Rôles d'un enseignant blogueur

Des collègues et moi avons introduit des blogues pour les élèves de 2e secondaire du P.E.I. de mon école. L’implantation a été plus longue qu’on ne l’avait escompté. Néanmoins, après un mois d’utilisation avec les élèves, je crois utile de faire un bilan de l’expérience du point de vue d’un enseignant et des rôles qu’il est appelé à jouer. Cela pourra toujours servir aux écoles qui désirent doter leurs élèves d’un formidable outil d’apprentissage. …

J’ai identifié cinq rôles importants qu’un enseignant blogueur doit assumer (cliquer sur l’image pour l’agrandir) : organiser l’implantation des blogues, sensibiliser les élèves, coordonner l’activité sur les blogues, accompagner les élèves dans l’écriture carnetière, et superviser l’utilisation des blogues. Ces rôles suivent un ordre informel plus ou moins cyclique selon l’analyse et l’évaluation immanentes au processus. De plus, ces rôles influent sur plusieurs dimensions de la formation scolaire : le développement moral, la dimension sociale, les moyens pédagogiques, les nouvelles technologies.

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Organiser : La première étape consiste à réunir tous les intervenants (enseignants, directeur, technicien de l’informatique et représentant de la firme spécialisée dans la conception des blogues) afin de définir la finalité pédagogique du projet, ainsi que les moyens techniques et les étapes de réalisation. Après coup, la firme spécialisée conçoit l’architecture des blogues, lesquels sont ensuite créés par le technicien avec l’aide des enseignants ; nous avons cru important d’associer les enseignants à l’étape de création des blogues afin d’étendre le support technique. Pendant ce temps, les enseignants et la direction déterminent les éléments du code de déontologie (voir également ici et pour un schéma) auquel les élèves devront souscrire.

Sensibiliser : Il est important pour les enseignants de motiver les élèves à l’utilisation d’un blogue. Il s’agit d’une étape cruciale. Il faut savoir répondre à l’inévitable question « À quoi ça sert ? » Rien ne vaut quelques exemples concrets : si les enseignants ont déjà commencé à utiliser un blogue, c’est l’occasion de leur montrer la pertinence de l’outil. Le brainstorming que j’ai fait sur les avantages des blogues est présenté ci-dessous (cliquer sur l’image pour l’élargir). Il importe également de porter une attention toute particulière aux bienfaits pour l’écriture, considérant l’aversion que plusieurs élèves éprouvent pour la plume. Il faut également signaler les désavantages ; en toute honnêteté, je n’en vois qu’un : le temps requis.

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Par ailleurs, les élèves ne sont pas dupes des risques de harcèlement et d’intimidation auxquels ils s’exposent. Cela était palpable quand nous avons abordé le sujet. Mais il y a aussi d’autres risques, tels la pédophilie et le sentiment de rejet en l’absence de commentaires. Il s’agit de rassurer les élèves, bien sûr, mais aussi de leur indiquer ce qui doit être fait si cela devait leur arriver. C’est le moment rêvé pour parler de l’éthique dans Internet, et plus spécifiquement dans la blogosphère (voir les ressources dans « Organiser »).

Le risque dont les jeunes sont le plus inconscient concerne leur réputation future. Bien peu réalisent qu’une image ou une connerie peut venir les hanter plus tard. Le service de cache de Google n’est qu’un exemple de la pérennité de l’information dans le cyberespace. Quand j’ai expliqué la chose à mes élèves qui tiennent un blogue personnel, j’ai aperçu de nombreux regards s’allumer.

Coordonner : Après leur avoir mis l’eau à la bouche, il faut montrer aux élèves la mécanique de l’écriture carnetière et l’utilisation d’un agrégateur. Un contrat d’engagement, sous la forme d’un code de déontologie signé par les élèves et les parents, est une façon de responsabiliser les élèves. Ce contrat peut être commun ou rédigé individuellement par chaque élève en fonction d’éléments prédéterminés (voir « Organiser ») ; il gagne à être publié dans le blogue de l’élève dès qu’il lui sera donné. Dès que les blogues ont été distribués, les enseignants ont la responsabilité d’alimenter leur utilisation pédagogique et de favoriser le réseautage entre les élèves. Une liste des blogues d’élèves, accessible à partir de chaque carnet d’élève, est un moyen facile d’étendre le lacis des connexions.

Accompagner : L’enseignant doit évidemment donner l’exemple en bloguant lui-même et en disséminant les commentaires sur les blogues des élèves. Un commentaire par jour, par-ci par-là, n’a rien d’exigeant. Il peut évidemment souligner les billets les plus intéressants sur son propre blogue, ce qui aura pour effet de faire connaître des blogues intéressants par le biais de l’agrégateur. À l’occasion, il est nécessaire de discuter en classe de certains aspects techniques ou éthiques ; les discussions de vive voix ont encore leur utilité. La classe est aussi l’endroit pour encourager la communauté de pratique et faire valoir l’importance de la coopération.

Superviser : Enfin, l’enseignant est celui vers lequel les élèves se tourneront instinctivement pour résoudre des problèmes. Il a tout intérêt à le faire en ligne et à s’entourer d’une équipe d’élèves responsables. Son rôle de supervision, cependant, portera davantage sur les qualités civiques de la communauté virtuelle. Il ne saurait agir seul, au risque de passer pour un gendarme. Les parents et les parents doivent participer à l’exercice. Et il n’est pas dit que des blogueurs étrangers n’interviendront pas à l’occasion.


Par ricochet :

Agora pédagogique

L’intimidation et les blogues

Les ados, les blogs, et les bêtises

Étude sur les causes de l’intimidation

Ressources contre l’intimidation en ligne

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