfin, son emplacement n’est pas limité à l’exiguïté d’un écran lumineux ; il y a une certaine joie, pour un esprit créatif, à étaler le travail.

Dernièrement, j’ai été séduit par des solutions papier très ingénieuses pour organiser son travail et, du même coup, abordables pour tous les élèves. Ainsi, 43 Folders présente le Hipster PDA, un carnet de note multicolore à confectionner pour organiser les tâches. Le PocketMod utilise une approche plus technologique en proposant une application gratuite (Mac et Windows) pour imprimer de petits feuillets jetables à partir de plusieurs modèles (les feuillets peuvent également être imprimés en ligne). D’autres solutions sont proposées sur les sites D*I*Y Planner et Litwack.

Sans pour autant préconiser l’usage illimité du papier, l’argument de la préservation de l’environnement ne favorise pas tant l’ordinateur qu’on semble le croire. On oublie facilement tous les matériaux traités qui entrent dans la fabrication des ordinateurs, ainsi que de l’amoncellement des vieux ordinateurs qui sont destinés aux dépotoirs. Le problème est de taille, ne serait-ce que pour les polluants tels que le plomb, le cadmium, le baryum et le mercure qu’ils contiennent. Par ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que le papier est une matière recyclable et une ressource renouvelable.

Il y aurait certes des économies à faire, ainsi qu’un usage plus judicieux d’un matériau précieux, si le papier était offert dans des formats d’impression plus petits que le format lettre. À défaut de pouvoir standardiser un format plus petit, les imprimantes pourraient au moins être munies d’un couteau qui taille les feuilles en deux ou en quatre, tout en emmagasinant le papier ainsi taillé pour impression ultérieure.


Par ricochet :

La plume vs le clavier

Papiers quadrillés et isométriques

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3 réponses

  • Comme vous, j’essaie toujours de TOUT faire avec mon ordinateur. J’utilise de moins en moins le papier et il m’arrive aussi de perdre du temps pour arriver à faire ce que je veux avec mon ordinateur. Par contre je vois ce temps comme de nouveaux apprentissages. Car je cherche jusqu’à ce que je trouve comment faire. Mais, il ne faut pas oublier ce bon vieux papier et crayon qui nous sauve encore la vie de temps en temps…

  • Je «taponne» sur des ordinateurs depuis environ trente ans (la première fois, c’était avec des cartes perforées, c’est dire!), je suis donc très à l’aise avec cet instrument que j’ai eu la chance de voir évoluer. Il y a plusieurs choses que j’essaie, d’emblée, de faire sur ordinateur. Mais il en est certaines que je ne peux pas.
    Je n’écris que rarement directement sur un clavier. Je préfère le papier pour les esquisses, les premiers jets, pour rassembler mes idées. Pour corriger aussi. Comme tu dis, le papier «se manipule instinctivement, se plie à volonté»; j’ajouterai qu’il possède une qualité sensuelle que l’ordinateur, le clavier, n’a pas. Il a une texture et même une subtile sonorité lorsque la mine l’effleure. Et il est souvent plus agéable a regarder, plus doux pour les yeux.
    D’ailleurs, vivement la propagation des applications de e-ink.

  • Je remercie Gary et Marc André d’avoir contribué deux points très intéressants sur le choix du papier ou des technologies numériques. Je suis tout à fait d’accord avec Gary qui fait valoir le caractère éducatif de chercher de nouvelles manières de faire avec les technologies. Dans ce contexte, on ne peut pas toujours espérer que nos tentatives s’avèrent fructueuses. Mais il est quand même important de chercher de nouvelles façons de faire, même si parfois cela devait résulter en une perte de temps. Cela évite de sombrer dans une sorte de routine qu’il dénonce justement dans l’un de ses billets.

    Quant à Marc André, il met le doigt sur un avantage certain du papier, à savoir la sensualité des objets qu’on manipule. C’est une qualité de l’objet qui en fait le prolongement du corps, une sorte d’appendice qui prend vie momentanément. Le papier possède une sensualité naturelle qu’on ne trouve pas dans les instruments électroniques, qui ont la froideur du plastique et l’éclat artificiel d’une lumière électrique. Il suffit de laisser une feuille nous chatouiller les doigts, ou de faire danser un crayon sur la piste lignée d’une page, pour s’en convaincre.



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