La vidéoconférence pas aussi efficace qu'une rencontre


MarcaRelliMeetingPlace.jpgIl n’y a pas de mauvaise route, il n’y a que des mauvaises rencontres. (Patrice Leconte)

L’intérêt d’une étude ne réside pas toujours dans la prémisse principale. On trouve souvent dans les détails des découvertes plus utiles. Ainsi, on ne s’étonnera outre mesure d’une étude qui révèle que les réunions en personne portent moins à confusion que la vidéoconférence (Informs : Videoconferencing More Confusing for Decision Makers than Face-to-Face Meeting). Ce qui a capté mon attention, cependant, est cette autre révélation selon laquelle les participants ne traitent pas l’information de la même manière : les utilisateurs de la vidéoconférence « sont plus influencés par l’amabilité de l’interlocuteur que par la qualité de son argumentation, tandis que l’inverse est vrai pour les participants présents en personne. »

Il ne faut pas y voir un démenti de la vidéoconférence. Nous préférons généralement rencontrer les gens sur place. Il faut cependant voir que la vidéoconférence, tout comme les autres moyens de communication électroniques, sont de formidables moyens de multiplier les échanges et les discussions à distance, sans lesquels ceux-ci n’auraient pas lieu. En ces temps de grands enjeux, ce n’est pas un luxe.


(Image thématique : The Meeting Place, par Conrad Marca-Relli)


Par ricochet :

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3 réponses

  • « Il ne faut pas y voir un démenti de la vidéoconférence. Nous préférons généralement rencontrer les gens sur place.  » Il y a dans cette affirmation une dichotomie qui me dérange un peu, François.

    Quoique je suis d’accord avec le principe qui soustend ceci (le f-à-f demeure la meilleure option), il ne faut pas considérer que la vidéoconférence représente la seule option « à distance ». Les autres plateformes synchrones ont aussi une place; que ce soit DimDim, Adobe Connect, Elluminate, Interwise, etc., celles-ci se démarquent de la vidéoconférence car elles ne placent pas le focus sur « l’amabilité de l’interlocuteur  » mais plutôt sur le contenu, le sujet de discussion et les outils de discussion (en plus des capacités d’enregistrement des sessions). Oui dans ces plateformes, on peut actionner sa webcam, mais, dans notre cas (FAD, NB franco), on considère l’apport image (du prof et des participants) comme un distracteur, quand vient le temps de passer aux choses sérieuses. (Sans compter que cela gruge de la bande passante.) Les profs et les élèves l’actionnent souvent en début de session, question de mettre un visage sur chaque participant logué dans la session et de faire des salutations d’usage, mais après 2-3 minutes, on ferme et le focus est sur le sujet de l’heure, pas la cravate du gars ou les lunettes de l’autre. C’est pour cela qu’on a dit non à la vidéoconférence, pourtant disponible, et oui à un autre type de plateforme qui amène le regard et la concentration des gens au bon endroit. Malgré tout ceci, nous favorisons aussi des visites d’écoles, où le prof à distance va (1 ou 2 fois/semestre)rencontrer ses élèves, là où ils sont, question de renforcer les liens tissés en ligne. Notre territoire relativement petit (par opposition à la surface du QC ou ON) nous permet de le faire un peu plus facilement. Toutefois, notre prof au Honduras et l’autre à Montréal doivent laisser tomber cette option mais cela n’enlève rien à la qualité des liens qu’elles tissent en ligne et la qualité des apprentissages réalisés.

  • My 2 cents! (en soulignant que je porte un intérêt particulier à la VC)

    Permettez-moi d’abord de vous encourager tous les deux à modifier votre vocabulaire et à favoriser l’expression beaucoup plus juste qu’est « vidéocommunication ». Si en anglais l’expression « conference » fait référence à une rencontre interactive entre plusieurs individus, ce n’est pas du tout le cas en français. En français, parler de vidéocommunication est beaucoup plus représentatif des caractéristiques du média qui permet effectivement une communication multidirectionnelle (plus de deux sites). Une conférence fait plutôt référence à une présentation magistrale (communication unidirectionnelle) par un « expert ». Dans le contexte, je trouve que c’est un peu péjoratif! Je sais que l’expression vidéoconférence est la plus populaire, mais elle demeure très imprécise.

