Les médias et l'image des jeunes

L’Infobourg souligne fort pertinemment, ressources à l’appui, que c’est bientôt la semaine de l’éducation aux médias. Il serait plus juste de parler de sensibilisation à l’éducation aux médias, car celle-ci ne saurait se réduire à une semaine d’activités. Quoique toutes ces journées, semaines et mois thématiques finissent par m’abrutir, je leur reconnais néanmoins le mérite d’attirer les projecteurs sur des sujets importants. Le battage médiatique est tel aujourd’hui, et l’information à ce point dénaturée, que l’éducation doit s’en mêler. Tout autant, sinon plus, que certaines disciplines scolaires. La revue Vie pédagogique y consacre d’ailleurs tout un dossier.

En plus de l’importance de développer le jugement critique, il est crucial que les jeunes soient conscients des miroirs aux alouettes, eux qui sont de plus en plus la cible des vendeurs du temple. Je m’inquiète particulièrement de l’impact des images artificielles sur les jeunes, eux dont l’adolescence est marquée par le développement de l’image du moi. Par exemple, bien malin celui qui devinera que les deux images ci-après représentent la même personne.

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Deux ressources ont récemment retenu mon attention pour sensibiliser les jeunes à l’irréalité des images publicitaires. Les deux exemples ont vivement impressionné mes élèves, à un âge où ils sont à la fois impressionnables et crédules. D’abord, la vidéo ci-dessous, réalisée par Dove, qui illustre magnifiquement la transformation d’un visage soumis aux mains expertes de maquilleurs, coiffeurs et infographistes (Weblogg-ed : Beauty and Literacy). Ensuite, les photos retouchées de Glenn Feron (remerciements à Didier Destatte).

Il n’y a rien comme l’image pour capter l’attention des jeunes. Les spécialistes de la publicité l’ont depuis longtemps compris. Il est étonnant, par ailleurs, que les enseignants tardent à utiliser le subterfuge. Les deux photos avant et après ci-dessus constituent un bon point de départ pour discuter de l’usage artificiel de la beauté dans les médias. On pourra, par exemple, ne montrer que la première photo et demander si la jeune fille correspond à leurs standards de beauté. Pourquoi ? Quels sont leurs critères de beauté ? Est-il possible de les définir ? Il s’agit ensuite de recommencer l’exercice en montrant la deuxième image. Quelle fille est la plus belle ? Pourquoi ? Enfin, on fera jouer la vidéo de façon à les laisser sous le choc. Il ne faut surtout pas oublier de leur faire voir que la dernière image n’est qu’une illusion. (Voir aussi CNet : Pictures that lie).

Mise à jour, 30 mars 2007 | Gabrielle me fait découvrir cette autre vidéo, admirablement réalisée, qui traite du même sujet, mais avec plus de créativité artistique. Un chef-d’oeuvre du court métrage.

Mise à jour, 24 avril 2007 | Cette autre vidéo, quoique plus longue (34 min.), pourra également être utile pour traiter du sujet de l’exploitation de la femme dans les médias.


Par ricochet :
De l’importance de la beauté
Le mensonge par l’image
Les enfants pensent en images, les profs en mots
D’éducation et de vidéo

Les médias et la beauté (PédagoTIC)

Le Web et la pub ciblant les enfants

L’augmentation de l’utilisation d’Internet par les enfants de 2 à 11 ans est fulgurante : 106 % en deux ans selon Nielsen/NetRatings (PDF). Ce phénomène n’est pas sans intéresser les démons du marketing. …

Dans un article intitulé The Kids Are Online, eMarketer révèle que le taux de fréquentation du Web est en plus forte croissance chez les enfants que parmi la population en général. Quoiqu’ils visitent encore moins de pages Internet que les adultes — 22 % du total — leur vulnérabilité en fait une cible de choix.

Les agences de publicité et les compagnies sont prêtes à payer le gros prix pour ce genre d’information. À preuve cette étude sur le comportement en ligne des enfants et des adolescents. Le prix : 695 $ US. On est loin du 2,50 $ pour un article d’un quotidien.

Cela dit, le site Nielsen/NetRatings n’est pas dénué d’intérêt. On y trouve une tapée de données statistiques à jour sur le trafic virtuel. Voyez le Global Index pour des statistiques de fréquentation globale. La rubrique NetVieuw Usage Metrics offre diverses statistiques pour une douzaine de pays. Malheureusement, le Canada y est absent. Enfin, vous trouverez des données relatives à la publicité dans Ad Relevance Metrics.


Par ricochet :
Bannir la pub du fast-food visant les enfants

Le cannibalisme à la Wal-Mart

Parmi le top-ten des personnes les plus riches du monde, la famille Walton, principale actionnaire de la chaîne Wal-Mart, accapare quatre places. Par conséquent, je rage qu’une compagnie qui fait des profits annuels de plus de 9 milliards $ tente par tous les moyens d’empêcher la syndicalisation d’un groupe d’employés. Le cas MacDonald qui se répète. Vaut-il la peine d’économiser 10 ¢ sur un paquet de torchons si c’est pour maintenir les salariés au plus bas de l’échelle ? L’ironie de cette situation est que la clientèle et les travailleurs de Wal-Mart appartiennent à la même classe sociale, d’où une forme de cannibalisme dont s’enrichissent les propriétaires. La glorification du profit, aux dépens de la valorisation du travail, mène inexorablement à l’exploitation de l’individu.

Bannir la pub du fast-food visant les enfants

Bel esprit de collaboration : en Angleterre, le ministère de l’Éducation et le ministère de la Santé se sont joints au Syndicat national des enseignants pour contrer l’épidémie d’obésité et promouvoir l’exercice physique. Du même coup, les enseignants réclament le bannissement de la publicité du fast-food destinée aux enfants (source). Considérant le battage publicitaire dont sont victimes les enfants, et leur vulnérabilité face à ce miroir aux alouettes, j’applaudis l’initiative. Mon indignation est tout aussi grande que si l’industrie du tabac ciblait les enfants. Par ailleurs, je lève mon chapeau à ce syndicat qui sait défendre une cause autre que celle de ses membres.