La perte de littératie au fil des ans


MrgOldAge.jpgTrop de jeunesse et trop de vieillesse empêchent l’esprit. (Blaise Pascal)

Mon père, qui a 83 ans, demeure un avide lecteur. En plus des journaux (Le Devoir, La Presse, Le Soleil), des magazines (L’Actualité, Macleans, Québec Science) et des livres, il navigue aisément dans Internet. Ses compétences en littératie vont jusqu’à l’écriture. Aussi suis-je toujours un peu étonné que des gens de son âge ne savent plus lire; c’est d’ailleurs l’un de ses regrets à la Maison Paul-Triquet où il réside. Pendant longtemps, j’ignorais qu’une compétence aussi fondamentale pouvait se perdre.

J’ai immédiatement été saisi du graphique ci-dessous, tiré d’une analyse de Statistique Canada (Acquisition et perte de compétences en littératie au cours de la vie; source : Stephen Downes). Je ne soupçonnais pas un déclin si hâtif, ni si rapide, de la capacité à comprendre des textes schématiques, l’un des aspects de la littératie (notons toutefois que l’abscisse ne se situe pas au point zéro de l’ordonnée).

StatsCanLitteratieVieilless.jpg

On notera également que les baby-boomers, pourtant plus scolarisés, ne semblent guère ralentir la perte de littératie. Il sera intéressant, dans une trentaine d’années, de voir si les nouvelles technologies de la communication y auront changé quelque chose.

Si ma lecture des résultats est exacte, L’analyse des données révèle d’ailleurs, que « la pratique d’activités de littératie à la maison et au travail » s’avère un meilleur gage de maintien de la compétence que la scolarité. Dans un autre tableau intéressant, on apprend que les femmes, dès 40 ans, réussissent mieux que les hommes sur ce plan.

Je retiens ici, en guise d’aide-mémoire, la mention de l’analyse de Statistique Canada relativement à la défense des droits parmi les raisons de se préoccuper de la perte de compétences en littératie. Contrairement aux principes de croissance personnelle, de primauté du résidant et d’autodétermination, les administrateurs de la Maison Paul-Triquet et du CHUQ imposent aux résidants le directivisme des normes. De tous les différends, le cas le plus aberrant contre lequel nous avons eu à nous défendre exigeait le retrait d’une petite lampe de bureau. L’état de docilité auquel les patients sont réduits est d’une grande tristesse. Sans la connaissance de ses droits, peut-être mon père n’aurait-il pas accepté de faire appel à un avocat.


(Image thématique : Old Age, par Mu Mrg)


Par ricochet :

La littératie en santé au Canada

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2 réponses

  • Papa, qui complétera sa 87ème année, d’ici un mois, vient tout juste de perdre son permis de conduire ; je sais que c’est vraiment « dur sur son orgueil ». Nos deux Papas, François, sont des « vétérans » ; probablement tout comme le tien aussi, mon Papa a conduit sa famille dans d’énormes V-8 ; néanmoins, pour prendre leur décision, « ils », la SAAQ, je crois, ne l’ont même pas fait conduire ! Entre autres, ils lui ont (vraiment) fait cuire un oeuf et des rôties, tout en commencant l’entrevue en l’insultant, c’est-à-dire en lui disant, tout en feuilletant son dossier comme quelqu’un qui ne l’avait jamais lu, que Papa ne semblait pas très éduqué…

    Je suppose qu’il connaissait l’éducation de mon père, mais que possiblement c’était leur façon de vérifier, en situation parallèle, comme avec les oeufs et les toasts, si Papa pourrait faire de la rage au volant… Bien sûr, « ils » ont eu droit à une explication détaillée de cette éducation mise en doute : l’équivalent de trois baccalauréats universitaires, conclut Papa.

    Papa saurait remplir la paperasse pour demander la révision de la décision d’annuler son permis, mais je sais qu’il aurait d’autres chats à chatouiller, et il semble accepter, quoique difficilement, de se résigner.

    « Dzur, dzur, d’être un Pépé ! »

  • La tyrannie des normes…, je n’en peux plus. Je suis confronté au même béotisme de la part des administrateurs de la résidence où mon père habite, des gens pour qui la norme passe avant le jugement. Quelle lâcheté de s’en prendre ainsi à ceux qui sont pratiquement sans défense. Il faut résister, sachant que notre tour viendra.



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