Le wi-fi dans mon école : quel wi-fi?


CoalsonLayersCommunication.jpgLa sécurité est la plus grande ennemie des mortels.
(William Shakespeare)

Il y a de ces coïncidences qui piquent la curiosité. Deux jours après mon départ de l’école, je reçois un appel désespéré de ma remplaçante qui se demande si je sais où est passée la borne wi-fi de la classe. La pauvre, prise dans le feu de l’action, avec des élèves affligés de ne pouvoir accéder aux ressources nécessaires à leur présentation. Je lui réponds que je n’en sais trop rien, étonné de la chose puisqu’il s’agissait d’une borne personnelle que j’avais léguée aux élèves. Il est vrai que je laissais la borne accessible pour les élèves qui disposent d’un portable, eux qui témoignaient de leur reconnaissance en l’utilisant civilement.

Quelques jours plus tard, j’apprends que la direction a confisqué ma borne sans crier gare, apparemment parce qu’elle n’était pas sécurisée. En quatre ans, elle n’avait pourtant causé aucun problème. Un élève, Félix, a tenté courageusement d’obtenir le fin fond de l’histoire (Mont Olympus : L’histoire d’une borne wi-fi qui déplaisait à une bureaucratie).

Il semble, par ailleurs, que l’école soit en train de refaire son réseau Internet et qu’elle envisage même d’étendre la zone wi-fi à toute l’école. La décision est fort louable, dans la mesure où cela facilitera l’accès au réseau. Les bornes existantes installées par l’école sont si sécurisées que les enseignants ne les utilisent guère. Il reste à voir également si le service sera également offert aux élèves. Il serait aberrant d’investir dans un service si utile à l’apprentissage sans que les principaux intéressés puissent en bénéficier.

Je ne comprends pas cette obsession pour la sécurité, alors que certains endroits offrent l’accès wi-fi gratuit à tout venant. Quelle faille y a-t-il qu’un hacker ne saurait exploiter par le biais du câble? Je ne suis pas expert de ces questions techniques, mais j’aimerais bien qu’on m’explique plutôt que de confisquer un outil d’enseignement.

De toute évidence, la perte est plus considérable que le gain, car la somme de tous les apprentissages auxquels on fait obstacle dépasse largement un risque potentiel, minime et peu probable. J’appelle cela une gabegie pédagogique.


(Image thématique : Layers of Communication, par Nat Coalson)


Par ricochet :

Court plaidoyer pour une modernité de l’école

Pourquoi mes élèves n’apportent pas leur ordi en classe

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10 réponses

  • Vous aviez fait pour moi le bon choix celui du partage, de la responsabilité, du respect et de la citoyenneté, l’administration choisie le contrôle total c’est triste pour un milieu qui devrait montrer l’exemple.

    Je suis presque sûr que les élèves chercherons pas le biais d’internet et de programmes haddock les clefs du réseau WIFI, car effectivement ce réseau ne sera jamais sûr à 100% ce sera peut-être même un défi pour eux en espérant que les plus téméraires ne se feront pas attraper ou ne causerons pas de dégât, car les peines encourues sont lourdes et si peines il doit y avoir espérons que les avocats arriverons à faire un peu trinquer ce ou ces responsables d’écoles pour les mettre en face de leurs manquements.

  • Il ne faut surtout pas oublier dans cette équation de paranoïa l’obsession pour la sécurité des « sévices » informatiques des commissions scolaires qui ont parfois le gros bout du bâton dans ces décisions, lorsque les directions décident d’écouter un peu trop ces bonzes plus ou moins utiles…

  • Votre billet permettra sans doute aux différents acteurs du réseau de l’éducation de réfléchir sur le partage des pouvoirs et de l’information au sein de l’équipe-école afin d’assurer les meilleurs services à l’élève. J’ai tendance à croire que nous aurions davantage intérêt à éduquer les élèves dans l’utilisation des TIC plutôt que de confisquer ces outils qui ont une valeur pédagogique indéniable.

  • Merci François de propager ma note ;-) Qu’est-ce que tu en penses si je vais en parler à un membre du CE de mon propre chef?

  • Ce serait faire preuve de courage que de défendre ton opinion devant le Conseil d’établissement ou, à tout le moins, de porter la chose à l’attention de l’un de ses membres. N’oublie pas, par ailleurs, d’en parler aux représentants du conseil des étudiants qui siègent au CE et qui seront certainement de tes alliés. Non seulement tu montrerais du leadership, mais tu prendrais les devants au cas où la direction déciderait de sévir à la suite de ton billet.

    Comme Sylvain l’a deviné, la direction et les parents qui siègent au CE vont se rabattre sur les questions de sécurité. Tu as avantage à bien préparer ta défense sur ce point.

    En réponse à Francis, qui voit juste quant à des sanctions possibles, il faut reconnaître que la direction de notre l’école a le mérite de ne pas user de la matraque devant ce genre de problème. Il semble, comme Julie le pense, qu’elle admet un tant soit peu la primauté de l’éducation sur les mesures de contrôle.

  • /me note.
    Merci!

  • Je ne pense pas que l’école a le droit de confisquer un bien personnel d’un professeur après son départ, mais si elle considère installer un réseau accessible dans toute l’école, tant mieux! Si non, c’est un peu pitoyable… Surtout que l’excuse de la sécurité soit peu plausible.

    Le plus gros problème, selon moi, vient plus d’Internet lui-même qu’un hacker qui viendrait rôder autour de l’école pour rentrer dans les ordinateurs qui ne contiennent que des fichiers scolaires…

    Et pour dans le premier cas, il suffit d’avoir un anti-virus…

  • « Tu as avantage à bien préparer ta défense sur ce point. » Désolé d’être cynique, mais cela présume que les membres du Conseil écouteront réellement ce que Félix a à dire, et ne seront pas fermés à ses arguments. Ce qui, de mon expérience de ce genre de réunion, m’étonnerait. Chacun a souvent sa petite idée et n’écoute que ce qui la valide.

    « Je ne pense pas que l’école a le droit de confisquer un bien personnel d’un professeur après son départ » pourquoi pas, si celui-ci est jugé poser un risque de sécurité? (Surtout si, de plus, il a été légué à la classe.)

  • « Pourquoi pas, si celui-ci est jugé poser un risque de sécurité? (Surtout si, de plus, il a été légué à la classe.) »

    Comme on dit, il y a toujours deux côtés à la médaille. On ne doit qu’espérer qu’un nouveau réseau soit mis en place, en tout cas. Sinon une bonne source d’information vient d’être rayée de la carte.

  • « il y a toujours deux côtés à la médaille » et voilà une chose qu’on a souvent tendance non pas à oublier, mais à ne pas suffisemment prendre en compte. Pour convaincre quelqu’un, ici la direction de l’école, du bien fondé de notre approche, on part trop souvent de notre propre point de vue, alors qu’il serait plus approprié de partir du leur.
    Je me souviens d’un cours de philo au cégep où nous avions reconstitué un procès contre Socrate (et la philo); ceux qui avaient les meilleurs arguments contre etaient ceux qui, tout au long du cours, avait défendu le point philosophique. Ils savaient donc ce que les « pour » avaient dans leur sac, et comment contrer leurs arguments.
    Je suggèrerais à quiconque voudrait défendre les opinions émisent ici devant le conseil d’établissement d’adopter une approche similaire: voir ce qui se cache derrière le point de vue du conseil et bâtir l’argumentaire à partir de là, non pas comme approche opposée, mais comme solution à leurs problèmes.



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