Repenser l'architecture des écoles


PasmoreEcologyMind.jpgL’architecte doit se rendre le metteur en oeuvre de la nature. (Étienne-Louis Boullée)

Dans les faits, plusieurs iniquités discriminent l’éducation scolaire des enfants. Aux disparités entre l’école publique et privée, aux programmes à admission sélective et, surtout, aux différences issues des milieux socioéconomiques, il faut ajouter l’état des infrastructures. L’environnement physique a un impact certain sur l’apprentissage et le comportement. L’exiguïté, la vétusté et le manque de lumière naturelle ont tous des conséquences psychologiques.

J’ai immédiatement été saisi, dans cet exemple d’une école finlandaise, de la largeur des baies vitrées pour laisser entrer le plus de lumière hivernale.

Il y a aussi l’importante question de l’environnement. En Angleterre, le secrétaire à l’Éducation veut que les nouvelles écoles soient neutres en émission de carbone (BBC : Carbon neutral new schools plan). Le Québec n’est pas en reste, notamment avec l’admirable projet d’une école verte dans la ville de Québec (Le Soleil : Une école verte à Limoilou).

eSchool News rapporte que les écoles vertes ne sont pas seulement économiques à long terme, mais qu’elles améliorent la réussite scolaire (Green school buildings making a surge). Les écoles plus saines réduisent effectivement le taux d’absentéisme, contribuant ainsi aux apprentissages. Mais plus important encore que la réussite aux examens, les écoles vertes sensibilisent les élèves à la citoyenneté et au respect de la nature.

Au moment où le gouvernement s’apprête à investir des milliards de dollars pour retaper les infrastructures décrépites de la province, dont les écoles, l’occasion se prête merveilleusement à la modernisation des environnements d’apprentissages. Il ne s’agit pas seulement de rafistoler, mais de repenser. Les temps ont tellement évolué depuis la dernière vague de construction que le gouvernement doit mettre sur pied une équipe d’architectes, de scientifiques et de pédagogues pour concevoir une nouvelle génération d’écoles.

Entre autres, les nouvelles écoles doivent répondre aux besoins de l’ère actuelle :

    • écologie : d’une part par souci de préservation de l’environnement, d’autre part pour éduquer les jeunes à une conscience écologique; la technologie dans ce domaine progresse à un rythme encourageant, et c’est un domaine d’expertise scientifique et industrielle dans un climat nordique où le Québec a tout à gagner (voir le mouvement Build Green Schools);

    • santé : en plus de considérations psychologiques et médicales relativement à la qualité de vie, l’épidémie d’obésité nous oblige à concevoir des écoles où les élèves bougent davantage (Mayo Clinic : Classroom of the Future);

    • méthodes pédagogiques : idéalement, l’environnement doit s’adapter aux méthodes d’enseignement et non l’inverse; les méthodes ont considérablement évolué ces dernières années, mais sont contraintes par des environnements désuets; comme beaucoup d’enseignants, je suis d’avis que nos écoles limitent les possibilités pédagogiques (BBC : School design ‘hampers teaching’);

    • nouvelles technologies : les nouvelles écoles doivent être conçues en fonction de l’évolution des nouvelles technologies de la communication; elles doivent avoir la souplesse accommoder le sans-fil, la mobilité, l’autonomie, la collaboration, le blended learning, etc. (Educause : Learning Spaces).

L’avenir de l’architecture réside dans la convergence de la créativité, la technologie et l’écologie. Cette expertise sera d’ailleurs grandement exportable. Mais pensons d’abord à nos enfants. Pour reprendre la métaphore de l’éclosion d’un bourgeon, si chère à l’éducation, l’architecte doit aussi se faire jardinier.


(Image thématique : For an Ecology of the Mind, par Victor Pasmore)


Par ricochet :

Écoles vertes

Les écoles en tant que facteur d’obésité

Les écoles : un milieu malsain

Repenser les environnements d’apprentissage

Les écoles de Montréal se conforment à Kyoto

Les classes en tant que boîtes à sardines

Faire des élèves les architectes de la classe

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4 réponses

  • florence meichel dit :

    Tant qu’à faire : il y architecture externe et architecture interne : le mobilier aussi a son importance…j’ai été frappée par les établissements que fréquentent mes filles en Angleterre…les paillasses de sciences par exemple forment des cercles pour favoriser la coopération des élèves….rien à voir avec les paillasses linéaires habituelles

  • Chantal dit :

    Que font les écoles pour attirer et conserver leur clientèle ? Elles investissent dans les équipements sportifs visibles tels les terrains de football synthétiques. J’ai rarement entendu un parent critiquer la qualité des chaises et des bureaux, la luminosité ou la médiocre qualité de l’air.

    Pourtant, c’est vrai que les infrastructures scolaires laissent à désirer. Quelle ne fut pas ma surprise en septembre dernier, lors de la visite des professeurs (secondaire I et II, École secondaire De Rochebelle, option PEI), de constater dans la classe de mathématique que certains néons étaient défectueux et que la lumière diffusée vibrait continuellement. J’étais incapable de me concentrer parce que mon attention était dirigée vers cet éclairage agressant. Imaginez l’enfant qui, jour après jour, doit subit cet éclairage défectueux. C’est un cas parmi tant d’autres.

  • L’architecture intérieure d’une école est en effet plus importante que l’apparence extérieure. C’est un sujet qui m’est cher et que j’ai déjà abordé, entre autres dans ce billet sur les environnements d’apprentissage.

    Chantal attire mon attention sur un aspect intéressant de la vétusté de mon école, à savoir que de menus problèmes peuvent nuire à la pensée. C’est un phénomène auquel on finit par s’habituer à la longue, mais sans trop savoir s’ils ne nous incommodent pas inconsciemment. Il arrive malheureusement un stade d’abandon, dans les lieux décrépits sans ressources, où on ne s’occupe plus que du plus urgent.



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