    Je crois ensuite pouvoir proposer une hypothèse de solution à ce qui a capté ton (François) attention (c.-à-d. « les utilisateurs de la vidéoconférence « sont plus influencés par l’amabilité de l’interlocuteur que par la qualité de son argumentation ») . Des études déjà vieilles (1996!) réalisées au Québec alors que s’établissaient les premiers réseaux universitaires de VC ont noté qu’il était plus difficile de demeurer attentif en VC qu’en face à face. Je note ici que l’attention est nécessaire à l’apprentissage et vient au début dans le processus de traitement de l’information… J’ai vérifié cela dans le cadre de ma thèse et les résultats indiquent que c’est vrai pour ceux qui sont à distance par rapport à l’enseignant. Après quelques minutes (entre 20 et 40), l’attention diminue significativement. Dans ce contexte, les dirigeants de l’étude que tu cites peuvent difficilement être influencés par autres choses que ce qu’ils remarquent au début de la réunion, alors que les participants se présentent et s’apprivoisent. Après, ils ne sont tout simplement plus suffisamment attentifs. Ce n’est qu’une hypothèse, mais… Je note cependant que plusieurs stratégies et plusieurs facteurs peuvent aussi influencer l’attention. Le temps et le site me semblent cependant être deux variables explicatives potentielles.

    Jacques: Dans le cas présenté, la bande passante me semble beaucoup plus en cause que les caractéristiques ou l’apport potentiel de la VC. Avec la bande passante nécessaire, vous ne vous passeriez probablement pas de l’apport communicationnel que représentent les mimiques des apprenants et les gestes de l’enseignant ou de celui qui a la parole. C’est souvent ce qui indique à un individu que les autres ont compris on non, qu’ils sont d’accords ou pas, qu’il y a un manque d’intérêt ou, au contraire, que tous sont captivés ou très engagés… À ce titre, les substituts proposés par les plates-formes citées sont pauvres (d’un point de vue médiatique).

  • Patrick, il faut comprendre que Jacques parle plutôt du contexte des cours en ligne tels que conçus au NB (francophone).

    Il serait erroné, je crois, de considérer nos cours comme des vidéocommunications; plutôt que les vidéocommunications sont parfois utilisées comme un outil DANS nos cours.

    Donc, je crois que Jacques voulait dire qu’il faut faire attention de ne pas confondre « enseignement à distance » et « vidéocommunication ».

    L’enseignant va créer un lien avec ses élèves par l’entremise de la vidéocommunication, bien sûr, mais aussi par la plateforme D2L qui offre un forum de discussion, un clavardoir, etc.

    Il y a aussi les rencontres 1 à 1 et les commentaires laissés sur les travaux des élèves.

    La vidéocommunication n’est qu’une partie de notre méthode de travail, plus axée sur la collaboration (les élèves peuvent écrire sur le tableau, partager des documents, parler, écrire dans le module de conversation ou dans le module « notes du cours », participer à des sondages, etc.)

    Donc voir le prof par webcam, bien qu’important dans l’aspect affectif, n’est pas une composante aussi importante dans notre cas que dans le cas d’un cours magistral ou d’une conférence (unidirectionnelle), puisque l’on utilise l’outil afin de « bâtir » et « connecter », pas seulement afin de parler.

    En gros, Jacques défendait sont territoire en essayant de faire un contraste entre les cours à distance et les VC, un peu malmenées par cette étude! ;)

    (Là, j’espère que j’ai bien compris les intentions de Jacques… sinon je viens de faire un fou de moi…)



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