Le paradigme de l'enseignement appliqué aux blogues


SteenSevereTeacher.jpgQue tu deviennes professeur, savant, ou musicien, aie le respect du ‘sens’, mais ne t’imagine pas qu’il s’enseigne. (Hermann Hesse)

Les blogues de l’école De Rochebelle n’auront pas été en vain. Le projet initial, qui ne visait que les élèves de 2e secondaire, a gagné quelques enseignants des échelons supérieurs. Cette année particulièrement, je suis ravi de constater que quelques élèves de 3e ont repris la plume par eux-mêmes. Certains ont même débordé du cadre scolaire. Pour ma part, j’aurai appris qu’un blogue ne peut convenir à tous; surtout à l’adolescence, alors que les jeunes se forgent leur propre identité. La finalité importe davantage que le moyen, de sorte que certains élèves y arriveront plus rapidement par des moyens détournés.

Ainsi, j’ai résolu cette année de laisser aux élèves le choix des moyens par lequel ils doivent partager en ligne quelques-uns des travaux de leur choix. À cette fin, j’ai colligé sur mon blogue scolaire une panoplie de ressources Web.

Je me cabre à la lecture d’un article d’un professeur d’université qui propose cinq erreurs à éviter dans l’utilisation des blogues d’étudiants (Campus Technology : Avoiding the 5 Most Common Mistakes in Using Blogs with Students). Selon Ruth Reynard, les professeurs qui ont recours aux blogues pèchent 1) par manque de contextualisation, 2) par des objectifs d’apprentissage imprécis, 3) par un usage inapproprié de l’outil, 4) par des pratiques d’évaluation incomplètes et 5) par l’insuffisance de temps accordé aux étudiants. Quoique l’article ne permet pas de juger de la pratique de Reynard, certains passages laissent supposer qu’elle contraint les blogues au cadre du cours.

Un blogue appartient à l’élève, non à l’enseignant. Le simple usage des blogues ou toute autre technologie de la communication ne garantit aucunement le passage au paradigme de l’apprenant. Plusieurs enseignants, au contraire, s’en servent pour renforcer leur mainmise sur les élèves, emportés parfois par l’illusion du modernisme. On n’est pas forcément réformiste parce que l’on utilise les nouvelles technologies. La pédagogie est une science et un art bien plus qu’un arsenal de moyens.

Malgré ce qu’on prétend, le système scolaire Québec ne peut guère se réclamer du paradigme de l’apprenant. Encore moins depuis l’arrivée de la ministre Courchesne. Je vois très peu de professeurs autour de moi qui osent céder ne serait-ce qu’une mince part de contrôle aux élèves. Je vois un certain paradoxe au fait que les systèmes d’éducation cherchent à former les élèves à l’autonomie dans une structure de contrôle.


(Image thématique : The Severe Teacher, par Jan Steen)


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5 réponses

  • Je rebondis sur cette phrase :
    « Je vois un certain paradoxe au fait que les systèmes d’éducation cherchent à former les élèves à l’autonomie dans une structure de contrôle. »
    C’est, je dirais, tout ce qui fait la différence entre la formation et l’accompagnement.

    Gael Plantin a mis un lien dans son blogue vers un texte qui résonne avec ta réflexion

    http://msieursvp.blogspot.com/2008/10/propos-dautonomie.html

    En me référant à l’expérience Apprendre 2.0, je me dis que lorsqu’on fonctionne en dehors du système institutionnel, des règles émergent aussi des interactions et des concertations…mais je dirais qu’elles font l’objet d’une construction et d’ajustements permanents…c’est là que me semble être la différence…L’autonomie, c’est peut-être apprendre à choisir ses régles et ses formes de régulation communes ? mais je suis peut-être trop impliquée pour en parler ! Toi, qu’en penses-tu ?

  • François, malgré ta décision de laisser le choix aux élèves, leur offriras-tu tout-de-même l’éventualité du portail scolaire? J’espère bien que oui!

    Comme Florence, je suis resté accroché à ta dernière phrase. Elle m’a rappelé un schéma que tu avais fait ou tu parlais d’une autre incohérence : on veut enseigner l’initiative alors qu’en donnent des devoirs on forme les élèves à l’obéissance…

    Ce que tu dis est plein de vérité… tu devrais enseigner aux fonctionnaires! ;-)

  • Je suis d’accord avec l’analyse de Florence sur l’interaction entre l’autonomie et la régulation citoyenne. Peut-être en effet souffrons-nous aujourd’hui de notre lâcheté à reléguer cette responsabilité aux autorités plutôt que d’intervenir individuellement. Il appert que le développement de l’autonomie bénéficie à la fois l’individu et la société. Je suis aussi d’avis que l’autonomie contribue au courage d’exprimer sa voix, une qualité que Félix, par exemple, affiche de plus en plus. Je suis prêt à parier que l’écriture en ligne accentue le courage d’expression.

    Pour répondre à la question de Félix, les blogues scolaires de l’école constituaient l’une des possibilités que j’envisageais d’offrir aux élèves.

  • Amélie dit :

    Pour avoir jeté un coup d’oeil au blogue de l’école secondaire de Rochebelle je suis de plus en plus convaincue que les blogues ont leur place dans l’enseignement. Les jeunes d’aujourd’hui sont de plus en plus habiles avec cette technologie et je crois que l’exploiter à des fins éducatifs est un excellent moyen de peut-être les garder motivés face à l’école et à l’éducation qu’ils reçoivent étant donné l’interactivité de la chose. C’est un excellent moyen pour l’enseignant de communiquer avec ses élèves, de confirmer une date d’examen ou de transmette un corrigé, tout en laissant la place à l’élève pour réagir et s’exprimer. Le fait de déroger du cadre scolaire et de leur permettre de s’exprimer sur d’autres sujets est aussi pertinent, les élèves ont donc la possibilité d’écrire sur un sujet qui les passionne… et ainsi travailler leur français écrit. (Ce que la Ministre Courchesne tente de faire si je ne me trompe pas.) Donc, je crois que les blogues scolaires peuvent permettre aux enseignants, aux élèves et même aux parents de garder un certain contact et une liberté d’expression pour les jeunes qui forment notre avenir. S’ils peuvent au moins s’exprimer par écrit et le faire régulièrement, peut-être que leur français s’améliorera et que leur identité se forgera! Bref, j’encourage les écoles à créer
    leur blogue.

  • Ceux qui aiment réellement bloguer m’ont suivi sur Blogger! Le serveur des blogues de notre école est trop peu personnalisable, ne sera plus renouvelé et est déserté… alors on s’arrange avec ce qu’on a sur le Net :-)



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