Gai mariage des sciences et de l'art


Je titre avec un petit jeu de mots, en cette journée historique, pour souligner une autre union iconoclaste : celle de la science et de l’art. Pourtant, les philosophes n’ont pas manqué de mettre en lumière le rapport entre la beauté et la vérité, dont Hofstadter encore récemment dans Truth and Art. Pour en revenir aux sciences, les premières images qui me viennent à l’esprit, quand il est question de beauté, ce sont les fractales, véritable source d’émerveillement. Afin de stimuler l’esthétisme des étudiants en science, l’université Princeton a lancé son premier Art of Science Competition. La galerie expose 55 des plus belles réalisations, chacune comprenant une explication, comme cette fractale qui donne une illusion de 3D. La philo, les sciences, et l’art : prises séparément, elles emmerdent souvent les élèves ; mais réunies, elles sont irrésistibles. …

Mise à jour, 27 août 2005 | Le rapprochement des arts et des sciences en intéresse plus d’un. Une dépêche d’EurekAlert nous apprend que des spécialistes de ces deux domaines s’apprêtent à se réunir pour trouver leurs points communs. C’est toujours une bonne nouvelle quand on cherche à intégrer les diverses spécialités.

Vous pouvez suivre les commentaires en réponse à ce billet avec le RSS 2.0 Vous pouvez laisser une réponse, ou trackback.

10 réponses

  • C’est drôle, j’ai toujours trouvé que l’art et la science faisait bon ménage. J’avais d’ailleurs posé la question à savoir qu’elle est la différence entre les deux.

  • La science s’accommode mieux de l’art que l’inverse, sans doute parce que l’intellect sait composer avec les émotions tandis que le coeur se rebelle souvent contre la raison. À l’école, du moins, ils ne font pas bon ménage ; et comment le pourraient-ils quand ils font chambre à part ?

    En philosophant, on peut fort bien, comme plusieurs grands esprits l’ont déjà fait, concilier l’art et la science. Mais à ce que je sache, ce n’était jamais dans toute l’immanence de l’un et de l’autre. Fondamentalement, il y a une différence d’émotivité et de liberté au profit de l’art. Selon moi, ce n’est que quand la science réussit à faire vibrer notre sensibilit頗 et cela se produit tous les jours — qu’elle se connecte à l’art.

    Naturellement, cela dépend de ce qu’on entend par ces deux concepts. Les définitions de l’art ne manquent pas, considérant son immatérialité. Pour ma part, j’aime bien celle, lapidaire, de Picasso : « l’art, c’est le mensonge qui dit la vérité. »

    D’une part, il y a l’Art (avec une majuscule), c’est-à-dire toute forme d’expression qui élève la forme au-delà de l’immédiatement perceptible pour lui donner un sens nouveau ; d’autre part, il y a cette autre interprétation de l’art, plus facile mais non moins utile, qui se contente de valoriser la beauté. Dans le cadre de ce concours, Bridge est un exemple du premier, et Wake of a Pitching Plate du second.

    Évidemment, on pourrait en débattre longtemps. C’est la beauté de l’art que de donner libre cours à l’imagination.

  • En fait, l’art a souvent été chercher des idées en science, et il y a toujours eu des artistes pour tirer le plus qu’ils peuvent des nouvelles technologies. En ce sens, au lieu du « coeur [qui] se rebelle contre la raison » on a le coeur qui fait sien un produit de la raison…

    Il y a par ailleurs un article dans Nature (http://www.nature.com/news/2005/050627/full/050627-16.html) sur l’utilisation de l’art dans les communications scientifiques.

  • On ne saurait nier l’apport de la science à l’art. La question, pour peu qu’elle vaille, est de faire la part des choses. Et dans son essence, l’art n’a trouvé tout son pouvoir d’expression qu’une fois affranchi du joug de l’académisme. Non pas que les grands artistes d’avant la deuxième moitié du XIXe siècle n’aient rien fait qui vaille, bien au contraire, mais leurs mains, le plus souvent, étaient à la solde de la royauté, de l’Église, ou de la bourgeoisie.

    Encore aujourd’hui, certes, elle puise parfois son inspiration de la science. Car l’art ne rejette aucun sujet d’emblée, ce qui n’est pas le cas de la science — pensons à la religion, par exemple. Par conséquent, l’art englobe davantage que la science.

    Ce que l’un et l’autre ont en commun, à mon avis, c’est la quête de vérité. Les moyens qu’ils prennent, toutefois, divergent. La science s’en tient aux voies de la nature ; l’art, heureusement, explore toutes les voix.

  • Danielle dit :

    C’est bien triste de classer la science dans un tiroir et l’art (ou les arts) dans un autre. Les arts, les sciences et les mathématiques sont indissociables ! Lorsque je peins, mon inspiration est liée la science, mes couleurs relèvent de mon petit côté artiste et la composition de mon tableau est mathématique ! Question d’équilibre…

  • C’est fou tout ce qu’on apprend dans les blogues ! C’est que j’ignorais que tu peignais, Daniele. Je comprends mieux maintenant ton habileté à utiliser le tableau (celui de la classe).

    Je ne cherche pas tant à classer les choses comme de préciser ce qui les distingue, histoire de mieux comprendre. Car on ne peut prétendre que l’art et la science soient des concepts identiques. Mais distinction ne veut surtout pas dire exclusion. L’harmonie, après tout, est une qualité chère aux artistes comme aux scientifiques.

  • À (re)lire, Le Cri d’Archimède d’A. Koestler, livre consacré à théorie de la création artistique et de la découverte scientifique.

    « Ce sentiment océanique d’étonnement et d’admiration est la source de la mystique, de la science pure et de l’art pour l’art; c’est leur commun dénominateur, leur lien affectif. »
    (Le cri d’Archimède, trad. Georges Fradier, p.241 , Calmann-Lévy)

  • C’est noté, Gilles. Merci.

  • Plus j’étudie et pratique les sciences, et plus j’étudie et pratique les arts, plus il m’est difficile de les distinguer. Faire de la science, c’est construire des modèles du monde, qui rendent compte des phénomènes, des évènements. C’est DIRE le monde, le mettre en mots, le mettre en images. N’est-ce pas ce que fait l’artiste? Vouloir tendre une passerelle entre art et science, ce serait reconnaître un abîme qui les sépare. Et s’ils n’étaient qu’un? (je vous invite à découvrir mon travail à l’adresse suivante: http://chromorphisme.sup.fr/ )

  • Très jolies réalisations, en effet. Les artistes, les scientifiques et les philosophes sont certainement plus conscients du rapport entre l’art et la science que le commun des mortels.

    Comme je l’explique dans un des commentaires plus ci-dessus, il demeure qu’il y a un large pan de la science qu’on ne saurait considérer comme de l’art, tout comme un vaste champ artistique fait abstraction de la science. Si on devait recourir à un diagramme de Venn pour illustrer le rapprochement, les deux ensembles de la science et de l’art se chevaucheraient partiellement pour former une zone commune aux deux ensembles. Mais évidemment, il n’est pas aussi aisé de départager l’un et l’autre dans la complexité de la réalité.



Laisser un commentaire à François Guité

*