Les ados et l'école québécoise

McGinityBlondTeen.jpgL’homme est un adolescent diminué. (Michel Houellebecq)

Un sondage réalisé auprès des jeunes Québécois pour le compte de Gesca dresse un portrait d’ensemble de la perception que les adolescents se font de l’école. Le dossier Cyberpresse comporte plusieurs statistiques intéressantes de l’environnement dans lequel ils passent une bonne partie de leurs journées. On y aborde des sujets tels que le stress, les programmes particuliers, les devoirs et l’uniforme. Pour bien enseigner, il faut aussi une bonne connsaissance des élèves; l’enseignement-apprentissage s’opère dans un contexte où interagissent les individus, l’environnement et le sujet. Je crois donc utile, en ce début d’année, de me familiariser avec cette réalité toujours changeante.

    Les ados heureux à l’école : On s’attend à tout, sauf à ça: les ados sont heureux à l’école. D’accord, c’est surtout pour les sports, les amis, les activités parascolaires. Les élèves du secondaire finissent quand même par l’avouer : l’école est un milieu de vie dans lequel ils se sentent bien.
    Sondage: le bonheur à l’école, ça dépend… : Quand les élèves du secondaire sont démotivés, des signes se manifestent. En voici qui laissent penser que les jeunes ne sont peut-être pas aussi heureux à l’école qu’ils le prétendent.
    Sondage: à l’école, les amis d’abord : Du côté des enseignants, on sait depuis longtemps que l’école ne se résume pas aux salles de classe et qu’il s’agit plutôt d’un véritable « milieu de vie », comme on entend souvent dans les corridors d’école. Mais de là à penser que 96 % des élèves y sont heureux… Plusieurs sont perplexes.
    L’influence des programmes d’élite : Les programmes sélectifs, comme ceux en éducation internationale (PEI) ou en arts et sports-études, qui ont poussé comme des champignons dans les écoles québécoises n’ont pas créé le stress de briller. Mais ils l’ont certainement fait croître, estiment de nombreux psychologues.
    Le stress de la performance chez les ados : À l’ère des programmes d’élite, le stress de performance a augmenté d’un cran dans nos écoles secondaires. Et les jeunes qui en souffrent ont besoin d’aide avant de toucher au burn-out scolaire. Voici le cauchemar des plus-que-parfaits.
    Dompter le stress qui étouffe : Des bons élèves qui pensent à s’enlever la vie parce que la pression devient trop forte, ça existe. Et il y en aura toujours plus si on n’apprend pas aux jeunes à dompter ce stress qui les étouffe, croient les spécialistes.
    La crainte maladive de l’échec : Le choc est souvent brutal pour les parents qui, habitués à voir un jeune performant et autonome, se retrouvent à essayer de consoler un enfant complètement brisé par le stress.
    Sondage: 46 minutes de devoir par jour : Les élèves du secondaire vous le confirmeront volontiers : ils détestent les devoirs. Mais quand on leur demande combien de temps ils y consacrent chaque jour, les jeunes québécois répondent : en moyenne 46 minutes.
    Sondage: à bas l’uniforme! : Parmi les élèves du secondaire qui doivent porter l’uniforme, 40 % souhaiteraient s’habiller à leur goût. Plus qu’au privé, les jeunes des écoles publiques n’aiment pas qu’on leur impose des vêtements.

Mise à jour, 07 septembre 2008 | Autres articles publiés dans la journée :

    Les maths, la matière préférée des jeunes : Contre toute attente, les mathématiques arrivent à égalité avec l’éducation physique quand on demande aux élèves québécois du secondaire d’identifier leur matière préférée: 23,1% des jeunes interviewés préfèrent cette matière, et 23%, l’éducation physique.
    Les notes, ça compte : Si les élèves québécois trouvent leurs cours faciles, ça ne signifie pas pour autant qu’ils se fichent de leurs résultats scolaires. Au contraire.
    La drogue, c’est les autres! : Quand on demande aux jeunes si eux-mêmes en ont consommé, le pourcentage chute dramatiquement: à peine 7,5% répondent par l’affirmative.
    Lutter contre le décrochage, un botté à la fois : Pour contrer l’absentéisme scolaire sitôt la saison de foot terminée, l’école songe maintenant à mettre au point un calendrier hors-concours ou des entraînements obligatoires à l’année.
    La cafétéria? Pas si mal, finalement : La mauvaise réputation des cafétérias scolaires serait-elle exagérée? Certainement si on en croit les jeunes qui la fréquentent: deux élèves sur trois trouvent que la nourriture qu’on leur sert est bonne, voire «très bonne.»
    L’uniforme obtient (presque) la note de passage : Pour ou contre l’uniforme obligatoire? Parmi ceux qui le portent, il décroche presque la note de passage: 59,1% n’aimeraient pas que leur école l’abandonne. Ceux qui peuvent s’habiller comme ils le veulent, à l’école, souhaitent au contraire que les choses restent comme ça.
    Un bon prof est un prof cool : Très clairement, ce sont les qualités humaines des enseignants plutôt que leur compétence (9,1%), la clarté de leurs explications (10,1%) ou leur passion (9%) qui sont les plus appréciées des jeunes.


