Le taux d'échec au secondaire


JRartKnownFailureBirdHouse.jpgIls ont échoué parce qu’ils n’avaient pas commencé par le rêve. (William Shakespeare)

De toutes les analyses et réactions aux dernières statistiques de taux de diplomation au secondaire, j’ai particulièrement aimée celle Réjean Parent, président de la CSQ, qui déplore le « drame humain » d’un tel échec (La Presse : Un taux d’obtention de diplôme inquiétant). Les variations minimes dans les statistiques laissent croire que la situation change très peu. Le problème, à mon avis, est plus systémique que pédagogique.

Le taux d’échec au secondaire n’est pas un indicateur de la capacité des élèves, mais du système. Pour utiliser un argument cher à ce dernier, 60,8 % de réussite équivaut tout juste à une note de passage. Sans les filles, dont 66 % obtiennent leur diplôme dans les cinq années escomptées, comparativement à 52 % seulement chez les garçons, le système serait recalé.

Il y a des limites à ce que la pédagogie peut accomplir dans un cadre et une culture qui étouffent l’enseignement. Un programme de formation standardisé ne pourra jamais satisfaire aux besoins de tous les élèves. Croit-on réellement fondre la jeunesse dans un même creuset? Cela est d’autant plus invraisemblable maintenant que les nouvelles technologies se substituent à l’école comme source de transmission des connaissances.

Ces élèves qui baignent dans les technologies de la communication et, par conséquent, dans un environnement d’apprentissage connectif, continuent de se morfondre dans un système homogène. Quoi qu’on en pense, la réforme de l’éducation au Québec n’a pratiquement rien changé à l’énorme structure administrative qui complexifie l’acte pédagogique, ne serait-ce que pour justifier son existence. Un programme de formation standardisé et rigide s’accommode mal d’élèves hyperconnectés et d’un contexte qui évolue vers des formes plus simples de l’apprentissage.

Parmi les courants qui contribuent à une approche plus naturelle de l’apprentissage, il faut ajouter le microlearning et le concept de cloud education introduit par Judy Breck (Golden Swamp : Into the cloud for learning). Pour mieux comprendre ce dernier, je vous invite à écouter cette conférence de Judy Breck.


Lors d’une autre conférence à la Royal Society for the encouragement of Arts, Manufactures and Commerce (RSA), Ken Robinson a encore magnifiquement dénoncé l’orientation des systèmes scolaires actuels. Son discours est un pur plaisir à écouter.

Pour étayer son propos, Robinson présente les résultats d’une étude longitudinale sur la capacité de pensée divergente (divergent thinking), ou l’habileté à produire une multitude d’idées connexes, un élément important de la créativité. L’image ci-dessous présente le pourcentage des sujets, en fonction de l’âge (colonne de gauche), à atteindre le degré de génie à un test de pensée divergente. Le constat est évident : cette capacité s’atrophie dès le début de l’école, résultat sans doute de notre obsession à uniformiser l’apprentissage et, indirectement, la pensée.


    RobinsonRedefiningGenius.jpg


Mise à jour, 08 juillet 2008 | Des réactions dans la presse aux taux de réussite scolaire :


(Image thématique : Known Failure at the Bird House Blues, par JRart101)


Par ricochet :

Le passage à une économie de la créativité

Corrélation entre l’autodiscipline et la réussite scolaire

Les commissions scolaires sous le couperet

L’agonie des commissions scolaires

Le plaisir de lire se perd : effets sur la réussite scolaire

Libérer les élèves de l’école

Power learners

Conférence de Ken Robinson sur la créativité

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Une réponse

  • Merci pour ces liens et conférences qui ont occupés une bonne partie de ma soirée de ce côté du globe :)
    Je trouve notamment Ken Robinson toujours aussi convainquant « on stage » (ils ont bien de la chance de l’avoir récupéré ces américains).

    Intéressant aussi le concept de « cloud education » (à comparer au « cloud computing » en pleine ascension), finalement tout se passe comme si chaque école voulait encore produire sa propre électricité plutôt que de se concentrer sur l’essentiel:
    http://www.nicholasgcarr.com/bigswitch/



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