Le marketing comme cause d'intimidation chez les jeunes


PapaMarketingBill.jpgCible. En marketing, ce qu’il faut toucher pour ne pas couler. (Marie-Anne Dujarier)

À combien de messages commerciaux sommes-nous soumis tous les jours? Entre 3000 et 5000 , aux dires des experts. Difficile à croire, certes, mais ce vidéoclip du quotidien The Record (Kitchener) illustre bien le bombardement incessant de logos, enseignes, panneaux et publicités de toutes sortes qui luttent pour notre attention (voyez également ce billet). Dans cette jungle où le neuromarketing est une science plutôt qu’un crime, on ne s’étonnera pas que les publicitaires, plus que les enseignants, soient les maîtres de la communication.

Les jeunes n’ont pas la subtilité des adultes sur le plan de la domination matérialiste. Une enquête de l’Association of Teachers and Lecturers (Royaume-Uni) révèle en effet que l’absence de vêtements ou d’articles ‘in’ font souvent que les enfants deviennent la proie des brutes (BBC : Children ‘bullied over brands’). Ainsi, la notion même de ‘in’ et de ‘out’ s’apparente à l’opposition entre l’inclusion et l’exclusion sociale.

L’effet est assez évident pour quiconque observe le comportement des jeunes dans une école. C’est le cas dans mon école, quoique trop subtilement pour que les adultes puissent intervenir directement, avec certitude.

Le phénomène sert assurément les intérêts de l’industrie de la mode. Non pas que j’accuse celle-ci d’attiser le rejet, mais elle pourrait à tout le moins entreprendre une campagne de publicité pour contrer la chose. Benetton s’était rendue célèbre, il y a quelques années par ses pubs anticonformistes qui prônaient l’unité. Quoique certaines mettaient en valeur l’unité des vêtements Benetton, le message était évident.

Ne sous-estimons pas l’impact sur les jeunes de ce torrent de stimuli à la consommation, ni la dépendance de notre économie au marketing. La Ville de Québec l’a appris à ses dépens dans sa tentative de réglementer l’affichage (Le Soleil : Affichage: la Ville fait marche arrière).

L’environnement subordonne l’école en tant qu’agent de transformation. C’est d’autant plus évident en cette ère de médias de masse. On ne le soulignera jamais assez alors qu’on accuse l’école de tous les maux de la jeunesse.


(Image thématique : Marketing Bill, par Marco Papa)


Par ricochet :

Ressources contre l’intimidation en ligne

La violence à l’école

Sensibiliser les jeunes à l’éthique de la publication

Le Web des cons : insultes et menaces de mort

Le tiers des ados en ligne victimes de cyberbullying

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La gestion scolaire de la cyberintimidation

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2 réponses

  • Hélène Jobidon dit :

    La lecture de votre billet et , en particulier, l’article BBC: Children bullied over brands  » m’attriste et m’invite à réagir. « On ne se définit pas par ce que l’on consomme « .Il m’apparaît important que les parents, mais aussi les écoles dans leur mission suscitent des réflexions chez les élèves afin de contrer l’exclusion basée sur les modes vestimentaires . La consommation de ces marques entraînent des coûts ,voire même de l’endettement chez certains. Des alternatives existent. Je mentionnerais, entre autres, la mode éthique et responsable. Je mets le lien vers le Guide du vêtement responsable publié par l’organisme Équiterre: « Le guide éclaire le lecteur sur les différents secteurs de la mode éthique, comme les fibres biologiques et équitables ainsi que la production en économie sociale et locale ».
    http://www.equiterre.org/equitable/guide-vr.php
    Tout n’est pas réalisable en un tour de main, mais le fait d’en parler, comme vous le faites , monsieur Guité, est déjà un grand pas vers la sensibilisation , et éventuellement vers l’action et le changement d’attitude.
    Vous avez bien noté la force du marketing qui se déploie non seulement dans le vestimentaire, mais combien plus forte ces années-ci dans le domaine des Technologies numériques,de communication et de jeux.

  • Vous avez raison, Mme Jobidon : les parents doivent absolument participer à cet effort de sensibilisation, ce qui n’allège pas pour autant l’école et les enseignants de la même responsabilité. Nous ne serons jamais trop pour contrer les attaques des publicitaires. J’aime bien l’idée de promouvoir des produits plus écologiques et équitables.



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