Le maraudage universitaire


CollisRaider.jpgS’enrôler ou se marier ne se doit point conseiller. (Proverbe espagnol)

En me précipitant à l’arrêt d’autobus ce matin, je balançais sur le sujet à placer sous ma plume. L’air frais et le hasard ont bien fait les choses. Mon attention fut attirée par un panneau sur flanc de l’autobus qui fait la promotion de l’Université d’Ottawa. Cela m’a rappelé une autre campagne publicitaire de l’Université de Moncton. Voyant les étudiants québécois en proie au maraudage des universités limitrophes, il m’est apparu que les universités étendent progressivement leurs tentacules. Et c’est tant mieux… un peu de concurrence stimule la créativité.

Je suis resté accroché à la banalité de l’opération de marketing. Un message comme “L’Université d’Ottawa combine l’excellence en enseignement et la recherche de pointe pour offrir une expérience d’apprentissage unique. La passion du savoir, ça part d’ici!”, ça sonne creux! L’approche de l’Université de Moncton est beaucoup plus dynamique : “Tu as ton diplôme de secondaire 5? Inscris-toi à l’Université de Moncton! Tu es au Cégep? Il ya possibilité de créditer certains cours, informe-toi dès maintenant.”.

En faisant le lien avec les grands défis technologiques du 21e siècle, je me demande comment les universités s’adapteront, entre autres, à la réalité virtuelle. Plutôt que de garder les étudiants captifs d’une faculté, ne serait-il pas plus bénéfique de les laisser choisir leurs cours en sautillant d’une université à une autre pour profiter des meilleurs professeurs? Et puisque le Web abolit les frontières et que les grands enjeux se mondialisent, pourquoi ne pas envisager des diplômes pluriuniversitaires et internationaux?


(Image thématique : Raider, par Amanda Collis)


Par ricochet :

Université ou diversité ?

UBC a adopté les portfolios électroniques

Les TIC pour individualiser les cours universitaires

Des universités canadiennes s’adaptent aux TIC

Les universités aux prises avec la i-génération

Enseigner au futur

La Déclaration de Cape Town pour une éducation libre

Vous pouvez suivre les commentaires en réponse à ce billet avec le RSS 2.0 Vous pouvez laisser une réponse, ou trackback.

3 réponses

  • florence meichel dit :

    Bonsoir François

    En te lisant, je me disais que tu avais « l’itinéraire créatif  » ! :-)

    Je me demande aussi dans quelle mesure la notion de diplome n’est pas a repenser ?

  • Bien que ce ne soit bien sûr pas l’objet central de votre billet, je me permets une remarque au sujet de l’approche de l’Université de Moncton, qui est certes plus dynamique, mais qui ne me semble pas pour autant porteuse d’une attitude très noble de leur part.

    Bien que l’offre réelle de l’Université de Moncton implique quelques autres crédits outre le diplôme du secondaire 5, on peut notamment se questionner sur :
    (1) l’indifférence de cette université à l’égard des acquis durant les deux années d’apprentissages au collégial, ce qui soit dit en passant est une curieuse manière de valoriser l’éducation ;
    (2) le sous-entendu de cette offre, qui implique en quelque sorte une non-reconnaissance que l’on n’a pas le même degré de maturité à 17 ans qu’à 20 ans (et là, je ne parle même pas du fait que c’est aussi en quittant le secondaire pour poursuivre aux études supérieures qu’a lieu, pour plusieurs, le premier départ du nid familial) ;
    (3) le souci pédagogique qui sera manifesté dans les cours : est-ce qu’on enseignera sans considérer l’étudiant, ou bien est-ce qu’on prendra en considération «qui l’étudiant est et d’où il part», ce qui implique une révision de l’enseignement universitaire en prenant en compte qu’il y aura en classe des étudiants avec deux années de moins de formation ;
    (4) la dévaluation éventuelle (ou possible) des diplômes décernés par cette Université. Est-ce qu’à moyen ou long terme on en viendra à considérer que lorsqu’il y a le sceau de cette Université, il s’agit de «diplômes à rabais» ? (Ce qui, d’ailleurs, pourrait aussi éclabousser les étudiants qui s’y sont inscrits sans passer par le «raccourci».)

    À tout le moins, il me semble que ces questions se posent.

    Il me semble qu’on peut aussi y voir un exemple des risques de dérapages dans la course aux étudiants-clients, tout particulièrement lorsqu’on est dans un contexte où les établissements sont (sous-)financés «par tête de pipe» et qu’il y a baisse démographique. Ce qui, d’ailleurs, soulève la question de l’importance des gardes-fous, du moins si on considère que la «formation» d’un être est plus que «l’information»…

    Personnellement, j’aurais bien des réticences à conseiller à un étudiant dont je respecte l’intelligence de s’inscrire dans une telle Institution (si ce mot a encore un sens…).

    Cordialement,
    Patrice Létourneau

  • Tu poses effectivement des questions très pertinentes, Patrice. Pour ma part, je suis très sympathique aux 2e et 3e considérations.

    Personnellement, je crois que l’éducation évoluera vers l’individualisation des apprentissages. En vertu de l’habilitation des étudiants, les universités perdront peu à peu leur autorité sur la formation des étudiants. Je crois que nous assistons actuellement à une période transitoire vers un profond bouleversement.

    Puisqu’il est question d’ignominie, je trouve bien plus odieuses les stratégies de marketing déployées par les universités pour attirer les étudiants, sans égard pour leurs prédispositions.



Laisser un commentaire à Patrice Létourneau

*