(Image thématique : Blonde Teen, par Sarah McGinity)


Par ricochet :
La tyrannie des adolescents
L’obsolescence de l’adolescence

Les adolescents bougent moins que les enfants

PearlsteinNudeExerciseBall.jpgEst-ce vieillir, prendre une forme et ne plus bouger? (Jean-Claude Clari)

Le charme d’un bambin qui s’amuse réside non dans la rougeur des joues, mais dans son insouciante énergie. Cette énergie disparaît souvent dans la chrysalide de l’adolescence. Une étude longitudinale publiée dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) indique qu’un enfant de 9 ans consacre en moyenne trois heures par jour à de l’activité physique, mais quatre fois moins à l’âge de 15 ans, soit seulement 49 minutes en semaine et 30 minutes le week-end (New York Times : As Children Grow, Activity Quickly Slows).

Au total, les garçons font plus d’exercice que les filles. Le début du secondaire semble un moment critique alors que les jeunes passent sous la barre des 60 minutes. Notons que l’absence de récréation au secondaire diminue le temps d’exercice. 30 minutes par jour, ce n’est quand même pas une bagatelle; il faut compenser par une augmentation du temps dévolu à l’éducation physique.

L’étude ne cherche pas à identifier les causes de la diminution de l’activité physique. C’est effectivement un terrain glissant. Néanmoins, j’aurais bien aimé avoir quelque indication de la part de l’inné dans cette léthargie de l’adolescence, dans la mesure où celle-ci existe réellement, ce que contestent certains psychologues, dont Robert Epstein. Peut-être témoigne-t-elle seulement d’une réaction contre une société qui les tient en laisse.

En marge de cette observation, je veux aussi signaler une nouvelle inquiétante selon laquelle « le nombre d’ordonnances de Prozac a triplé en cinq ans chez les adolescents québécois » (La Presse : Le Prozac en hausse chez les ados). Quoique le nombre de cas soit encore restreint (1,3 %), le phénomène dénote notre penchant pour les solutions faciles et l’efficacité des pharmaceutiques.


(Image thématique : Nude with Exercise Ball, Neon Mickey Mouse and Diamond Patterned Cloth, par Philip Pearlstein)


Par ricochet :
Les effets de l’exercice sur le cerveau
L’exercice physique augmente la neurogenèse
Les écoles en tant que facteur d’obésité
Un corps sain pour un esprit sain

Les réseaux sociaux, les ados et les infos perso

JaxonMySpace.jpgLe réseau est notre Sécurité sociale. (Thierry Crouzet)

Il aura fallu une solution Web 1.0 pour finalement saisir une direction d’école de la hargne que les élèves éprouvent pour un Programme d’éducation internationale (Le Soleil : Cinq élèves suspendus). Mal leur en prit, puisque l’auteur du site a été expulsé. Si les jeunes étaient restés dans le Web 2.0, ils auraient probablement continué impunément. Car la majorité des adolescents gèrent leurs informations personnelles et compromettantes loin du regard des étrangers, des parents et des autres adultes (dont les éducateurs). C’est ce que révèle une nouvelle étude (PDF) Pew Internet, Teens, Privacy and Online Social Networks: How teens manage their online identities and personal information in the age of MySpace. Et qui diable sait tout ce qu’on doit y dire sur le personnel des écoles?

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Les jeunes sont différents, naturellement

MetamorphoseDali.jpgL’adolescence est le temps où il faut choisir entre vivre et mourir. (Hafid Aggoune)

La jeunesse, par définition, s’oppose à la vieillesse. À une époque marquée par les bouleversements sociaux et l’accélération de l’évolution, les générations de jeunes se suivent et ne se ressemblent pas. C’est forcé, considérant qu’ils s’adaptent naturellement à un environnement et à une culture qui diffère des générations qui ont précédé. Le cerveau est une matière bien plastique à cet âge. Leur vision du monde, tournée vers l’avenir, s’accorde mal avec celle des adultes, tournée vers le passé. Par conséquent, l’école doit s’ajuster ou devenir obsolète, une réalité qui semble échapper au mouvement pour stopper la réforme. Une étude voulant que les jeunes soient plus narcissiques fait beaucoup jaser (CNN-AP : Study: Vanity on the rise among college students). Mais cela n’explique pas tout. Il y a une panoplie de facteurs qui font qu’on ne reconnaît plus les jeunes.

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