Le cerveau et la lecture


LichtensteinNudeReading.jpgLa vertu paradoxale de la lecture est de nous abstraire du monde pour lui trouver un sens. (Daniel Pennac)

Ce n’est jamais de bon augure quand les politiciens se mêlent de pédagogie. Ils ont le don de jeter de l’huile sur le feu. Espérons que la déclaration de Mario Dumont en faveur de l’approche syllabique en lecture (La Presse : Français: les profs veulent plus d’autonomie) n’attisera pas la querelle comme cela a été le cas en France. Les Américains aussi s’y empêtrent (New York Times : In War Over Teaching Reading, a U.S.-Local Clash). Afin de tempérer le débat, peut-être y a-t-il lieu de regarder du côté des sciences du cerveau. À ce sujet, Brain Connection présente un dossier de plusieurs articles bien documentés.


(Image thématique : Nude Series: Nude Reading, par Roy Lichtenstein)


Par ricochet :

Étude : les logiciels de lecture peu efficaces

Lecture : les caractéristiques d’un enseignant efficace

La lecture bombarde le cerveau

Compétences en lecture, décrochage et suicide

Neuroscience et développement de la lecture

Méthodes de lecture : l’union fait la force

La lecture dans un monde numérique


Dernière heure: le rapport Ouellon sur l’écriture (Blogue du RAEQ)

Rectificatif.: « Mieux soutenir le développement de la compétence à écrire» (Blogue du RAEQ)

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7 réponses

  • Michel le neuf dit :

    Bonjour François !

    Mario Dumont ne sait pas de quoi il parle quand il parle d’approche syllabique et pas plus que les profs de moins de 50 ans. Les approches syllabiques ont été à toute fin pratique éradiquées du paysage scolaire québécois. On ne les enseigne plus à l’université depuis belle lurette et ne sont plus prises en compte par le MELS depuis une éternité quand il produit pour les maisons d’édition ses devis de production de matériel didactique.

    Par ailleurs, l’approche syllabique n’est pas une méthode universelle d’apprentissage de la lecture.Je suis de ceux qui prêchent davantage pour une approche équilibrée.

    Cependant, j’estime que le décodage doit être l’entrée privilégiée en début d’apprentissage. Je parle des premiers mois. Et là dessus, il me semble que les résultats de recherche sont assez clairs. Je pense notamment à la méta-analyse réalisée par le National Reading Panel. Tiens, et encore, je suis allé jeter un coup d’oeil sur les liens que tu nous indiques:

    « Decoding is Crucial for Reading
    In order to read proficiently, the student must be able to decode with accuracy and fluency. This has been upheld time and again by substantial research. »

    Tu sais François, la ministre aurait dû privilégier un plan d’action sur l’apprentissage de la lecture dès l’entrée à l’école.

  • michel le neuf dit :

    Excuse François, c’est encore moi… J’avais oublié de te dire: je suis tout à fait d’accord qu’il faille respecter l’autonomie professionnele des enseignants et que les méthodes sont de l’ordre des moyens et qu’une ministre n’a pas à s’immiscer là-dedans. Mais partant du fait qu’on a éradiqué du paysage les approches syllabiques et qu’elles ne sont pas enseignées à l’Université et qu’en plus, il n’existe à peu près aucun matériel disponible sur le marché… les profs, ils vont pouvoir choisir comment ????? Je sais, il y aura des gens pour me répondre que, ben oui on en fait « du » syllabique en classe… Ben sûr, fier de dire qu’on fait du syllabique comme Monsieur Jourdain était fier de dire qu’il était capable de parler en prose?

  • michel le neuf dit :

    J’suis presque gêné de revenir, mais juste pour te signaler que j’avais déjà traité le sujet dans un précédent billet, juste au moment où on apprenait que la Table de pilotage du renouveau pédagogique recommandait au ministre du temps de réunir un groupe d’experts pour traiter de la question du français…

    http://carnets.opossum.ca/LeNeuf/archives/2006/08/lire_pas_simple.html

  • Mais c’est qu’il ne faut pas être gêné de tant de commentaires intéressants! Comme j’enseigne au secondaire et que j’ai moi-même appris à lire par la méthode syllabique, je ne suis pas un spécialiste de la méthode globale. Merci donc de tous ces éclaircissements.

    En réfléchissant à ces commentaires, je me suis demandé si la lecture parentale et l’émerveillement du livre en bas âge, cette rafale de stimuli visuels et sonores où l’enfant apparie sons, images et symboles alphabétiques, ne sont pas plus garante de l’habileté à lire que les chicanes de méthode.

  • A découvrir : ce site que je trouve étonnant pour l’apprentissage de l’anglais des petits…tout y est : le son, l’image, le mot écrit…et même le sourire…avec papa ou maman à côté, c’est surement une façon d’apprendre intéressante ! :-)

    http://www.kindersay.com/?gclid=

  • michel le neuf dit :

    « En réfléchissant à ces commentaires, je me suis demandé si la lecture parentale et l’émerveillement du livre en bas âge, cette rafale de stimuli visuels et sonores où l’enfant apparie sons, images et symboles alphabétiques, ne sont pas plus garante de l’habileté à lire que les chicanes de méthode »

    Tu as en partie raison François. Il existe des programmes actuellement, particulièrement dans les milieux défavorisés, où on travaille à l’éveil à la lecture chez les 0-5 ans. Je pense aux programmmes ÉLÉ (éveil à la lecture et l’écriture) et LÉA (lire et écrire à la maison). Deux programmes qui mettent à contribution, non seulement l’école, mais aussi des partenaires issus de la communauté.

    On estime qu’un enfant de milieu défavorisé arrive à l’école à 5 ans avec environ 2000 heures de moins de contacts avec le monde l’écrit qu’un enfant issu de milieu plus aisé. Deux milles heures où ces enfants n’auront pas bénéficié de « lecture parentale et d’émerveillement du livre en bas âge , cette rafale de stimuli visuels et sonores où l’enfant apparie sons, images et symboles alphabétiques ».

    Pour ceux-là, c’est en tout cas ce que rapporte la recherche sur le sujet, il est extrêmement profitable d’intégrer l’apprentissage du décodage dans les premières semaines et les premiers mois d’école.

  • Au-delà de nos préférences ou croyances concernant les méthodes d’apprentissages de la lecture, il importe de mentionner qu’apprendre à lire repose sur deux voies d’accès, soit la voie d’assemblage et la voie d’adressage. Par assemblage, on fait référence ici à assembler des phonèmes qui deviennent des syllabes, des syllabes qui deviennent des mots. Pour adressage, ceci fait référence à l’image que nous faisons d’un mot.

    Les deux voies sont nécessaires. À elle seule, la méthode syllabique rend difficile le décodage des mots femme, temps, monsieur. D’autre part, il est inutile de stocker jupe, robe, joli, mouton, lave dans la mémoire d’adressage.

    Or, il faut donc constater que le cerveau a besoin de ces deux voies, et surtout, que chaque apprenant a une préférence, une prédisposition pour une de ces voies. Restreindre l’apprentissage à une seule méthode est de choisir de nuire à la moitié du groupe.

    Je seconde Michel Le neuf pour l’aspect litératie. La famille devient un acteur important. C’est elle qui donne la valeur au développement de compétence de lecteur. Chaque année, un des beaux moments de classe, est lorsque les parents viennent pour les ateliers LÉA. Enfants assis sur les genoux de leur parent, ils tentent de décoder des mots, réussissent à lire des phrases, font des erreurs, sourient, se font entrelacer par des bras chaleureux… hum! c’est quand même ça apprendre à lire!



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